SANTÉ

Le féminin sacré : outil d’émancipation ou dérive sectaire ?

8/2/2024
Par Iris Cholvin
Faire passer la souris sur les mots cachés pour les lire
8/2/2024

Le féminin sacré : outil d’émancipation ou dérive sectaire ?

Par Iris Cholvin
Faire passer la souris sur les mots cachés pour les lire
Cercle de femmes en hommage à la lune

Cercle de femmes, ©Becca Tapert

Entre les cercles de femmes en hommage à la lune et le prix exorbitant des stages pour se réapproprier son yoni, le féminin sacré fait débat. Mais au-delà des moqueries simplistes dont il fait souvent l’objet, le féminin sacré soulève plusieurs questions fondamentales. A la croisée des chemins entre l’outil d’émancipation et la dérive sectaire, quels sont les véritables enjeux du féminin sacré ?

Le féminin sacré, un salmigondis mêlant développement personnel et réappropriation culturelle

S’inscrivant dans ce que la sociologue Nadia Garnoussi appelle la « nébuleuse psycho-philo-spirituelle », le féminin sacré ressemble à un lotus navigant sur une rivière de courants hétérogènes ; voire antagonistes. Pratiques de yoga tantrique, cultes empruntés aux peuples amérindiens et rites celtiques, concepts psychanalytiques jungiens ou mythe platonicien… Le moins qu’on puisse dire, c’est que le féminin sacré n’hésite pas à multiplier les ingrédients pour concocter ses formules magiques. Chaque personne peut ainsi piocher dans un large catalogue de croyances, de traditions et de rituels, afin de constituer son programme sur mesure. Si une telle réappropriation culturelle pose la question d’un néo-colonialisme insatiable – d’autant plus que les figures les plus populaires du féminin sacré en France sont presque toutes blanches – ce pêlemêle désordonné peut aussi coûter cher à ses adeptes. Dans le sillage du développement personnel, le féminin sacré est une sorte de cousine éloignée du coaching de vie. Car s’ils ne concernent pas le même public, tous deux se concentrent sur le bien-être individuel au détriment de l’action collective. Un méli-mélo onéreux mais attrayant, puisqu’il permet de « se sentir plus alignée avec soi-même »… sans trop repenser notre rapport à l’engagement politique.

L’utilisation du spirituel pour résoudre des problèmes concrets

Mais si le féminin sacré séduit autant, ce n’est pas par magie. Au contraire, il dialogue directement avec des problèmes concrets. Le poids du patriarcat, le besoin de repenser la société capitaliste, l’urgence écologique, la compétition entre femmes… Toutes ces questions sont abordées – plus ou moins explicitement – par le féminin sacré. Surtout, il propose des réponses concrètes, comme la non-mixité et la transmission d’informations entre femmes. Le féminin sacré offre ainsi une solution intime aux problèmes politiques que sont la misogynie et le capitalisme structurels. Il rend la parole aux femmes, leur offre un cadre dans lequel elles peuvent échanger en toute liberté et bienveillance. Ouvrant la voie à une sexualité orientée vers l’amour et la douceur, il permet aux femmes de se réapproprier leur corps. Il valorise aussi le féminin, met en lumière sa puissance et sa capacité d’action, bien trop souvent invisibilisées dans les autres sphères. Plus largement, il vient combler une quête de sens qui touche aujourd’hui une part importantede la population, en proposant un nouveau modèle de pensées, de société et d’action.

Vision essentialiste, transphobie et reproduction des rôles de genre dans le féminin sacré

Paradoxalement, le féminin sacré peut se montrer très peu inclusif et reproducteur des rôles de genre. D’un côté, il prône le mythe des <link-text>flammes jumelles<link-text>, foncièrement hétéronormé. Il exclut ainsi toute la communauté <link-text>LGBTQIA+<link-text>, les personnes trans ou non-binaires. Parfois, il encourage aussi une vision essentialiste des femmes, dans laquelle l’accomplissement ultime serait d’enfanter. En attestent certaines <link-text>doulas<link-text> spécialisées dans le féminin sacré, qui nagent à contre-courant de la justice reproductive. D’un autre côté, ce mouvement perpétue certains stéréotypes de genre qui alimentent la domination masculine. Par exemple, l’image d’une femme douce, pure, sage, affable, y est souvent célébrée.

Le féminin sacré, un pont pour accéder à l’humanité consciente ?

Pour autant, le féminin sacré – comme le féminisme – est traversé par de nombreux courants, parfois contradictoires. Lorsque certain.e.s adeptes se focalisent sur l’essentialisme de LA femme, d’autres utilisent ce mouvement pour repenser ensemble le monde de demain. Une approche écoféministe pour le moins inspirante, qui d’ici quelques années proposera peut-être non plus une féminité sacrée, mais une humanité consciente.

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Cercle de femmes en hommage à la lune

Cercle de femmes, ©Becca Tapert

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Le féminin sacré, un salmigondis mêlant développement personnel et réappropriation culturelle

S’inscrivant dans ce que la sociologue Nadia Garnoussi appelle la « nébuleuse psycho-philo-spirituelle », le féminin sacré ressemble à un lotus navigant sur une rivière de courants hétérogènes ; voire antagonistes. Pratiques de yoga tantrique, cultes empruntés aux peuples amérindiens et rites celtiques, concepts psychanalytiques jungiens ou mythe platonicien… Le moins qu’on puisse dire, c’est que le féminin sacré n’hésite pas à multiplier les ingrédients pour concocter ses formules magiques. Chaque personne peut ainsi piocher dans un large catalogue de croyances, de traditions et de rituels, afin de constituer son programme sur mesure. Si une telle réappropriation culturelle pose la question d’un néo-colonialisme insatiable – d’autant plus que les figures les plus populaires du féminin sacré en France sont presque toutes blanches – ce pêlemêle désordonné peut aussi coûter cher à ses adeptes. Dans le sillage du développement personnel, le féminin sacré est une sorte de cousine éloignée du coaching de vie. Car s’ils ne concernent pas le même public, tous deux se concentrent sur le bien-être individuel au détriment de l’action collective. Un méli-mélo onéreux mais attrayant, puisqu’il permet de « se sentir plus alignée avec soi-même »… sans trop repenser notre rapport à l’engagement politique.

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SANTÉ

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8/2/2024
Par Iris Cholvin
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23/2/2024
Par Iris Cholvin
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Cercle de femmes en hommage à la lune

Cercle de femmes, ©Becca Tapert

Entre les cercles de femmes en hommage à la lune et le prix exorbitant des stages pour se réapproprier son yoni, le féminin sacré fait débat. Mais au-delà des moqueries simplistes dont il fait souvent l’objet, le féminin sacré soulève plusieurs questions fondamentales. A la croisée des chemins entre l’outil d’émancipation et la dérive sectaire, quels sont les véritables enjeux du féminin sacré ?

Le féminin sacré, un salmigondis mêlant développement personnel et réappropriation culturelle

S’inscrivant dans ce que la sociologue Nadia Garnoussi appelle la « nébuleuse psycho-philo-spirituelle », le féminin sacré ressemble à un lotus navigant sur une rivière de courants hétérogènes ; voire antagonistes. Pratiques de yoga tantrique, cultes empruntés aux peuples amérindiens et rites celtiques, concepts psychanalytiques jungiens ou mythe platonicien… Le moins qu’on puisse dire, c’est que le féminin sacré n’hésite pas à multiplier les ingrédients pour concocter ses formules magiques. Chaque personne peut ainsi piocher dans un large catalogue de croyances, de traditions et de rituels, afin de constituer son programme sur mesure. Si une telle réappropriation culturelle pose la question d’un néo-colonialisme insatiable – d’autant plus que les figures les plus populaires du féminin sacré en France sont presque toutes blanches – ce pêlemêle désordonné peut aussi coûter cher à ses adeptes. Dans le sillage du développement personnel, le féminin sacré est une sorte de cousine éloignée du coaching de vie. Car s’ils ne concernent pas le même public, tous deux se concentrent sur le bien-être individuel au détriment de l’action collective. Un méli-mélo onéreux mais attrayant, puisqu’il permet de « se sentir plus alignée avec soi-même »… sans trop repenser notre rapport à l’engagement politique.

L’utilisation du spirituel pour résoudre des problèmes concrets

Mais si le féminin sacré séduit autant, ce n’est pas par magie. Au contraire, il dialogue directement avec des problèmes concrets. Le poids du patriarcat, le besoin de repenser la société capitaliste, l’urgence écologique, la compétition entre femmes… Toutes ces questions sont abordées – plus ou moins explicitement – par le féminin sacré. Surtout, il propose des réponses concrètes, comme la non-mixité et la transmission d’informations entre femmes. Le féminin sacré offre ainsi une solution intime aux problèmes politiques que sont la misogynie et le capitalisme structurels. Il rend la parole aux femmes, leur offre un cadre dans lequel elles peuvent échanger en toute liberté et bienveillance. Ouvrant la voie à une sexualité orientée vers l’amour et la douceur, il permet aux femmes de se réapproprier leur corps. Il valorise aussi le féminin, met en lumière sa puissance et sa capacité d’action, bien trop souvent invisibilisées dans les autres sphères. Plus largement, il vient combler une quête de sens qui touche aujourd’hui une part importantede la population, en proposant un nouveau modèle de pensées, de société et d’action.

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Pour autant, le féminin sacré – comme le féminisme – est traversé par de nombreux courants, parfois contradictoires. Lorsque certain.e.s adeptes se focalisent sur l’essentialisme de LA femme, d’autres utilisent ce mouvement pour repenser ensemble le monde de demain. Une approche écoféministe pour le moins inspirante, qui d’ici quelques années proposera peut-être non plus une féminité sacrée, mais une humanité consciente.

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Le féminin sacré, un salmigondis mêlant développement personnel et réappropriation culturelle

S’inscrivant dans ce que la sociologue Nadia Garnoussi appelle la « nébuleuse psycho-philo-spirituelle », le féminin sacré ressemble à un lotus navigant sur une rivière de courants hétérogènes ; voire antagonistes. Pratiques de yoga tantrique, cultes empruntés aux peuples amérindiens et rites celtiques, concepts psychanalytiques jungiens ou mythe platonicien… Le moins qu’on puisse dire, c’est que le féminin sacré n’hésite pas à multiplier les ingrédients pour concocter ses formules magiques. Chaque personne peut ainsi piocher dans un large catalogue de croyances, de traditions et de rituels, afin de constituer son programme sur mesure. Si une telle réappropriation culturelle pose la question d’un néo-colonialisme insatiable – d’autant plus que les figures les plus populaires du féminin sacré en France sont presque toutes blanches – ce pêlemêle désordonné peut aussi coûter cher à ses adeptes. Dans le sillage du développement personnel, le féminin sacré est une sorte de cousine éloignée du coaching de vie. Car s’ils ne concernent pas le même public, tous deux se concentrent sur le bien-être individuel au détriment de l’action collective. Un méli-mélo onéreux mais attrayant, puisqu’il permet de « se sentir plus alignée avec soi-même »… sans trop repenser notre rapport à l’engagement politique.

L’utilisation du spirituel pour résoudre des problèmes concrets

Mais si le féminin sacré séduit autant, ce n’est pas par magie. Au contraire, il dialogue directement avec des problèmes concrets. Le poids du patriarcat, le besoin de repenser la société capitaliste, l’urgence écologique, la compétition entre femmes… Toutes ces questions sont abordées – plus ou moins explicitement – par le féminin sacré. Surtout, il propose des réponses concrètes, comme la non-mixité et la transmission d’informations entre femmes. Le féminin sacré offre ainsi une solution intime aux problèmes politiques que sont la misogynie et le capitalisme structurels. Il rend la parole aux femmes, leur offre un cadre dans lequel elles peuvent échanger en toute liberté et bienveillance. Ouvrant la voie à une sexualité orientée vers l’amour et la douceur, il permet aux femmes de se réapproprier leur corps. Il valorise aussi le féminin, met en lumière sa puissance et sa capacité d’action, bien trop souvent invisibilisées dans les autres sphères. Plus largement, il vient combler une quête de sens qui touche aujourd’hui une part importantede la population, en proposant un nouveau modèle de pensées, de société et d’action.

Vision essentialiste, transphobie et reproduction des rôles de genre dans le féminin sacré

Paradoxalement, le féminin sacré peut se montrer très peu inclusif et reproducteur des rôles de genre. D’un côté, il prône le mythe des <link-text>flammes jumelles<link-text>, foncièrement hétéronormé. Il exclut ainsi toute la communauté <link-text>LGBTQIA+<link-text>, les personnes trans ou non-binaires. Parfois, il encourage aussi une vision essentialiste des femmes, dans laquelle l’accomplissement ultime serait d’enfanter. En attestent certaines <link-text>doulas<link-text> spécialisées dans le féminin sacré, qui nagent à contre-courant de la justice reproductive. D’un autre côté, ce mouvement perpétue certains stéréotypes de genre qui alimentent la domination masculine. Par exemple, l’image d’une femme douce, pure, sage, affable, y est souvent célébrée.

Le féminin sacré, un pont pour accéder à l’humanité consciente ?

Pour autant, le féminin sacré – comme le féminisme – est traversé par de nombreux courants, parfois contradictoires. Lorsque certain.e.s adeptes se focalisent sur l’essentialisme de LA femme, d’autres utilisent ce mouvement pour repenser ensemble le monde de demain. Une approche écoféministe pour le moins inspirante, qui d’ici quelques années proposera peut-être non plus une féminité sacrée, mais une humanité consciente.

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