6/11/2023
DALL-E : j’ai testé pour vous, mon analyse paradoxale
Par Iris Cholvin
Crédit photo : Iris Cholvin (généré par l'IA)
Petite, je m’amusais à décalquer mes dessins préférés pour me les approprier. Mes œuvres plagiées recevaient une pluie d’éloges, jusqu’à ce que j’avoue l’inavouable… il ne s’agissait que de pâles copies, mes mains maladroites n’étant pas capables de réaliser un tel exploit. En grandissant, ma passion pour l’art ne s’est pas amenuisée d’un petit pois. Bien au contraire : mon manque de talent rendait celui des autres encore plus mirobolant.
Alors, quelle ne fut pas ma joie lorsque j’appris l’arrivée de DALL-E, une intelligence artificielle gratuite capable de créer des images sur commande. Une association savante entre le génie artistique de <link-text>Salvador Dalí<link-text> et la puissance technologique de WALL-E. Pour l’utiliser, je n’avais qu’à écrire un script, c’est-à-dire une description précise de ce que je souhaitais « créer ». Maniant les mots et les courants artistiques aux antipodes des pinceaux, j’avais l’impression de décrocher un pass VIP pour la caverne d’Ali Baba. Mais une caverne capable d’évoluer au gré de mes humeurs, de mes goûts et de mes envies.
J’ai commencé à taper mon souhait dans la barre de recherche. Surexcitée, je vis apparaître quatre résultats plutôt bons, quoi que mitigés – les portraits ressemblaient à de mauvaises caricatures. Mais tous les résultats étaient surprenants. J’affinais mon script, testais, modifiais. L’IA était en libre accès, autant en profiter ! Et à chaque fois, j’éprouvais la même euphorie en cliquant sur « créer ». Les quelques secondes d’attente, le suspens, une étrange adrénaline, qui laissait place à la découverte des résultats improbables, immondes ou sublimes. Pendant plusieurs jours, j’y passais des heures. J’étais devenue accro en trois clics. Complètement asservie.
Et puis, j’ai commencé à m’informer sur l’intelligence artificielle, les droits d’auteur des artistes, les prévisions futures. Même si nous n’avons pour l’instant aucune certitude, de nombreux expert.e.s annoncent que l’IA, risque de mettre deux tiers de la population au chômage. Environ 65% d’entre nous. Art, médecine, écriture, informatique, droit, cinéma… Impossible d’énumérer tous les corps de métiers, tant ils sont nombreux.
Alors oui, ça peut paraître idiot. De la même façon que mon petit compost n’aura jamais le pouvoir de refertiliser tous les sols du monde, mon boycott de DALL-E ne changera rien au tsunami planétaire qui nous attend. Mais notre temps est précieux et je pense pouvoir lui faire plus honneur ailleurs. Je suis née droitière avec deux mains gauches, c’est comme ça. J’accepte mon absence de talent, je laisse les génies créatifs faire leur travail. Et ce n’est pas grave, parce que je peux encore utiliser mes jambes et ma tête pour glorifier, poétiser, embellir un monde qui, derrière ses feux et flammes, demeure merveilleux.
6/11/2023
DALL-E : j’ai testé pour vous, mon analyse paradoxale
Par Iris Cholvin
Crédit photo : Iris Cholvin (généré par l'IA)
Petite, je m’amusais à décalquer mes dessins préférés pour me les approprier. Mes œuvres plagiées recevaient une pluie d’éloges, jusqu’à ce que j’avoue l’inavouable… il ne s’agissait que de pâles copies, mes mains maladroites n’étant pas capables de réaliser un tel exploit. En grandissant, ma passion pour l’art ne s’est pas amenuisée d’un petit pois. Bien au contraire : mon manque de talent rendait celui des autres encore plus mirobolant.
Alors, quelle ne fut pas ma joie lorsque j’appris l’arrivée de DALL-E, une intelligence artificielle gratuite capable de créer des images sur commande. Une association savante entre le génie artistique de <link-text>Salvador Dalí<link-text> et la puissance technologique de WALL-E. Pour l’utiliser, je n’avais qu’à écrire un script, c’est-à-dire une description précise de ce que je souhaitais « créer ». Maniant les mots et les courants artistiques aux antipodes des pinceaux, j’avais l’impression de décrocher un pass VIP pour la caverne d’Ali Baba. Mais une caverne capable d’évoluer au gré de mes humeurs, de mes goûts et de mes envies.
J’ai commencé à taper mon souhait dans la barre de recherche. Surexcitée, je vis apparaître quatre résultats plutôt bons, quoi que mitigés – les portraits ressemblaient à de mauvaises caricatures. Mais tous les résultats étaient surprenants. J’affinais mon script, testais, modifiais. L’IA était en libre accès, autant en profiter ! Et à chaque fois, j’éprouvais la même euphorie en cliquant sur « créer ». Les quelques secondes d’attente, le suspens, une étrange adrénaline, qui laissait place à la découverte des résultats improbables, immondes ou sublimes. Pendant plusieurs jours, j’y passais des heures. J’étais devenue accro en trois clics. Complètement asservie.
Et puis, j’ai commencé à m’informer sur l’intelligence artificielle, les droits d’auteur des artistes, les prévisions futures. Même si nous n’avons pour l’instant aucune certitude, de nombreux expert.e.s annoncent que l’IA, risque de mettre deux tiers de la population au chômage. Environ 65% d’entre nous. Art, médecine, écriture, informatique, droit, cinéma… Impossible d’énumérer tous les corps de métiers, tant ils sont nombreux.
Alors oui, ça peut paraître idiot. De la même façon que mon petit compost n’aura jamais le pouvoir de refertiliser tous les sols du monde, mon boycott de DALL-E ne changera rien au tsunami planétaire qui nous attend. Mais notre temps est précieux et je pense pouvoir lui faire plus honneur ailleurs. Je suis née droitière avec deux mains gauches, c’est comme ça. J’accepte mon absence de talent, je laisse les génies créatifs faire leur travail. Et ce n’est pas grave, parce que je peux encore utiliser mes jambes et ma tête pour glorifier, poétiser, embellir un monde qui, derrière ses feux et flammes, demeure merveilleux.