MODE

Met Gala : le "Gilded Age" d'un glamour hypocrite ?

13/5/2022
Par Clément Rigaud

Crédit photo : <link-credit-black>Amber Asaly<link-credit-black> . Une robe Paco Rabanne par Julien Dossena - modele : Sabrina Carpenter

Faire passer la souris sur les mots cachés pour les lire
13/5/2022

Met Gala : le "Gilded Age" d'un glamour hypocrite ?

Par Clément Rigaud

Crédit photo : <link-credit-black>Amber Asaly<link-credit-black> . Une robe Paco Rabanne par Julien Dossena - modele : Sabrina Carpenter

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C’est un non si subtil mélange entre extravagance, glamour, et célébrité. C’est la polémique du régime de Kim Kardashian pour rentrer dans la robe de Marilyn Monroe ; un <link-text>défilé de mode<link-text> unique à la symbolique parfois douteuse ; le festival de Cannes version américaine, bref, c’est le monde merveilleux du Met Gala qui avait lieu ce lundi 2 mai, un événement à la hauteur de son effervescence et qui questionne tout de même pas mal de choses coté art et histoire. Qu’est-ce ? À quoi ça sert ? Et pourquoi est-il parfois si controversé ? On vous dévoile quelques éléments de réponse pour vous saisir un peu mieux de l’inaccessible.

Le Met Gala, c’est surtout une soirée, celle de Madame Wintour. Et dans un monde qui transpire image et influence, elle est peut être la plus grande, la plus importante, parce qu’elle est la directrice artistique du géant Condé Nast. Le groupe détient certains des titres les plus célèbres de la presse américaine et mondiale tels que The New Yorker, Vogue, ou GQ. Le Met Gala est ainsi organisé depuis 1995 par Anna Wintour, aussi rédactrice en chef de l’édition américaine de Vogue. Et parce que c’est une science complexe que de savoir qui inviter pour faire influer la magie de son gala, il n’y a qu’elle qui est en charge de la liste des invités, personne d’autre. Les noms sont d’ailleurs gardés secrets jusqu’au soir même.

L’événement est fondé en 1948 pour financer le département mode du Metropolitan Museum of Art de New York ; l'un des plus grands musées d'art au monde. La mode n’est pas encore considérée comme un art légitime et n’est donc pas financée à cette époque. C’est Eleanor Lambert - journaliste de mode renommée - qui imagine un gala annuel de collecte de fonds au profit de l'Institut du costume, nouvellement fondé. Aujourd’hui encore, le gala permet de soutenir ce seul département du musée qui doit s’autofinancer. Cette soirée était longtemps réservée à la haute société new-yorkaise. C’est en 1995 lorsque Wintour reprend l’organisation, qu’elle popularise l’événement en l’ouvrant à l’ère des réseaux sociaux et des peoples.

Aujourd’hui, il s'agit avant tout d'un événement de mode, peut-être le plus important. Il est ainsi célèbre pour <link-text>les tenues impressionnantes<link-text> des plus grandes maisons de couture du monde ; au mieux aussi incroyables que les looks de la Fashion Week, parfois encore plus somptueuses et intelligentes. Pour la plupart des invités, ce sont d’ailleurs les marques qui paieront les quelque 30 000 dollars d’entrée et|ou les 200 000 à 300 000 dollars pour une table.

Cette année, le thème de la soirée "Gided Glamour, white tie" fait référence au Gilded Age, la "période dorée" de la fin du XIX siècle aux États-Unis.

Gilded Age

En France on parle de la Belle Époque, aux États-Unis de Gilded Age. C’était l’émergence de la puissance américaine comme nous la connaissons aujourd’hui. Une époque d’énormes bouleversements économiques et techniques. Elle prend appui sur les évolutions apportées par la seconde révolution industrielle dès 1870 et jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale. Dans <link-text>Inspiration<link-text>, on parlait de <link-text>logements sociaux en Allemagne<link-text> et bien, c’est ce schéma plus ou moins semblable de l’industrialisation du monde moderne qui se répète dans l’histoire de ces grandes puissances mondiales, des états influents d’Europe et jusqu’au nord des États-Unis. Alors vous voyez le tableau : révolution ferroviaire, gratte ciel, électricité, automobile, de riches entreprises familiales et investisseurs qui font fortune dans le pétrole, l’acier ou le charbon. Et alors que les États-Unis, en 1865, étaient encore largement ruraux et peu densément peuplés, ils deviennent un géant industriel et démographique dès le début du XX siècle. En quelques quarante ans, le Produit national brut (PNB) est multiplé par six, bref, c’est un monde nouveau fait de bouleversements.

Fifth Avenue and 33rd Street (Detroit Publishing Company)

Violences et disparités

Si pour beaucoup, il s’agit du point culminant de cet American Dream fantasmé, il n’y a pas eu que des bons côtés. C’est l’héritage du romantisme de Victor Hugo, la Comédie humaine de Balzac, Maupassant et le naturalisme de Zola. C’est encore la satire de Flaubert ou de Mark Twain et son roman qui donna son nom à l’époque dorée ; ce sont les paysages sombres, crus, les inégalités et la pauvreté des classes ouvrières, le réalisme comme nous l’apprenions en français, celui qui témoigne durement mais sûrement des mauvaises tendances de ces évolutions.

Aux États-Unis, la fracture n’avait jamais été aussi flagrante : les 2% des plus riches détenaient plus d’un tiers de la richesse tandis que la majorité de la classe ouvrière, elle, était en dessous du seuil de pauvreté. Et le Gilded Age, c’est surtout l’ère des grands investisseurs qui accumulent des fortunes folles comme ça n’avait jamais eu lieu jusque là. Le contexte amène à la corruption, au capitalisme sauvage et tandis que la fin du régime esclavagiste des États du Sud était proclamée, de nombreux hommes d’affaires réinventaient l’exploitation de la classe ouvrière. Contrôle des ressources nationales, influence sur les hauts fonctionnaires, paiement de salaires extrêmement bas, écrasement de la concurrence pour créer des monopoles sur le marcher et pousser les prix à la hausse ainsi que la spéculation qui amènera aux grandes crises boursières, bref, les « barons voleurs » - comme aime les appeler la critique sociale - montraient l’abjection d’une époque que le Met Gala ne cherchait vraisemblablement pas à suggérer. 

Et ce monde - plus si glamour - soufrait aussi du revers de médaille de sa croissance démographique. Les villes industrielles n’ont pas prévu une évolution si rapide et les logements étant limités, de nombreuses familles se sont retrouvées dans une grande précarité, à la rue, sans électricité ni chauffage.

Les grèves se sont multipliées dans le pays et la lutte des différents mouvements ouvriers - en France comme aux États-Unis - pouvait être d’une extrême violence. La fête du Premier mai devient d’ailleurs une journée de célébration des combats des travailleurs et des travailleuses, notamment en mémoire du massacre de Haymarket Square à Chicago. Au même moment, alors que les droits constitutionnels des Afro-américains venaient d’être appliqués - au lendemain de la guerre de Sécession - le Ku Klux Klan ou KKK est fondé, en 1866. Le groupe commettra assassinats, attentats, viols, tortures, enlèvements et incendies d'écoles et d'églises afro-américaines et participa largement aux violences raciales de l’époque.


Ainsi, le Met Gala ne serait-il que l’insouciance ou cet héritage maintenant bien ancré à l’hypocrisie capitaliste ? Néanmoins, il est sûr, lorsque l’on repense aux paillettes et au tapis rouge, plus rien n'a vraiment de sens. 

13/5/2022

Met Gala : le "Gilded Age" d'un glamour hypocrite ?

Par Clément Rigaud

Crédit photo : <link-credit-black>Amber Asaly<link-credit-black> . Une robe Paco Rabanne par Julien Dossena - modele : Sabrina Carpenter

MODE

Met Gala : le "Gilded Age" d'un glamour hypocrite ?

13/5/2022
Par Clément Rigaud

Crédit photo : <link-credit-black>Amber Asaly<link-credit-black> . Une robe Paco Rabanne par Julien Dossena - modele : Sabrina Carpenter

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Met Gala : le "Gilded Age" d'un glamour hypocrite ?

13/5/2022
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Crédit photo : <link-credit-black>Amber Asaly<link-credit-black> . Une robe Paco Rabanne par Julien Dossena - modele : Sabrina Carpenter

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Met Gala : le "Gilded Age" d'un glamour hypocrite ?

8/2/2024
Par Clément Rigaud

Crédit photo : <link-credit-black>Amber Asaly<link-credit-black> . Une robe Paco Rabanne par Julien Dossena - modele : Sabrina Carpenter

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C’est un non si subtil mélange entre extravagance, glamour, et célébrité. C’est la polémique du régime de Kim Kardashian pour rentrer dans la robe de Marilyn Monroe ; un <link-text>défilé de mode<link-text> unique à la symbolique parfois douteuse ; le festival de Cannes version américaine, bref, c’est le monde merveilleux du Met Gala qui avait lieu ce lundi 2 mai, un événement à la hauteur de son effervescence et qui questionne tout de même pas mal de choses coté art et histoire. Qu’est-ce ? À quoi ça sert ? Et pourquoi est-il parfois si controversé ? On vous dévoile quelques éléments de réponse pour vous saisir un peu mieux de l’inaccessible.

Le Met Gala, c’est surtout une soirée, celle de Madame Wintour. Et dans un monde qui transpire image et influence, elle est peut être la plus grande, la plus importante, parce qu’elle est la directrice artistique du géant Condé Nast. Le groupe détient certains des titres les plus célèbres de la presse américaine et mondiale tels que The New Yorker, Vogue, ou GQ. Le Met Gala est ainsi organisé depuis 1995 par Anna Wintour, aussi rédactrice en chef de l’édition américaine de Vogue. Et parce que c’est une science complexe que de savoir qui inviter pour faire influer la magie de son gala, il n’y a qu’elle qui est en charge de la liste des invités, personne d’autre. Les noms sont d’ailleurs gardés secrets jusqu’au soir même.

C’est un non si subtil mélange entre extravagance, glamour, et célébrité. C’est la polémique du régime de Kim Kardashian pour rentrer dans la robe de Marilyn Monroe ; un <link-text>défilé de mode<link-text> unique à la symbolique parfois douteuse ; le festival de Cannes version américaine, bref, c’est le monde merveilleux du Met Gala qui avait lieu ce lundi 2 mai, un événement à la hauteur de son effervescence et qui questionne tout de même pas mal de choses coté art et histoire. Qu’est-ce ? À quoi ça sert ? Et pourquoi est-il parfois si controversé ? On vous dévoile quelques éléments de réponse pour vous saisir un peu mieux de l’inaccessible.

Le Met Gala, c’est surtout une soirée, celle de Madame Wintour. Et dans un monde qui transpire image et influence, elle est peut être la plus grande, la plus importante, parce qu’elle est la directrice artistique du géant Condé Nast. Le groupe détient certains des titres les plus célèbres de la presse américaine et mondiale tels que The New Yorker, Vogue, ou GQ. Le Met Gala est ainsi organisé depuis 1995 par Anna Wintour, aussi rédactrice en chef de l’édition américaine de Vogue. Et parce que c’est une science complexe que de savoir qui inviter pour faire influer la magie de son gala, il n’y a qu’elle qui est en charge de la liste des invités, personne d’autre. Les noms sont d’ailleurs gardés secrets jusqu’au soir même.

L’événement est fondé en 1948 pour financer le département mode du Metropolitan Museum of Art de New York ; l'un des plus grands musées d'art au monde. La mode n’est pas encore considérée comme un art légitime et n’est donc pas financée à cette époque. C’est Eleanor Lambert - journaliste de mode renommée - qui imagine un gala annuel de collecte de fonds au profit de l'Institut du costume, nouvellement fondé. Aujourd’hui encore, le gala permet de soutenir ce seul département du musée qui doit s’autofinancer. Cette soirée était longtemps réservée à la haute société new-yorkaise. C’est en 1995 lorsque Wintour reprend l’organisation, qu’elle popularise l’événement en l’ouvrant à l’ère des réseaux sociaux et des peoples.

Aujourd’hui, il s'agit avant tout d'un événement de mode, peut-être le plus important. Il est ainsi célèbre pour <link-text>les tenues impressionnantes<link-text> des plus grandes maisons de couture du monde ; au mieux aussi incroyables que les looks de la Fashion Week, parfois encore plus somptueuses et intelligentes. Pour la plupart des invités, ce sont d’ailleurs les marques qui paieront les quelque 30 000 dollars d’entrée et|ou les 200 000 à 300 000 dollars pour une table.

Cette année, le thème de la soirée "Gided Glamour, white tie" fait référence au Gilded Age, la "période dorée" de la fin du XIX siècle aux États-Unis.

Gilded Age

En France on parle de la Belle Époque, aux États-Unis de Gilded Age. C’était l’émergence de la puissance américaine comme nous la connaissons aujourd’hui. Une époque d’énormes bouleversements économiques et techniques. Elle prend appui sur les évolutions apportées par la seconde révolution industrielle dès 1870 et jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale. Dans <link-text>Inspiration<link-text>, on parlait de <link-text>logements sociaux en Allemagne<link-text> et bien, c’est ce schéma plus ou moins semblable de l’industrialisation du monde moderne qui se répète dans l’histoire de ces grandes puissances mondiales, des états influents d’Europe et jusqu’au nord des États-Unis. Alors vous voyez le tableau : révolution ferroviaire, gratte ciel, électricité, automobile, de riches entreprises familiales et investisseurs qui font fortune dans le pétrole, l’acier ou le charbon. Et alors que les États-Unis, en 1865, étaient encore largement ruraux et peu densément peuplés, ils deviennent un géant industriel et démographique dès le début du XX siècle. En quelques quarante ans, le Produit national brut (PNB) est multiplé par six, bref, c’est un monde nouveau fait de bouleversements.

Fifth Avenue and 33rd Street (Detroit Publishing Company)

Violences et disparités

Si pour beaucoup, il s’agit du point culminant de cet American Dream fantasmé, il n’y a pas eu que des bons côtés. C’est l’héritage du romantisme de Victor Hugo, la Comédie humaine de Balzac, Maupassant et le naturalisme de Zola. C’est encore la satire de Flaubert ou de Mark Twain et son roman qui donna son nom à l’époque dorée ; ce sont les paysages sombres, crus, les inégalités et la pauvreté des classes ouvrières, le réalisme comme nous l’apprenions en français, celui qui témoigne durement mais sûrement des mauvaises tendances de ces évolutions.

Aux États-Unis, la fracture n’avait jamais été aussi flagrante : les 2% des plus riches détenaient plus d’un tiers de la richesse tandis que la majorité de la classe ouvrière, elle, était en dessous du seuil de pauvreté. Et le Gilded Age, c’est surtout l’ère des grands investisseurs qui accumulent des fortunes folles comme ça n’avait jamais eu lieu jusque là. Le contexte amène à la corruption, au capitalisme sauvage et tandis que la fin du régime esclavagiste des États du Sud était proclamée, de nombreux hommes d’affaires réinventaient l’exploitation de la classe ouvrière. Contrôle des ressources nationales, influence sur les hauts fonctionnaires, paiement de salaires extrêmement bas, écrasement de la concurrence pour créer des monopoles sur le marcher et pousser les prix à la hausse ainsi que la spéculation qui amènera aux grandes crises boursières, bref, les « barons voleurs » - comme aime les appeler la critique sociale - montraient l’abjection d’une époque que le Met Gala ne cherchait vraisemblablement pas à suggérer. 

Et ce monde - plus si glamour - soufrait aussi du revers de médaille de sa croissance démographique. Les villes industrielles n’ont pas prévu une évolution si rapide et les logements étant limités, de nombreuses familles se sont retrouvées dans une grande précarité, à la rue, sans électricité ni chauffage.

Les grèves se sont multipliées dans le pays et la lutte des différents mouvements ouvriers - en France comme aux États-Unis - pouvait être d’une extrême violence. La fête du Premier mai devient d’ailleurs une journée de célébration des combats des travailleurs et des travailleuses, notamment en mémoire du massacre de Haymarket Square à Chicago. Au même moment, alors que les droits constitutionnels des Afro-américains venaient d’être appliqués - au lendemain de la guerre de Sécession - le Ku Klux Klan ou KKK est fondé, en 1866. Le groupe commettra assassinats, attentats, viols, tortures, enlèvements et incendies d'écoles et d'églises afro-américaines et participa largement aux violences raciales de l’époque.


Ainsi, le Met Gala ne serait-il que l’insouciance ou cet héritage maintenant bien ancré à l’hypocrisie capitaliste ? Néanmoins, il est sûr, lorsque l’on repense aux paillettes et au tapis rouge, plus rien n'a vraiment de sens. 

Gilded Age

En France on parle de la Belle Époque, aux États-Unis de Gilded Age. C’était l’émergence de la puissance américaine comme nous la connaissons aujourd’hui. Une époque d’énormes bouleversements économiques et techniques. Elle prend appui sur les évolutions apportées par la seconde révolution industrielle dès 1870 et jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale. Dans <link-text>Inspiration<link-text>, on parlait de <link-text>logements sociaux en Allemagne<link-text> et bien, c’est ce schéma plus ou moins semblable de l’industrialisation du monde moderne qui se répète dans l’histoire de ces grandes puissances mondiales, des états influents d’Europe et jusqu’au nord des États-Unis. Alors vous voyez le tableau : révolution ferroviaire, gratte ciel, électricité, automobile, de riches entreprises familiales et investisseurs qui font fortune dans le pétrole, l’acier ou le charbon. Et alors que les États-Unis, en 1865, étaient encore largement ruraux et peu densément peuplés, ils deviennent un géant industriel et démographique dès le début du XX siècle. En quelques quarante ans, le Produit national brut (PNB) est multiplé par six, bref, c’est un monde nouveau fait de bouleversements.

Fifth Avenue and 33rd Street (Detroit Publishing Company)

Violences et disparités

Si pour beaucoup, il s’agit du point culminant de cet American Dream fantasmé, il n’y a pas eu que des bons côtés. C’est l’héritage du romantisme de Victor Hugo, la Comédie humaine de Balzac, Maupassant et le naturalisme de Zola. C’est encore la satire de Flaubert ou de Mark Twain et son roman qui donna son nom à l’époque dorée ; ce sont les paysages sombres, crus, les inégalités et la pauvreté des classes ouvrières, le réalisme comme nous l’apprenions en français, celui qui témoigne durement mais sûrement des mauvaises tendances de ces évolutions.

Aux États-Unis, la fracture n’avait jamais été aussi flagrante : les 2% des plus riches détenaient plus d’un tiers de la richesse tandis que la majorité de la classe ouvrière, elle, était en dessous du seuil de pauvreté. Et le Gilded Age, c’est surtout l’ère des grands investisseurs qui accumulent des fortunes folles comme ça n’avait jamais eu lieu jusque là. Le contexte amène à la corruption, au capitalisme sauvage et tandis que la fin du régime esclavagiste des États du Sud était proclamée, de nombreux hommes d’affaires réinventaient l’exploitation de la classe ouvrière. Contrôle des ressources nationales, influence sur les hauts fonctionnaires, paiement de salaires extrêmement bas, écrasement de la concurrence pour créer des monopoles sur le marcher et pousser les prix à la hausse ainsi que la spéculation qui amènera aux grandes crises boursières, bref, les « barons voleurs » - comme aime les appeler la critique sociale - montraient l’abjection d’une époque que le Met Gala ne cherchait vraisemblablement pas à suggérer. 

Et ce monde - plus si glamour - soufrait aussi du revers de médaille de sa croissance démographique. Les villes industrielles n’ont pas prévu une évolution si rapide et les logements étant limités, de nombreuses familles se sont retrouvées dans une grande précarité, à la rue, sans électricité ni chauffage.

Les grèves se sont multipliées dans le pays et la lutte des différents mouvements ouvriers - en France comme aux États-Unis - pouvait être d’une extrême violence. La fête du Premier mai devient d’ailleurs une journée de célébration des combats des travailleurs et des travailleuses, notamment en mémoire du massacre de Haymarket Square à Chicago. Au même moment, alors que les droits constitutionnels des Afro-américains venaient d’être appliqués - au lendemain de la guerre de Sécession - le Ku Klux Klan ou KKK est fondé, en 1866. Le groupe commettra assassinats, attentats, viols, tortures, enlèvements et incendies d'écoles et d'églises afro-américaines et participa largement aux violences raciales de l’époque.


Ainsi, le Met Gala ne serait-il que l’insouciance ou cet héritage maintenant bien ancré à l’hypocrisie capitaliste ? Néanmoins, il est sûr, lorsque l’on repense aux paillettes et au tapis rouge, plus rien n'a vraiment de sens. 

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