Une figure du féminisme : la Cuisine de Francfort
30/4/2022

Une figure du féminisme : la Cuisine de Francfort

Par Clément Rigaud
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Par Clément Rigaud
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10/10/2023
Par Clément Rigaud

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ÉDITO

Le sens du beau

10/10/2023
Par Clément Rigaud
INSPIRATION
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10/10/2023
Par Clément Rigaud

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10/10/2023
Par Clément Rigaud
Si il y a bien une chose qu'on n'a cessé de me répéter c'est qu'on n'arrivait jamais à suivre l'actualité de DÉSABUSÉ. Désormais vous n'avez plus d'excuses, tout est dans Audacieux ! Ou alors c'est peut être moi qui cherche des excuses pour me faire moi-même de la promo... Qui a dit que c'était interdit ?  C'est mon magasine alors je fait ce que je veux... love u

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Audacieux, le magazine par Désabusé Paris

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Si il y a bien une chose qu'on n'a cessé de me répéter c'est qu'on n'arrivait jamais à suivre l'actualité de DÉSABUSÉ. Désormais vous n'avez plus d'excuses, tout est dans Audacieux ! Ou alors c'est peut être moi qui cherche des excuses pour me faire moi-même de la promo... Qui a dit que c'était interdit ?  C'est mon magasine alors je fait ce que je veux... love u

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10/10/2023
Par Clément Rigaud


<intro-body>Il y a cet héritage qu’on ne sait presque dater. Il aurait un siècle mais paraîtrait n’avoir qu’à peine vingt ans. Tangible, parce que lorsque l’on nous parle d’Histoire comme celle qui a construit notre civilisation ; que l’on nous rappelle tous les ans les révolutions et les armistices, tout paraît loin, vieux, d’un autre monde, tandis que cet ancrage-ci, lui, nous est encore si familier. Certes, certains combats du passé font encore inconcevablement partie de notre présent, mais je vous parle ici d’une philosophie - elle-même naissant des conflits et de l’entre-deux-guerres - celle de l’aspiration, de l’inspiration et du design. Je vous parle des prémices, d’une époque où le mot « design » n'a pas vraiment de sens - du moins pas celui que l’on entend aujourd’hui. Je vous parle ainsi des débuts, non si lointains, d’expérimentation, ceux d’une école - le Bauhaus - qui soutenait que l'art se devait de répondre aux besoins de la société. Et si vous regardez les croquis d’une de ces jeunes étudiantes des années 20, presqu’au risque de les confondre d’époque, vous verrez vos meubles de cuisine, le catalogue des grands magasins de mobilier, les chaises des salles de cours...<intro-body>

Aujourd’hui dans <link-text>Inspiration<link-text>, on aborde les prémices de la fonction, une idée nouvelle pour un homme moderne - certains oseraient dire « femme moderne ». Dans ce deuxième épisode, on parle de l’histoire de la cuisine. Cette pièce de vie parfois très "design" ; aujourd'hui inhérente à n'importe quel foyer parce qu'il est bien inimaginable de ne pas en posséder une chez-soi ; la cuisine, telle que nous la concevons aujourd'hui, n'existait même pas il y a cent ans. C’est peut-être ce qu’il y a de plus fascinant avec notre époque : nous baignons dans cette substitution de bouleversements qui ont eu lieu il y a si peu de temps.

Pour vous parler des prémices de la fonction, il faut vous raconter l’un des chapitres du design, l’histoire de la cuisine en Allemagne : la Cuisine de Francfort. Il faut peut-être comprendre qu’avant même le 20e siècle, la cuisine n’existait pas. Les premières se rapprochant de l’image de nos cuisines modernes remontent au Moyen Age. Seul les châteaux et les maisons bourgeoises en avaient et elles étaient placées à l’écart - au sous-sol ou carrément à l’extérieur - pour éviter les incendies. Et après le Moyen Age ? Aucun grand changement. Jusqu’aux années 1900, la plupart des habitants n’avaient pas accès à une véritable cuisine mais souvent seulement à une table et une cheminée dans leurs maisons.

Sara Pennelle, maître de conférences en histoire à l’Université de Greenwich et Nancy Carlisle, conservatrice principale des collections à Historic New England ont cherchées à représenter l’évolution de la cuisine en modélisant la pièce sur 6 périodes différentes de 1520 à 2020.
homeadvisor.com

L’une des principales raisons de cette stagnation est technique. Il faut attendre la Révolution industrielle à la fin du 19e siècle pour avoir accès à l’eau courante, le gaz et l’électricité. La cuisine telle que nous la connaissons aujourd’hui apparaît donc pour la première fois en 1926 sous le nom de <link-text>Cuisine de Francfort<link-text>. Elle est inventée par l’architecte autrichienne Margarete Schütte-Lihotzky pour répondre à une pénurie de logements en Allemagne à la suite de la Première Guerre mondiale

Un grand nombre de projets d'habitats sociaux sont imaginés dans les années 20 pour augmenter le nombre d'appartements à louer. L’enjeu était de taille, il fallait concevoir des appartements abordables avec peu de moyens. Pour réduire les coûts, les architectes ont créé un système de plan unique adapté à l’ensemble des futurs appartements. Une inspiration certaine pour les futures unités d’habitation du Corbusier en France et autres travaux de Jean Nouvel. Et tout n’était qu’un savant casse-tête pour savoir comment organiser des espaces déjà réduits au maximum.

Margarete Schütte-Lihotzky


Un appartement typique ouvrier était imaginé en deux pièces. La cuisine avait ainsi plusieurs fonctions : en plus de faire le repas, on y dînait, on y vivait, on s'y lavait, et parfois même, on y dormait. La seconde pièce était quant à elle une « pièce de réception » pour les rares cas où l'on accueillait du monde. Quand Margarete Schütte-Lihotzky intervient sur le projet, elle redéfinit complètement la façon d’aborder ces espaces en dessinant une petite pièce séparée, connectée au séjour par une porte coulissante et ayant pour but de séparer concrètement les fonctions liées au travail (cuisine, repassage..) à celles de la vie et du repos. La cuisine moderne venait de voir le jour et avec elle, le schéma type du foyer contemporain comme nous nous y plaisons aujourd’hui.

L'idée de l’architecte était d’adapter les principes du taylorisme - en vogue à l’époque - au travail domestique. Il s’agissait d’optimiser chacune des actions de la ménagère en étudiant ses gestes et ses déplacements. Elle imagine la cuisine comme une pièce de travail, un laboratoire rationalisé.
Cependant, lorsqu’on entend rationalisation, on est souvent loin des intentions de Schütte-Lihotzky. L’espace était pensé pour minimiser le nombre de pas à faire entre les différentes taches, ainsi, les tiroirs étaient rapprochés, les placards élevés à hauteur de tête, l’architecte a même imaginé une étagère à ingrédients et des tiroirs-verseurs intégrés ; une révolution pour l’époque. La cuisine était donc installée toute équipée, les éléments conventionnels de l’époque n’étant ni fonctionnels ni conçus pour des espaces si réduits. Du positionnement des éclairages et jusqu’à la peinture bleue des tiroirs - parce que les chercheurs de l’époque avaient découvert qu’elle repoussait les mouches - en passant par les matériaux des bocaux qui éloignent les vers de la farine, tout n’était que flexibilité, praticité et gain de temps. C’est ainsi qu’on appellera aussi succinctement cette cuisine moderniste, fonctionnaliste et rationaliste

<p-title>Une figure du féminisme<p-title>

Une cuisine imaginée par une femme pour les femmes. Est-ce suffisant pour parler de féminisme tandis que, pour sûr, Margarete Schütte-Lihotzky n’était pas la cible de sa cuisine ? Elle le disait elle-même dans Das neue Frankfurt en mai 1926, « Les femmes de la classe moyenne, travaillant souvent sans aide (sans domestique) chez elles, ainsi que les femmes de la classe ouvrière, ayant souvent un travail en dehors du foyer, sont surchargées au point que leur stress peut entraîner des répercussions sérieuses sur la santé publique au sens large ».

C’est là toute l’ambivalence. Parce qu’il y avait peut-être cet élan à l’existentialisme de Beauvoir ou à la désinvolture de Chanel à la même époque. Peut-être que dans « rationalisation » il y avait « émancipation » de la femme, liberté. Et si beaucoup confondent peut-être la femme et son travail, d'autres critiqueraient plus l'époque que les indéniables révolutions de Schütte-Lihotzky. Ainsi, pour quelques-uns, il y avait aussi l’intention de réduire le temps de travail ménager - qui ne rapporte pas - pour permettre aux ménagères de partir travailler à l’usine. Je crois que Margarete Schütte-Lihotzky était une femme libérée. Féminine au sein d'un mouvement d'avant-garde majoritairement masculin, elle reste une figure importante pour le mouvement féministe sans pour autant vouloir assurément en être. Elle était de conviction, certains diront féministe, d’autres humaniste, libérale ou simplement artiste. 

Quelqu’il soit, sa carrière dessine une vie inspirante, celle d’une femme qui bouscula la société. À travers ses idéaux et ses travaux, elle participa indéniablement aux changements sociaux modernes et notamment à l’évolution du statut des femmes.

"Planifier et construire, femmes cela vous concerne. Nous formons la plus grande partie de la population et pourrions exercer une influence bien plus grande. Il suffit que nous prenions conscience de notre force"


<intro-body>Il y a cet héritage qu’on ne sait presque dater. Il aurait un siècle mais paraîtrait n’avoir qu’à peine vingt ans. Tangible, parce que lorsque l’on nous parle d’Histoire comme celle qui a construit notre civilisation ; que l’on nous rappelle tous les ans les révolutions et les armistices, tout paraît loin, vieux, d’un autre monde, tandis que cet ancrage-ci, lui, nous est encore si familier. Certes, certains combats du passé font encore inconcevablement partie de notre présent, mais je vous parle ici d’une philosophie - elle-même naissant des conflits et de l’entre-deux-guerres - celle de l’aspiration, de l’inspiration et du design. Je vous parle des prémices, d’une époque où le mot « design » n'a pas vraiment de sens - du moins pas celui que l’on entend aujourd’hui. Je vous parle ainsi des débuts, non si lointains, d’expérimentation, ceux d’une école - le Bauhaus - qui soutenait que l'art se devait de répondre aux besoins de la société. Et si vous regardez les croquis d’une de ces jeunes étudiantes des années 20, presqu’au risque de les confondre d’époque, vous verrez vos meubles de cuisine, le catalogue des grands magasins de mobilier, les chaises des salles de cours...<intro-body>

Aujourd’hui dans <link-text>Inspiration<link-text>, on aborde les prémices de la fonction, une idée nouvelle pour un homme moderne - certains oseraient dire « femme moderne ». Dans ce deuxième épisode, on parle de l’histoire de la cuisine. Cette pièce de vie parfois très "design" ; aujourd'hui inhérente à n'importe quel foyer parce qu'il est bien inimaginable de ne pas en posséder une chez-soi ; la cuisine, telle que nous la concevons aujourd'hui, n'existait même pas il y a cent ans. C’est peut-être ce qu’il y a de plus fascinant avec notre époque : nous baignons dans cette substitution de bouleversements qui ont eu lieu il y a si peu de temps.

Pour vous parler des prémices de la fonction, il faut vous raconter l’un des chapitres du design, l’histoire de la cuisine en Allemagne : la Cuisine de Francfort. Il faut peut-être comprendre qu’avant même le 20e siècle, la cuisine n’existait pas. Les premières se rapprochant de l’image de nos cuisines modernes remontent au Moyen Age. Seul les châteaux et les maisons bourgeoises en avaient et elles étaient placées à l’écart - au sous-sol ou carrément à l’extérieur - pour éviter les incendies. Et après le Moyen Age ? Aucun grand changement. Jusqu’aux années 1900, la plupart des habitants n’avaient pas accès à une véritable cuisine mais souvent seulement à une table et une cheminée dans leurs maisons.

Sara Pennelle, maître de conférences en histoire à l’Université de Greenwich et Nancy Carlisle, conservatrice principale des collections à Historic New England ont cherchées à représenter l’évolution de la cuisine en modélisant la pièce sur 6 périodes différentes de 1520 à 2020.
homeadvisor.com

L’une des principales raisons de cette stagnation est technique. Il faut attendre la Révolution industrielle à la fin du 19e siècle pour avoir accès à l’eau courante, le gaz et l’électricité. La cuisine telle que nous la connaissons aujourd’hui apparaît donc pour la première fois en 1926 sous le nom de <link-text>Cuisine de Francfort<link-text>. Elle est inventée par l’architecte autrichienne Margarete Schütte-Lihotzky pour répondre à une pénurie de logements en Allemagne à la suite de la Première Guerre mondiale

Un grand nombre de projets d'habitats sociaux sont imaginés dans les années 20 pour augmenter le nombre d'appartements à louer. L’enjeu était de taille, il fallait concevoir des appartements abordables avec peu de moyens. Pour réduire les coûts, les architectes ont créé un système de plan unique adapté à l’ensemble des futurs appartements. Une inspiration certaine pour les futures unités d’habitation du Corbusier en France et autres travaux de Jean Nouvel. Et tout n’était qu’un savant casse-tête pour savoir comment organiser des espaces déjà réduits au maximum.

Margarete Schütte-Lihotzky

Un appartement typique ouvrier était imaginé en deux pièces. La cuisine avait ainsi plusieurs fonctions : en plus de faire le repas, on y dînait, on y vivait, on s'y lavait, et parfois même, on y dormait. La seconde pièce était quant à elle une « pièce de réception » pour les rares cas où l'on accueillait du monde. Quand Margarete Schütte-Lihotzky intervient sur le projet, elle redéfinit complètement la façon d’aborder ces espaces en dessinant une petite pièce séparée, connectée au séjour par une porte coulissante et ayant pour but de séparer concrètement les fonctions liées au travail (cuisine, repassage..) à celles de la vie et du repos. La cuisine moderne venait de voir le jour et avec elle, le schéma type du foyer contemporain comme nous nous y plaisons aujourd’hui.

L'idée de l’architecte était d’adapter les principes du taylorisme - en vogue à l’époque - au travail domestique. Il s’agissait d’optimiser chacune des actions de la ménagère en étudiant ses gestes et ses déplacements. Elle imagine la cuisine comme une pièce de travail, un laboratoire rationalisé.
Cependant, lorsqu’on entend rationalisation, on est souvent loin des intentions de Schütte-Lihotzky. L’espace était pensé pour minimiser le nombre de pas à faire entre les différentes taches, ainsi, les tiroirs étaient rapprochés, les placards élevés à hauteur de tête, l’architecte a même imaginé une étagère à ingrédients et des tiroirs-verseurs intégrés ; une révolution pour l’époque. La cuisine était donc installée toute équipée, les éléments conventionnels de l’époque n’étant ni fonctionnels ni conçus pour des espaces si réduits. Du positionnement des éclairages et jusqu’à la peinture bleue des tiroirs - parce que les chercheurs de l’époque avaient découvert qu’elle repoussait les mouches - en passant par les matériaux des bocaux qui éloignent les vers de la farine, tout n’était que flexibilité, praticité et gain de temps. C’est ainsi qu’on appellera aussi succinctement cette cuisine moderniste, fonctionnaliste et rationaliste

<p-title>Une figure du féminisme<p-title>

Une cuisine imaginée par une femme pour les femmes. Est-ce suffisant pour parler de féminisme tandis que, pour sûr, Margarete Schütte-Lihotzky n’était pas la cible de sa cuisine ? Elle le disait elle-même dans Das neue Frankfurt en mai 1926, « Les femmes de la classe moyenne, travaillant souvent sans aide (sans domestique) chez elles, ainsi que les femmes de la classe ouvrière, ayant souvent un travail en dehors du foyer, sont surchargées au point que leur stress peut entraîner des répercussions sérieuses sur la santé publique au sens large ».

C’est là toute l’ambivalence. Parce qu’il y avait peut-être cet élan à l’existentialisme de Beauvoir ou à la désinvolture de Chanel à la même époque. Peut-être que dans « rationalisation » il y avait « émancipation » de la femme, liberté. Et si beaucoup confondent peut-être la femme et son travail, d'autres critiqueraient plus l'époque que les indéniables révolutions de Schütte-Lihotzky. Ainsi, pour quelques-uns, il y avait aussi l’intention de réduire le temps de travail ménager - qui ne rapporte pas - pour permettre aux ménagères de partir travailler à l’usine. Je crois que Margarete Schütte-Lihotzky était une femme libérée. Féminine au sein d'un mouvement d'avant-garde majoritairement masculin, elle reste une figure importante pour le mouvement féministe sans pour autant vouloir assurément en être. Elle était de conviction, certains diront féministe, d’autres humaniste, libérale ou simplement artiste. 

Quelqu’il soit, sa carrière dessine une vie inspirante, celle d’une femme qui bouscula la société. À travers ses idéaux et ses travaux, elle participa indéniablement aux changements sociaux modernes et notamment à l’évolution du statut des femmes.

"Planifier et construire, femmes cela vous concerne. Nous formons la plus grande partie de la population et pourrions exercer une influence bien plus grande. Il suffit que nous prenions conscience de notre force"

<intro-body>Il y a cet héritage qu’on ne sait presque dater. Il aurait un siècle mais paraîtrait n’avoir qu’à peine vingt ans. Tangible, parce que lorsque l’on nous parle d’Histoire comme celle qui a construit notre civilisation ; que l’on nous rappelle tous les ans les révolutions et les armistices, tout paraît loin, vieux, d’un autre monde, tandis que cet ancrage-ci, lui, nous est encore si familier. Certes, certains combats du passé font encore inconcevablement partie de notre présent, mais je vous parle ici d’une philosophie - elle-même naissant des conflits et de l’entre-deux-guerres - celle de l’aspiration, de l’inspiration et du design. Je vous parle des prémices, d’une époque où le mot « design » n'a pas vraiment de sens - du moins pas celui que l’on entend aujourd’hui. Je vous parle ainsi des débuts, non si lointains, d’expérimentation, ceux d’une école - le Bauhaus - qui soutenait que l'art se devait de répondre aux besoins de la société. Et si vous regardez les croquis d’une de ces jeunes étudiantes des années 20, presqu’au risque de les confondre d’époque, vous verrez vos meubles de cuisine, le catalogue des grands magasins de mobilier, les chaises des salles de cours...<intro-body>

Aujourd’hui dans <link-text>Inspiration<link-text>, on aborde les prémices de la fonction, une idée nouvelle pour un homme moderne - certains oseraient dire « femme moderne ». Dans ce deuxième épisode, on parle de l’histoire de la cuisine. Cette pièce de vie parfois très "design" ; aujourd'hui inhérente à n'importe quel foyer parce qu'il est bien inimaginable de ne pas en posséder une chez-soi ; la cuisine, telle que nous la concevons aujourd'hui, n'existait même pas il y a cent ans. C’est peut-être ce qu’il y a de plus fascinant avec notre époque : nous baignons dans cette substitution de bouleversements qui ont eu lieu il y a si peu de temps.

Pour vous parler des prémices de la fonction, il faut vous raconter l’un des chapitres du design, l’histoire de la cuisine en Allemagne : la Cuisine de Francfort. Il faut peut-être comprendre qu’avant même le 20e siècle, la cuisine n’existait pas. Les premières se rapprochant de l’image de nos cuisines modernes remontent au Moyen Age. Seul les châteaux et les maisons bourgeoises en avaient et elles étaient placées à l’écart - au sous-sol ou carrément à l’extérieur - pour éviter les incendies. Et après le Moyen Age ? Aucun grand changement. Jusqu’aux années 1900, la plupart des habitants n’avaient pas accès à une véritable cuisine mais souvent seulement à une table et une cheminée dans leurs maisons.

Sara Pennelle, maître de conférences en histoire à l’Université de Greenwich et Nancy Carlisle, conservatrice principale des collections à Historic New England ont cherchées à représenter l’évolution de la cuisine en modélisant la pièce sur 6 périodes différentes de 1520 à 2020.
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L’une des principales raisons de cette stagnation est technique. Il faut attendre la Révolution industrielle à la fin du 19e siècle pour avoir accès à l’eau courante, le gaz et l’électricité. La cuisine telle que nous la connaissons aujourd’hui apparaît donc pour la première fois en 1926 sous le nom de <link-text>Cuisine de Francfort<link-text>. Elle est inventée par l’architecte autrichienne Margarete Schütte-Lihotzky pour répondre à une pénurie de logements en Allemagne à la suite de la Première Guerre mondiale

Un grand nombre de projets d'habitats sociaux sont imaginés dans les années 20 pour augmenter le nombre d'appartements à louer. L’enjeu était de taille, il fallait concevoir des appartements abordables avec peu de moyens. Pour réduire les coûts, les architectes ont créé un système de plan unique adapté à l’ensemble des futurs appartements. Une inspiration certaine pour les futures unités d’habitation du Corbusier en France et autres travaux de Jean Nouvel. Et tout n’était qu’un savant casse-tête pour savoir comment organiser des espaces déjà réduits au maximum.

Margarete Schütte-Lihotzky




L,
Lesbienne, une femme éprouvant une attirance sexuelle envers une femme.

G, Gay, un homme éprouvant une attirance sexuelle envers un homme.

B, Bi, une personne ayant une attirance sexuelle envers deux, plusieurs ou tous les genres.

T, Trans, une personne dont l'identité de genre ne correspond pas au genre assigné à la naissance.
("Trans", c'est qu'on entend quand on parle de l'identité de quelqu'un, pas d'amalgame, ce n'est absolument pas une orientation sexuelle.)

Q, Queer. C'est un terme large qui englobe l'ensemble des personnes ayant une sexualité ou une identité de genre différentes de l'hétérosexualité ou de la cisidentité.

I, Intersexe. Ce terme ne désigne ni une orientation sexuelle ni une identité de genre. Il désigne les personnes qui sont anatomiquement né ni homme, ni femme. Le mannequin Hanne Gaby Odiele par exemple, qui a posé pour Chanel, Dior, Vuitton et j'en passe.. a révélée être intersexe. Elle était née "garçon" avec un chromosome X et un Y mais ressemblait à une fille. Son corps était résistant aux androgènes, des hormones qui stimulent le développement et le maintien des caractères mâles chez les vertébrés comme l'Homme.

A, Asexuel, une personne n'ayant pas d'attirance physique et|ou revendiquant ne pas ressentir le besoin de s'engager dans des relations sexuelles.

Q, Questioning, une personne qui se questionne sur sa sexualité.

P, Pansexuel, une personne pour qui l'identité de genre d'une personne n'a pas d'impact sur son attirance.



edito audacieux
30/4/2022
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Par Clément Rigaud
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<intro-body>Il y a cet héritage qu’on ne sait presque dater. Il aurait un siècle mais paraîtrait n’avoir qu’à peine vingt ans. Tangible, parce que lorsque l’on nous parle d’Histoire comme celle qui a construit notre civilisation ; que l’on nous rappelle tous les ans les révolutions et les armistices, tout paraît loin, vieux, d’un autre monde, tandis que cet ancrage-ci, lui, nous est encore si familier. Certes, certains combats du passé font encore inconcevablement partie de notre présent, mais je vous parle ici d’une philosophie - elle-même naissant des conflits et de l’entre-deux-guerres - celle de l’aspiration, de l’inspiration et du design. Je vous parle des prémices, d’une époque où le mot « design » n'a pas vraiment de sens - du moins pas celui que l’on entend aujourd’hui. Je vous parle ainsi des débuts, non si lointains, d’expérimentation, ceux d’une école - le Bauhaus - qui soutenait que l'art se devait de répondre aux besoins de la société. Et si vous regardez les croquis d’une de ces jeunes étudiantes des années 20, presqu’au risque de les confondre d’époque, vous verrez vos meubles de cuisine, le catalogue des grands magasins de mobilier, les chaises des salles de cours...<intro-body>

Aujourd’hui dans <link-text>Inspiration<link-text>, on aborde les prémices de la fonction, une idée nouvelle pour un homme moderne - certains oseraient dire « femme moderne ». Dans ce deuxième épisode, on parle de l’histoire de la cuisine. Cette pièce de vie parfois très "design" ; aujourd'hui inhérente à n'importe quel foyer parce qu'il est bien inimaginable de ne pas en posséder une chez-soi ; la cuisine, telle que nous la concevons aujourd'hui, n'existait même pas il y a cent ans. C’est peut-être ce qu’il y a de plus fascinant avec notre époque : nous baignons dans cette substitution de bouleversements qui ont eu lieu il y a si peu de temps.

Pour vous parler des prémices de la fonction, il faut vous raconter l’un des chapitres du design, l’histoire de la cuisine en Allemagne : la Cuisine de Francfort. Il faut peut-être comprendre qu’avant même le 20e siècle, la cuisine n’existait pas. Les premières se rapprochant de l’image de nos cuisines modernes remontent au Moyen Age. Seul les châteaux et les maisons bourgeoises en avaient et elles étaient placées à l’écart - au sous-sol ou carrément à l’extérieur - pour éviter les incendies. Et après le Moyen Age ? Aucun grand changement. Jusqu’aux années 1900, la plupart des habitants n’avaient pas accès à une véritable cuisine mais souvent seulement à une table et une cheminée dans leurs maisons.

Sara Pennelle, maître de conférences en histoire à l’Université de Greenwich et Nancy Carlisle, conservatrice principale des collections à Historic New England ont cherchées à représenter l’évolution de la cuisine en modélisant la pièce sur 6 périodes différentes de 1520 à 2020.
homeadvisor.com

L’une des principales raisons de cette stagnation est technique. Il faut attendre la Révolution industrielle à la fin du 19e siècle pour avoir accès à l’eau courante, le gaz et l’électricité. La cuisine telle que nous la connaissons aujourd’hui apparaît donc pour la première fois en 1926 sous le nom de <link-text>Cuisine de Francfort<link-text>. Elle est inventée par l’architecte autrichienne Margarete Schütte-Lihotzky pour répondre à une pénurie de logements en Allemagne à la suite de la Première Guerre mondiale

Un grand nombre de projets d'habitats sociaux sont imaginés dans les années 20 pour augmenter le nombre d'appartements à louer. L’enjeu était de taille, il fallait concevoir des appartements abordables avec peu de moyens. Pour réduire les coûts, les architectes ont créé un système de plan unique adapté à l’ensemble des futurs appartements. Une inspiration certaine pour les futures unités d’habitation du Corbusier en France et autres travaux de Jean Nouvel. Et tout n’était qu’un savant casse-tête pour savoir comment organiser des espaces déjà réduits au maximum.

Margarete Schütte-Lihotzky


Une figure du féminisme : la Cuisine de Francfort

Un appartement typique ouvrier était imaginé en deux pièces. La cuisine avait ainsi plusieurs fonctions : en plus de faire le repas, on y dînait, on y vivait, on s'y lavait, et parfois même, on y dormait. La seconde pièce était quant à elle une « pièce de réception » pour les rares cas où l'on accueillait du monde. Quand Margarete Schütte-Lihotzky intervient sur le projet, elle redéfinit complètement la façon d’aborder ces espaces en dessinant une petite pièce séparée, connectée au séjour par une porte coulissante et ayant pour but de séparer concrètement les fonctions liées au travail (cuisine, repassage..) à celles de la vie et du repos. La cuisine moderne venait de voir le jour et avec elle, le schéma type du foyer contemporain comme nous nous y plaisons aujourd’hui.

L'idée de l’architecte était d’adapter les principes du taylorisme - en vogue à l’époque - au travail domestique. Il s’agissait d’optimiser chacune des actions de la ménagère en étudiant ses gestes et ses déplacements. Elle imagine la cuisine comme une pièce de travail, un laboratoire rationalisé.
Cependant, lorsqu’on entend rationalisation, on est souvent loin des intentions de Schütte-Lihotzky. L’espace était pensé pour minimiser le nombre de pas à faire entre les différentes taches, ainsi, les tiroirs étaient rapprochés, les placards élevés à hauteur de tête, l’architecte a même imaginé une étagère à ingrédients et des tiroirs-verseurs intégrés ; une révolution pour l’époque. La cuisine était donc installée toute équipée, les éléments conventionnels de l’époque n’étant ni fonctionnels ni conçus pour des espaces si réduits. Du positionnement des éclairages et jusqu’à la peinture bleue des tiroirs - parce que les chercheurs de l’époque avaient découvert qu’elle repoussait les mouches - en passant par les matériaux des bocaux qui éloignent les vers de la farine, tout n’était que flexibilité, praticité et gain de temps. C’est ainsi qu’on appellera aussi succinctement cette cuisine moderniste, fonctionnaliste et rationaliste

<p-title>Une figure du féminisme<p-title>

Une cuisine imaginée par une femme pour les femmes. Est-ce suffisant pour parler de féminisme tandis que, pour sûr, Margarete Schütte-Lihotzky n’était pas la cible de sa cuisine ? Elle le disait elle-même dans Das neue Frankfurt en mai 1926, « Les femmes de la classe moyenne, travaillant souvent sans aide (sans domestique) chez elles, ainsi que les femmes de la classe ouvrière, ayant souvent un travail en dehors du foyer, sont surchargées au point que leur stress peut entraîner des répercussions sérieuses sur la santé publique au sens large ».

C’est là toute l’ambivalence. Parce qu’il y avait peut-être cet élan à l’existentialisme de Beauvoir ou à la désinvolture de Chanel à la même époque. Peut-être que dans « rationalisation » il y avait « émancipation » de la femme, liberté. Et si beaucoup confondent peut-être la femme et son travail, d'autres critiqueraient plus l'époque que les indéniables révolutions de Schütte-Lihotzky. Ainsi, pour quelques-uns, il y avait aussi l’intention de réduire le temps de travail ménager - qui ne rapporte pas - pour permettre aux ménagères de partir travailler à l’usine. Je crois que Margarete Schütte-Lihotzky était une femme libérée. Féminine au sein d'un mouvement d'avant-garde majoritairement masculin, elle reste une figure importante pour le mouvement féministe sans pour autant vouloir assurément en être. Elle était de conviction, certains diront féministe, d’autres humaniste, libérale ou simplement artiste. 

Quelqu’il soit, sa carrière dessine une vie inspirante, celle d’une femme qui bouscula la société. À travers ses idéaux et ses travaux, elle participa indéniablement aux changements sociaux modernes et notamment à l’évolution du statut des femmes.

"Planifier et construire, femmes cela vous concerne. Nous formons la plus grande partie de la population et pourrions exercer une influence bien plus grande. Il suffit que nous prenions conscience de notre force"

<intro-body>Il y a cet héritage qu’on ne sait presque dater. Il aurait un siècle mais paraîtrait n’avoir qu’à peine vingt ans. Tangible, parce que lorsque l’on nous parle d’Histoire comme celle qui a construit notre civilisation ; que l’on nous rappelle tous les ans les révolutions et les armistices, tout paraît loin, vieux, d’un autre monde, tandis que cet ancrage-ci, lui, nous est encore si familier. Certes, certains combats du passé font encore inconcevablement partie de notre présent, mais je vous parle ici d’une philosophie - elle-même naissant des conflits et de l’entre-deux-guerres - celle de l’aspiration, de l’inspiration et du design. Je vous parle des prémices, d’une époque où le mot « design » n'a pas vraiment de sens - du moins pas celui que l’on entend aujourd’hui. Je vous parle ainsi des débuts, non si lointains, d’expérimentation, ceux d’une école - le Bauhaus - qui soutenait que l'art se devait de répondre aux besoins de la société. Et si vous regardez les croquis d’une de ces jeunes étudiantes des années 20, presqu’au risque de les confondre d’époque, vous verrez vos meubles de cuisine, le catalogue des grands magasins de mobilier, les chaises des salles de cours...<intro-body>

Aujourd’hui dans <link-text>Inspiration<link-text>, on aborde les prémices de la fonction, une idée nouvelle pour un homme moderne - certains oseraient dire « femme moderne ». Dans ce deuxième épisode, on parle de l’histoire de la cuisine. Cette pièce de vie parfois très "design" ; aujourd'hui inhérente à n'importe quel foyer parce qu'il est bien inimaginable de ne pas en posséder une chez-soi ; la cuisine, telle que nous la concevons aujourd'hui, n'existait même pas il y a cent ans. C’est peut-être ce qu’il y a de plus fascinant avec notre époque : nous baignons dans cette substitution de bouleversements qui ont eu lieu il y a si peu de temps.

Pour vous parler des prémices de la fonction, il faut vous raconter l’un des chapitres du design, l’histoire de la cuisine en Allemagne : la Cuisine de Francfort. Il faut peut-être comprendre qu’avant même le 20e siècle, la cuisine n’existait pas. Les premières se rapprochant de l’image de nos cuisines modernes remontent au Moyen Age. Seul les châteaux et les maisons bourgeoises en avaient et elles étaient placées à l’écart - au sous-sol ou carrément à l’extérieur - pour éviter les incendies. Et après le Moyen Age ? Aucun grand changement. Jusqu’aux années 1900, la plupart des habitants n’avaient pas accès à une véritable cuisine mais souvent seulement à une table et une cheminée dans leurs maisons.

Sara Pennelle, maître de conférences en histoire à l’Université de Greenwich et Nancy Carlisle, conservatrice principale des collections à Historic New England ont cherchées à représenter l’évolution de la cuisine en modélisant la pièce sur 6 périodes différentes de 1520 à 2020.
homeadvisor.com

L’une des principales raisons de cette stagnation est technique. Il faut attendre la Révolution industrielle à la fin du 19e siècle pour avoir accès à l’eau courante, le gaz et l’électricité. La cuisine telle que nous la connaissons aujourd’hui apparaît donc pour la première fois en 1926 sous le nom de <link-text>Cuisine de Francfort<link-text>. Elle est inventée par l’architecte autrichienne Margarete Schütte-Lihotzky pour répondre à une pénurie de logements en Allemagne à la suite de la Première Guerre mondiale

Un grand nombre de projets d'habitats sociaux sont imaginés dans les années 20 pour augmenter le nombre d'appartements à louer. L’enjeu était de taille, il fallait concevoir des appartements abordables avec peu de moyens. Pour réduire les coûts, les architectes ont créé un système de plan unique adapté à l’ensemble des futurs appartements. Une inspiration certaine pour les futures unités d’habitation du Corbusier en France et autres travaux de Jean Nouvel. Et tout n’était qu’un savant casse-tête pour savoir comment organiser des espaces déjà réduits au maximum.

Margarete Schütte-Lihotzky


Et en cette période d’incessants élans de faux espoirs, je vous propose de nous échapper, de me suivre et de découvrir avec moi les jeunes artistes d’aujourd’hui et de demain. Et parce qu’elle le disait si bien «il y a une différence entre expliquer ce que tu fais et le montrer», je vous invite surtout à découvrir le premier épisode d’Allusion, disponible dimanche 6 juin sur Spotify.

Alors oui, pour tous ceux qui suivent, ne serait-ce qu’un tout petit peu, l’actualité du studio, vous l’aurez compris, c’est avec celle qui m’a suivi pendant deux grosses semaines en Bretagne que j’amorce cette initiative : j’ai nommé ClemClem.

Et bien oui, c’est peut-être l’unique conseil qu’AUDACIEUX peut vous donner, après avoir ouvert les yeux, refermés les et ouvrez les oreilles.

Allusion le podcast disponible juste ici
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Un appartement typique ouvrier était imaginé en deux pièces. La cuisine avait ainsi plusieurs fonctions : en plus de faire le repas, on y dînait, on y vivait, on s'y lavait, et parfois même, on y dormait. La seconde pièce était quant à elle une « pièce de réception » pour les rares cas où l'on accueillait du monde. Quand Margarete Schütte-Lihotzky intervient sur le projet, elle redéfinit complètement la façon d’aborder ces espaces en dessinant une petite pièce séparée, connectée au séjour par une porte coulissante et ayant pour but de séparer concrètement les fonctions liées au travail (cuisine, repassage..) à celles de la vie et du repos. La cuisine moderne venait de voir le jour et avec elle, le schéma type du foyer contemporain comme nous nous y plaisons aujourd’hui.

L'idée de l’architecte était d’adapter les principes du taylorisme - en vogue à l’époque - au travail domestique. Il s’agissait d’optimiser chacune des actions de la ménagère en étudiant ses gestes et ses déplacements. Elle imagine la cuisine comme une pièce de travail, un laboratoire rationalisé.
Cependant, lorsqu’on entend rationalisation, on est souvent loin des intentions de Schütte-Lihotzky. L’espace était pensé pour minimiser le nombre de pas à faire entre les différentes taches, ainsi, les tiroirs étaient rapprochés, les placards élevés à hauteur de tête, l’architecte a même imaginé une étagère à ingrédients et des tiroirs-verseurs intégrés ; une révolution pour l’époque. La cuisine était donc installée toute équipée, les éléments conventionnels de l’époque n’étant ni fonctionnels ni conçus pour des espaces si réduits. Du positionnement des éclairages et jusqu’à la peinture bleue des tiroirs - parce que les chercheurs de l’époque avaient découvert qu’elle repoussait les mouches - en passant par les matériaux des bocaux qui éloignent les vers de la farine, tout n’était que flexibilité, praticité et gain de temps. C’est ainsi qu’on appellera aussi succinctement cette cuisine moderniste, fonctionnaliste et rationaliste

<p-title>Une figure du féminisme<p-title>

Une cuisine imaginée par une femme pour les femmes. Est-ce suffisant pour parler de féminisme tandis que, pour sûr, Margarete Schütte-Lihotzky n’était pas la cible de sa cuisine ? Elle le disait elle-même dans Das neue Frankfurt en mai 1926, « Les femmes de la classe moyenne, travaillant souvent sans aide (sans domestique) chez elles, ainsi que les femmes de la classe ouvrière, ayant souvent un travail en dehors du foyer, sont surchargées au point que leur stress peut entraîner des répercussions sérieuses sur la santé publique au sens large ».

C’est là toute l’ambivalence. Parce qu’il y avait peut-être cet élan à l’existentialisme de Beauvoir ou à la désinvolture de Chanel à la même époque. Peut-être que dans « rationalisation » il y avait « émancipation » de la femme, liberté. Et si beaucoup confondent peut-être la femme et son travail, d'autres critiqueraient plus l'époque que les indéniables révolutions de Schütte-Lihotzky. Ainsi, pour quelques-uns, il y avait aussi l’intention de réduire le temps de travail ménager - qui ne rapporte pas - pour permettre aux ménagères de partir travailler à l’usine. Je crois que Margarete Schütte-Lihotzky était une femme libérée. Féminine au sein d'un mouvement d'avant-garde majoritairement masculin, elle reste une figure importante pour le mouvement féministe sans pour autant vouloir assurément en être. Elle était de conviction, certains diront féministe, d’autres humaniste, libérale ou simplement artiste. 

Quelqu’il soit, sa carrière dessine une vie inspirante, celle d’une femme qui bouscula la société. À travers ses idéaux et ses travaux, elle participa indéniablement aux changements sociaux modernes et notamment à l’évolution du statut des femmes.

"Planifier et construire, femmes cela vous concerne. Nous formons la plus grande partie de la population et pourrions exercer une influence bien plus grande. Il suffit que nous prenions conscience de notre force"

<intro-body>Il y a cet héritage qu’on ne sait presque dater. Il aurait un siècle mais paraîtrait n’avoir qu’à peine vingt ans. Tangible, parce que lorsque l’on nous parle d’Histoire comme celle qui a construit notre civilisation ; que l’on nous rappelle tous les ans les révolutions et les armistices, tout paraît loin, vieux, d’un autre monde, tandis que cet ancrage-ci, lui, nous est encore si familier. Certes, certains combats du passé font encore inconcevablement partie de notre présent, mais je vous parle ici d’une philosophie - elle-même naissant des conflits et de l’entre-deux-guerres - celle de l’aspiration, de l’inspiration et du design. Je vous parle des prémices, d’une époque où le mot « design » n'a pas vraiment de sens - du moins pas celui que l’on entend aujourd’hui. Je vous parle ainsi des débuts, non si lointains, d’expérimentation, ceux d’une école - le Bauhaus - qui soutenait que l'art se devait de répondre aux besoins de la société. Et si vous regardez les croquis d’une de ces jeunes étudiantes des années 20, presqu’au risque de les confondre d’époque, vous verrez vos meubles de cuisine, le catalogue des grands magasins de mobilier, les chaises des salles de cours...<intro-body>

Aujourd’hui dans <link-text>Inspiration<link-text>, on aborde les prémices de la fonction, une idée nouvelle pour un homme moderne - certains oseraient dire « femme moderne ». Dans ce deuxième épisode, on parle de l’histoire de la cuisine. Cette pièce de vie parfois très "design" ; aujourd'hui inhérente à n'importe quel foyer parce qu'il est bien inimaginable de ne pas en posséder une chez-soi ; la cuisine, telle que nous la concevons aujourd'hui, n'existait même pas il y a cent ans. C’est peut-être ce qu’il y a de plus fascinant avec notre époque : nous baignons dans cette substitution de bouleversements qui ont eu lieu il y a si peu de temps.

Pour vous parler des prémices de la fonction, il faut vous raconter l’un des chapitres du design, l’histoire de la cuisine en Allemagne : la Cuisine de Francfort. Il faut peut-être comprendre qu’avant même le 20e siècle, la cuisine n’existait pas. Les premières se rapprochant de l’image de nos cuisines modernes remontent au Moyen Age. Seul les châteaux et les maisons bourgeoises en avaient et elles étaient placées à l’écart - au sous-sol ou carrément à l’extérieur - pour éviter les incendies. Et après le Moyen Age ? Aucun grand changement. Jusqu’aux années 1900, la plupart des habitants n’avaient pas accès à une véritable cuisine mais souvent seulement à une table et une cheminée dans leurs maisons.

Sara Pennelle, maître de conférences en histoire à l’Université de Greenwich et Nancy Carlisle, conservatrice principale des collections à Historic New England ont cherchées à représenter l’évolution de la cuisine en modélisant la pièce sur 6 périodes différentes de 1520 à 2020.
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L’une des principales raisons de cette stagnation est technique. Il faut attendre la Révolution industrielle à la fin du 19e siècle pour avoir accès à l’eau courante, le gaz et l’électricité. La cuisine telle que nous la connaissons aujourd’hui apparaît donc pour la première fois en 1926 sous le nom de <link-text>Cuisine de Francfort<link-text>. Elle est inventée par l’architecte autrichienne Margarete Schütte-Lihotzky pour répondre à une pénurie de logements en Allemagne à la suite de la Première Guerre mondiale

Un grand nombre de projets d'habitats sociaux sont imaginés dans les années 20 pour augmenter le nombre d'appartements à louer. L’enjeu était de taille, il fallait concevoir des appartements abordables avec peu de moyens. Pour réduire les coûts, les architectes ont créé un système de plan unique adapté à l’ensemble des futurs appartements. Une inspiration certaine pour les futures unités d’habitation du Corbusier en France et autres travaux de Jean Nouvel. Et tout n’était qu’un savant casse-tête pour savoir comment organiser des espaces déjà réduits au maximum.

Margarete Schütte-Lihotzky


Un appartement typique ouvrier était imaginé en deux pièces. La cuisine avait ainsi plusieurs fonctions : en plus de faire le repas, on y dînait, on y vivait, on s'y lavait, et parfois même, on y dormait. La seconde pièce était quant à elle une « pièce de réception » pour les rares cas où l'on accueillait du monde. Quand Margarete Schütte-Lihotzky intervient sur le projet, elle redéfinit complètement la façon d’aborder ces espaces en dessinant une petite pièce séparée, connectée au séjour par une porte coulissante et ayant pour but de séparer concrètement les fonctions liées au travail (cuisine, repassage..) à celles de la vie et du repos. La cuisine moderne venait de voir le jour et avec elle, le schéma type du foyer contemporain comme nous nous y plaisons aujourd’hui.

L'idée de l’architecte était d’adapter les principes du taylorisme - en vogue à l’époque - au travail domestique. Il s’agissait d’optimiser chacune des actions de la ménagère en étudiant ses gestes et ses déplacements. Elle imagine la cuisine comme une pièce de travail, un laboratoire rationalisé.
Cependant, lorsqu’on entend rationalisation, on est souvent loin des intentions de Schütte-Lihotzky. L’espace était pensé pour minimiser le nombre de pas à faire entre les différentes taches, ainsi, les tiroirs étaient rapprochés, les placards élevés à hauteur de tête, l’architecte a même imaginé une étagère à ingrédients et des tiroirs-verseurs intégrés ; une révolution pour l’époque. La cuisine était donc installée toute équipée, les éléments conventionnels de l’époque n’étant ni fonctionnels ni conçus pour des espaces si réduits. Du positionnement des éclairages et jusqu’à la peinture bleue des tiroirs - parce que les chercheurs de l’époque avaient découvert qu’elle repoussait les mouches - en passant par les matériaux des bocaux qui éloignent les vers de la farine, tout n’était que flexibilité, praticité et gain de temps. C’est ainsi qu’on appellera aussi succinctement cette cuisine moderniste, fonctionnaliste et rationaliste

<p-title>Une figure du féminisme<p-title>

Une cuisine imaginée par une femme pour les femmes. Est-ce suffisant pour parler de féminisme tandis que, pour sûr, Margarete Schütte-Lihotzky n’était pas la cible de sa cuisine ? Elle le disait elle-même dans Das neue Frankfurt en mai 1926, « Les femmes de la classe moyenne, travaillant souvent sans aide (sans domestique) chez elles, ainsi que les femmes de la classe ouvrière, ayant souvent un travail en dehors du foyer, sont surchargées au point que leur stress peut entraîner des répercussions sérieuses sur la santé publique au sens large ».

C’est là toute l’ambivalence. Parce qu’il y avait peut-être cet élan à l’existentialisme de Beauvoir ou à la désinvolture de Chanel à la même époque. Peut-être que dans « rationalisation » il y avait « émancipation » de la femme, liberté. Et si beaucoup confondent peut-être la femme et son travail, d'autres critiqueraient plus l'époque que les indéniables révolutions de Schütte-Lihotzky. Ainsi, pour quelques-uns, il y avait aussi l’intention de réduire le temps de travail ménager - qui ne rapporte pas - pour permettre aux ménagères de partir travailler à l’usine. Je crois que Margarete Schütte-Lihotzky était une femme libérée. Féminine au sein d'un mouvement d'avant-garde majoritairement masculin, elle reste une figure importante pour le mouvement féministe sans pour autant vouloir assurément en être. Elle était de conviction, certains diront féministe, d’autres humaniste, libérale ou simplement artiste. 

Quelqu’il soit, sa carrière dessine une vie inspirante, celle d’une femme qui bouscula la société. À travers ses idéaux et ses travaux, elle participa indéniablement aux changements sociaux modernes et notamment à l’évolution du statut des femmes.

"Planifier et construire, femmes cela vous concerne. Nous formons la plus grande partie de la population et pourrions exercer une influence bien plus grande. Il suffit que nous prenions conscience de notre force"

Un appartement typique ouvrier était imaginé en deux pièces. La cuisine avait ainsi plusieurs fonctions : en plus de faire le repas, on y dînait, on y vivait, on s'y lavait, et parfois même, on y dormait. La seconde pièce était quant à elle une « pièce de réception » pour les rares cas où l'on accueillait du monde. Quand Margarete Schütte-Lihotzky intervient sur le projet, elle redéfinit complètement la façon d’aborder ces espaces en dessinant une petite pièce séparée, connectée au séjour par une porte coulissante et ayant pour but de séparer concrètement les fonctions liées au travail (cuisine, repassage..) à celles de la vie et du repos. La cuisine moderne venait de voir le jour et avec elle, le schéma type du foyer contemporain comme nous nous y plaisons aujourd’hui.

L'idée de l’architecte était d’adapter les principes du taylorisme - en vogue à l’époque - au travail domestique. Il s’agissait d’optimiser chacune des actions de la ménagère en étudiant ses gestes et ses déplacements. Elle imagine la cuisine comme une pièce de travail, un laboratoire rationalisé.
Cependant, lorsqu’on entend rationalisation, on est souvent loin des intentions de Schütte-Lihotzky. L’espace était pensé pour minimiser le nombre de pas à faire entre les différentes taches, ainsi, les tiroirs étaient rapprochés, les placards élevés à hauteur de tête, l’architecte a même imaginé une étagère à ingrédients et des tiroirs-verseurs intégrés ; une révolution pour l’époque. La cuisine était donc installée toute équipée, les éléments conventionnels de l’époque n’étant ni fonctionnels ni conçus pour des espaces si réduits. Du positionnement des éclairages et jusqu’à la peinture bleue des tiroirs - parce que les chercheurs de l’époque avaient découvert qu’elle repoussait les mouches - en passant par les matériaux des bocaux qui éloignent les vers de la farine, tout n’était que flexibilité, praticité et gain de temps. C’est ainsi qu’on appellera aussi succinctement cette cuisine moderniste, fonctionnaliste et rationaliste

<p-title>Une figure du féminisme<p-title>

Une cuisine imaginée par une femme pour les femmes. Est-ce suffisant pour parler de féminisme tandis que, pour sûr, Margarete Schütte-Lihotzky n’était pas la cible de sa cuisine ? Elle le disait elle-même dans Das neue Frankfurt en mai 1926, « Les femmes de la classe moyenne, travaillant souvent sans aide (sans domestique) chez elles, ainsi que les femmes de la classe ouvrière, ayant souvent un travail en dehors du foyer, sont surchargées au point que leur stress peut entraîner des répercussions sérieuses sur la santé publique au sens large ».

C’est là toute l’ambivalence. Parce qu’il y avait peut-être cet élan à l’existentialisme de Beauvoir ou à la désinvolture de Chanel à la même époque. Peut-être que dans « rationalisation » il y avait « émancipation » de la femme, liberté. Et si beaucoup confondent peut-être la femme et son travail, d'autres critiqueraient plus l'époque que les indéniables révolutions de Schütte-Lihotzky. Ainsi, pour quelques-uns, il y avait aussi l’intention de réduire le temps de travail ménager - qui ne rapporte pas - pour permettre aux ménagères de partir travailler à l’usine. Je crois que Margarete Schütte-Lihotzky était une femme libérée. Féminine au sein d'un mouvement d'avant-garde majoritairement masculin, elle reste une figure importante pour le mouvement féministe sans pour autant vouloir assurément en être. Elle était de conviction, certains diront féministe, d’autres humaniste, libérale ou simplement artiste. 

Quelqu’il soit, sa carrière dessine une vie inspirante, celle d’une femme qui bouscula la société. À travers ses idéaux et ses travaux, elle participa indéniablement aux changements sociaux modernes et notamment à l’évolution du statut des femmes.

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Aujourd’hui dans <link-text>Inspiration<link-text>, on aborde les prémices de la fonction, une idée nouvelle pour un homme moderne - certains oseraient dire « femme moderne ». Dans ce deuxième épisode, on parle de l’histoire de la cuisine. Cette pièce de vie parfois très "design" ; aujourd'hui inhérente à n'importe quel foyer parce qu'il est bien inimaginable de ne pas en posséder une chez-soi ; la cuisine, telle que nous la concevons aujourd'hui, n'existait même pas il y a cent ans. C’est peut-être ce qu’il y a de plus fascinant avec notre époque : nous baignons dans cette substitution de bouleversements qui ont eu lieu il y a si peu de temps.

Pour vous parler des prémices de la fonction, il faut vous raconter l’un des chapitres du design, l’histoire de la cuisine en Allemagne : la Cuisine de Francfort. Il faut peut-être comprendre qu’avant même le 20e siècle, la cuisine n’existait pas. Les premières se rapprochant de l’image de nos cuisines modernes remontent au Moyen Age. Seul les châteaux et les maisons bourgeoises en avaient et elles étaient placées à l’écart - au sous-sol ou carrément à l’extérieur - pour éviter les incendies. Et après le Moyen Age ? Aucun grand changement. Jusqu’aux années 1900, la plupart des habitants n’avaient pas accès à une véritable cuisine mais souvent seulement à une table et une cheminée dans leurs maisons.

Sara Pennelle, maître de conférences en histoire à l’Université de Greenwich et Nancy Carlisle, conservatrice principale des collections à Historic New England ont cherchées à représenter l’évolution de la cuisine en modélisant la pièce sur 6 périodes différentes de 1520 à 2020.
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L’une des principales raisons de cette stagnation est technique. Il faut attendre la Révolution industrielle à la fin du 19e siècle pour avoir accès à l’eau courante, le gaz et l’électricité. La cuisine telle que nous la connaissons aujourd’hui apparaît donc pour la première fois en 1926 sous le nom de <link-text>Cuisine de Francfort<link-text>. Elle est inventée par l’architecte autrichienne Margarete Schütte-Lihotzky pour répondre à une pénurie de logements en Allemagne à la suite de la Première Guerre mondiale

Un grand nombre de projets d'habitats sociaux sont imaginés dans les années 20 pour augmenter le nombre d'appartements à louer. L’enjeu était de taille, il fallait concevoir des appartements abordables avec peu de moyens. Pour réduire les coûts, les architectes ont créé un système de plan unique adapté à l’ensemble des futurs appartements. Une inspiration certaine pour les futures unités d’habitation du Corbusier en France et autres travaux de Jean Nouvel. Et tout n’était qu’un savant casse-tête pour savoir comment organiser des espaces déjà réduits au maximum.

Margarete Schütte-Lihotzky


Un appartement typique ouvrier était imaginé en deux pièces. La cuisine avait ainsi plusieurs fonctions : en plus de faire le repas, on y dînait, on y vivait, on s'y lavait, et parfois même, on y dormait. La seconde pièce était quant à elle une « pièce de réception » pour les rares cas où l'on accueillait du monde. Quand Margarete Schütte-Lihotzky intervient sur le projet, elle redéfinit complètement la façon d’aborder ces espaces en dessinant une petite pièce séparée, connectée au séjour par une porte coulissante et ayant pour but de séparer concrètement les fonctions liées au travail (cuisine, repassage..) à celles de la vie et du repos. La cuisine moderne venait de voir le jour et avec elle, le schéma type du foyer contemporain comme nous nous y plaisons aujourd’hui.

L'idée de l’architecte était d’adapter les principes du taylorisme - en vogue à l’époque - au travail domestique. Il s’agissait d’optimiser chacune des actions de la ménagère en étudiant ses gestes et ses déplacements. Elle imagine la cuisine comme une pièce de travail, un laboratoire rationalisé.
Cependant, lorsqu’on entend rationalisation, on est souvent loin des intentions de Schütte-Lihotzky. L’espace était pensé pour minimiser le nombre de pas à faire entre les différentes taches, ainsi, les tiroirs étaient rapprochés, les placards élevés à hauteur de tête, l’architecte a même imaginé une étagère à ingrédients et des tiroirs-verseurs intégrés ; une révolution pour l’époque. La cuisine était donc installée toute équipée, les éléments conventionnels de l’époque n’étant ni fonctionnels ni conçus pour des espaces si réduits. Du positionnement des éclairages et jusqu’à la peinture bleue des tiroirs - parce que les chercheurs de l’époque avaient découvert qu’elle repoussait les mouches - en passant par les matériaux des bocaux qui éloignent les vers de la farine, tout n’était que flexibilité, praticité et gain de temps. C’est ainsi qu’on appellera aussi succinctement cette cuisine moderniste, fonctionnaliste et rationaliste

<p-title>Une figure du féminisme<p-title>

Une cuisine imaginée par une femme pour les femmes. Est-ce suffisant pour parler de féminisme tandis que, pour sûr, Margarete Schütte-Lihotzky n’était pas la cible de sa cuisine ? Elle le disait elle-même dans Das neue Frankfurt en mai 1926, « Les femmes de la classe moyenne, travaillant souvent sans aide (sans domestique) chez elles, ainsi que les femmes de la classe ouvrière, ayant souvent un travail en dehors du foyer, sont surchargées au point que leur stress peut entraîner des répercussions sérieuses sur la santé publique au sens large ».

C’est là toute l’ambivalence. Parce qu’il y avait peut-être cet élan à l’existentialisme de Beauvoir ou à la désinvolture de Chanel à la même époque. Peut-être que dans « rationalisation » il y avait « émancipation » de la femme, liberté. Et si beaucoup confondent peut-être la femme et son travail, d'autres critiqueraient plus l'époque que les indéniables révolutions de Schütte-Lihotzky. Ainsi, pour quelques-uns, il y avait aussi l’intention de réduire le temps de travail ménager - qui ne rapporte pas - pour permettre aux ménagères de partir travailler à l’usine. Je crois que Margarete Schütte-Lihotzky était une femme libérée. Féminine au sein d'un mouvement d'avant-garde majoritairement masculin, elle reste une figure importante pour le mouvement féministe sans pour autant vouloir assurément en être. Elle était de conviction, certains diront féministe, d’autres humaniste, libérale ou simplement artiste. 

Quelqu’il soit, sa carrière dessine une vie inspirante, celle d’une femme qui bouscula la société. À travers ses idéaux et ses travaux, elle participa indéniablement aux changements sociaux modernes et notamment à l’évolution du statut des femmes.

"Planifier et construire, femmes cela vous concerne. Nous formons la plus grande partie de la population et pourrions exercer une influence bien plus grande. Il suffit que nous prenions conscience de notre force"

Un appartement typique ouvrier était imaginé en deux pièces. La cuisine avait ainsi plusieurs fonctions : en plus de faire le repas, on y dînait, on y vivait, on s'y lavait, et parfois même, on y dormait. La seconde pièce était quant à elle une « pièce de réception » pour les rares cas où l'on accueillait du monde. Quand Margarete Schütte-Lihotzky intervient sur le projet, elle redéfinit complètement la façon d’aborder ces espaces en dessinant une petite pièce séparée, connectée au séjour par une porte coulissante et ayant pour but de séparer concrètement les fonctions liées au travail (cuisine, repassage..) à celles de la vie et du repos. La cuisine moderne venait de voir le jour et avec elle, le schéma type du foyer contemporain comme nous nous y plaisons aujourd’hui.

L'idée de l’architecte était d’adapter les principes du taylorisme - en vogue à l’époque - au travail domestique. Il s’agissait d’optimiser chacune des actions de la ménagère en étudiant ses gestes et ses déplacements. Elle imagine la cuisine comme une pièce de travail, un laboratoire rationalisé.
Cependant, lorsqu’on entend rationalisation, on est souvent loin des intentions de Schütte-Lihotzky. L’espace était pensé pour minimiser le nombre de pas à faire entre les différentes taches, ainsi, les tiroirs étaient rapprochés, les placards élevés à hauteur de tête, l’architecte a même imaginé une étagère à ingrédients et des tiroirs-verseurs intégrés ; une révolution pour l’époque. La cuisine était donc installée toute équipée, les éléments conventionnels de l’époque n’étant ni fonctionnels ni conçus pour des espaces si réduits. Du positionnement des éclairages et jusqu’à la peinture bleue des tiroirs - parce que les chercheurs de l’époque avaient découvert qu’elle repoussait les mouches - en passant par les matériaux des bocaux qui éloignent les vers de la farine, tout n’était que flexibilité, praticité et gain de temps. C’est ainsi qu’on appellera aussi succinctement cette cuisine moderniste, fonctionnaliste et rationaliste

<p-title>Une figure du féminisme<p-title>

Une cuisine imaginée par une femme pour les femmes. Est-ce suffisant pour parler de féminisme tandis que, pour sûr, Margarete Schütte-Lihotzky n’était pas la cible de sa cuisine ? Elle le disait elle-même dans Das neue Frankfurt en mai 1926, « Les femmes de la classe moyenne, travaillant souvent sans aide (sans domestique) chez elles, ainsi que les femmes de la classe ouvrière, ayant souvent un travail en dehors du foyer, sont surchargées au point que leur stress peut entraîner des répercussions sérieuses sur la santé publique au sens large ».

C’est là toute l’ambivalence. Parce qu’il y avait peut-être cet élan à l’existentialisme de Beauvoir ou à la désinvolture de Chanel à la même époque. Peut-être que dans « rationalisation » il y avait « émancipation » de la femme, liberté. Et si beaucoup confondent peut-être la femme et son travail, d'autres critiqueraient plus l'époque que les indéniables révolutions de Schütte-Lihotzky. Ainsi, pour quelques-uns, il y avait aussi l’intention de réduire le temps de travail ménager - qui ne rapporte pas - pour permettre aux ménagères de partir travailler à l’usine. Je crois que Margarete Schütte-Lihotzky était une femme libérée. Féminine au sein d'un mouvement d'avant-garde majoritairement masculin, elle reste une figure importante pour le mouvement féministe sans pour autant vouloir assurément en être. Elle était de conviction, certains diront féministe, d’autres humaniste, libérale ou simplement artiste. 

Quelqu’il soit, sa carrière dessine une vie inspirante, celle d’une femme qui bouscula la société. À travers ses idéaux et ses travaux, elle participa indéniablement aux changements sociaux modernes et notamment à l’évolution du statut des femmes.

"Planifier et construire, femmes cela vous concerne. Nous formons la plus grande partie de la population et pourrions exercer une influence bien plus grande. Il suffit que nous prenions conscience de notre force"

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Une figure du féminisme : la Cuisine de Francfort
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Vous avez ressorti ce bon vieux lecteur CD qui date de 30 ans et que vous avez retrouvé en faisant du rangement parce que oui, vous avez fait du rangement. Et comme d’un esprit un peu trop nostalgique, vous vous laissez guider par le son des écouteurs. Ah... C’était la belle époque.
Vous regardez par la fenêtre pour capter une nuance de sociabilité mais en tournant ne serait-ce que légèrement la tête, vous faite sauter le disque. Alors ? Qui tiendra le plus longtemps ? Vous, ou ce bon vieux The Razors Edge d’AC/DC ?
Vous l’aurez compris, DÉSABUSÉ soutient la création et si je parle de Veillée, c’est parce que SUSPENSION reprend le même schéma : soutenir les jeunes artistes émergents. Et si toutefois vous aviez besoin de quelque chose d’encore un plus plus frais, de plus «désabusé», la RADIO est toujours disponible, elle aussi sur spotify.

Bref, si vous avez besoin de musique pour tenir bon en ce troisième incessant confinement ; parce qu’appelons un chat un chat : nous ne pouvons rien faire donc nous sommes bien « confinés » ;  et bien vous pouvez tout de même être sur d'une chose : vous trouverez forcement chaussure à votre pied, du moins en attendant de se voir en live...
Un rythme que la plupart des acteurs du domaine associatif ont du mal à suivre et c’est bien normal. Alors après le report de l’édition de 2020, la Fédération Musicale de Savoie réouvre ses portes à l’ensemble de ses adhérents pour l’édition de 2021. On se donne donc rendez-vous le samedi 26 juin pour parler design et communication associative.

Et quand le graphisme rime aujourd’hui avec pollution visuelle, que de réelles initiatives qui font du bien se noient aux cotés d’attrapes rêves bouffeurs d’argents et que certains acteurs importants de la vie culturelle succombent à la vie numérique bien trop abstraite pour eux, prendre la parole, éduquer, sensibiliser, ouvrir le regard, devient une réelle action sociale, d’une importance toute particulière pour chaque vrai designer.

Laisse

<intro-body>Il y a cet héritage qu’on ne sait presque dater. Il aurait un siècle mais paraîtrait n’avoir qu’à peine vingt ans. Tangible, parce que lorsque l’on nous parle d’Histoire comme celle qui a construit notre civilisation ; que l’on nous rappelle tous les ans les révolutions et les armistices, tout paraît loin, vieux, d’un autre monde, tandis que cet ancrage-ci, lui, nous est encore si familier. Certes, certains combats du passé font encore inconcevablement partie de notre présent, mais je vous parle ici d’une philosophie - elle-même naissant des conflits et de l’entre-deux-guerres - celle de l’aspiration, de l’inspiration et du design. Je vous parle des prémices, d’une époque où le mot « design » n'a pas vraiment de sens - du moins pas celui que l’on entend aujourd’hui. Je vous parle ainsi des débuts, non si lointains, d’expérimentation, ceux d’une école - le Bauhaus - qui soutenait que l'art se devait de répondre aux besoins de la société. Et si vous regardez les croquis d’une de ces jeunes étudiantes des années 20, presqu’au risque de les confondre d’époque, vous verrez vos meubles de cuisine, le catalogue des grands magasins de mobilier, les chaises des salles de cours...<intro-body>

Aujourd’hui dans <link-text>Inspiration<link-text>, on aborde les prémices de la fonction, une idée nouvelle pour un homme moderne - certains oseraient dire « femme moderne ». Dans ce deuxième épisode, on parle de l’histoire de la cuisine. Cette pièce de vie parfois très "design" ; aujourd'hui inhérente à n'importe quel foyer parce qu'il est bien inimaginable de ne pas en posséder une chez-soi ; la cuisine, telle que nous la concevons aujourd'hui, n'existait même pas il y a cent ans. C’est peut-être ce qu’il y a de plus fascinant avec notre époque : nous baignons dans cette substitution de bouleversements qui ont eu lieu il y a si peu de temps.

Pour vous parler des prémices de la fonction, il faut vous raconter l’un des chapitres du design, l’histoire de la cuisine en Allemagne : la Cuisine de Francfort. Il faut peut-être comprendre qu’avant même le 20e siècle, la cuisine n’existait pas. Les premières se rapprochant de l’image de nos cuisines modernes remontent au Moyen Age. Seul les châteaux et les maisons bourgeoises en avaient et elles étaient placées à l’écart - au sous-sol ou carrément à l’extérieur - pour éviter les incendies. Et après le Moyen Age ? Aucun grand changement. Jusqu’aux années 1900, la plupart des habitants n’avaient pas accès à une véritable cuisine mais souvent seulement à une table et une cheminée dans leurs maisons.

Sara Pennelle, maître de conférences en histoire à l’Université de Greenwich et Nancy Carlisle, conservatrice principale des collections à Historic New England ont cherchées à représenter l’évolution de la cuisine en modélisant la pièce sur 6 périodes différentes de 1520 à 2020.
homeadvisor.com

L’une des principales raisons de cette stagnation est technique. Il faut attendre la Révolution industrielle à la fin du 19e siècle pour avoir accès à l’eau courante, le gaz et l’électricité. La cuisine telle que nous la connaissons aujourd’hui apparaît donc pour la première fois en 1926 sous le nom de <link-text>Cuisine de Francfort<link-text>. Elle est inventée par l’architecte autrichienne Margarete Schütte-Lihotzky pour répondre à une pénurie de logements en Allemagne à la suite de la Première Guerre mondiale

Un grand nombre de projets d'habitats sociaux sont imaginés dans les années 20 pour augmenter le nombre d'appartements à louer. L’enjeu était de taille, il fallait concevoir des appartements abordables avec peu de moyens. Pour réduire les coûts, les architectes ont créé un système de plan unique adapté à l’ensemble des futurs appartements. Une inspiration certaine pour les futures unités d’habitation du Corbusier en France et autres travaux de Jean Nouvel. Et tout n’était qu’un savant casse-tête pour savoir comment organiser des espaces déjà réduits au maximum.

Margarete Schütte-Lihotzky


Une figure du féminisme : la Cuisine de Francfort

<intro-body>Il y a cet héritage qu’on ne sait presque dater. Il aurait un siècle mais paraîtrait n’avoir qu’à peine vingt ans. Tangible, parce que lorsque l’on nous parle d’Histoire comme celle qui a construit notre civilisation ; que l’on nous rappelle tous les ans les révolutions et les armistices, tout paraît loin, vieux, d’un autre monde, tandis que cet ancrage-ci, lui, nous est encore si familier. Certes, certains combats du passé font encore inconcevablement partie de notre présent, mais je vous parle ici d’une philosophie - elle-même naissant des conflits et de l’entre-deux-guerres - celle de l’aspiration, de l’inspiration et du design. Je vous parle des prémices, d’une époque où le mot « design » n'a pas vraiment de sens - du moins pas celui que l’on entend aujourd’hui. Je vous parle ainsi des débuts, non si lointains, d’expérimentation, ceux d’une école - le Bauhaus - qui soutenait que l'art se devait de répondre aux besoins de la société. Et si vous regardez les croquis d’une de ces jeunes étudiantes des années 20, presqu’au risque de les confondre d’époque, vous verrez vos meubles de cuisine, le catalogue des grands magasins de mobilier, les chaises des salles de cours...<intro-body>

Aujourd’hui dans <link-text>Inspiration<link-text>, on aborde les prémices de la fonction, une idée nouvelle pour un homme moderne - certains oseraient dire « femme moderne ». Dans ce deuxième épisode, on parle de l’histoire de la cuisine. Cette pièce de vie parfois très "design" ; aujourd'hui inhérente à n'importe quel foyer parce qu'il est bien inimaginable de ne pas en posséder une chez-soi ; la cuisine, telle que nous la concevons aujourd'hui, n'existait même pas il y a cent ans. C’est peut-être ce qu’il y a de plus fascinant avec notre époque : nous baignons dans cette substitution de bouleversements qui ont eu lieu il y a si peu de temps.

Pour vous parler des prémices de la fonction, il faut vous raconter l’un des chapitres du design, l’histoire de la cuisine en Allemagne : la Cuisine de Francfort. Il faut peut-être comprendre qu’avant même le 20e siècle, la cuisine n’existait pas. Les premières se rapprochant de l’image de nos cuisines modernes remontent au Moyen Age. Seul les châteaux et les maisons bourgeoises en avaient et elles étaient placées à l’écart - au sous-sol ou carrément à l’extérieur - pour éviter les incendies. Et après le Moyen Age ? Aucun grand changement. Jusqu’aux années 1900, la plupart des habitants n’avaient pas accès à une véritable cuisine mais souvent seulement à une table et une cheminée dans leurs maisons.

Sara Pennelle, maître de conférences en histoire à l’Université de Greenwich et Nancy Carlisle, conservatrice principale des collections à Historic New England ont cherchées à représenter l’évolution de la cuisine en modélisant la pièce sur 6 périodes différentes de 1520 à 2020.
homeadvisor.com

L’une des principales raisons de cette stagnation est technique. Il faut attendre la Révolution industrielle à la fin du 19e siècle pour avoir accès à l’eau courante, le gaz et l’électricité. La cuisine telle que nous la connaissons aujourd’hui apparaît donc pour la première fois en 1926 sous le nom de <link-text>Cuisine de Francfort<link-text>. Elle est inventée par l’architecte autrichienne Margarete Schütte-Lihotzky pour répondre à une pénurie de logements en Allemagne à la suite de la Première Guerre mondiale

Un grand nombre de projets d'habitats sociaux sont imaginés dans les années 20 pour augmenter le nombre d'appartements à louer. L’enjeu était de taille, il fallait concevoir des appartements abordables avec peu de moyens. Pour réduire les coûts, les architectes ont créé un système de plan unique adapté à l’ensemble des futurs appartements. Une inspiration certaine pour les futures unités d’habitation du Corbusier en France et autres travaux de Jean Nouvel. Et tout n’était qu’un savant casse-tête pour savoir comment organiser des espaces déjà réduits au maximum.

Margarete Schütte-Lihotzky




L,
Lesbienne, une femme éprouvant une attirance sexuelle envers une femme.

G, Gay, un homme éprouvant une attirance sexuelle envers un homme.

B, Bi, une personne ayant une attirance sexuelle envers deux, plusieurs ou tous les genres.

T, Trans, une personne dont l'identité de genre ne correspond pas au genre assigné à la naissance.
("Trans", c'est qu'on entend quand on parle de l'identité de quelqu'un, pas d'amalgame, ce n'est absolument pas une orientation sexuelle.)

Q, Queer. C'est un terme large qui englobe l'ensemble des personnes ayant une sexualité ou une identité de genre différentes de l'hétérosexualité ou de la cisidentité.

I, Intersexe. Ce terme ne désigne ni une orientation sexuelle ni une identité de genre. Il désigne les personnes qui sont anatomiquement né ni homme, ni femme. Le mannequin Hanne Gaby Odiele par exemple, qui a posé pour Chanel, Dior, Vuitton et j'en passe.. a révélée être intersexe. Elle était née "garçon" avec un chromosome X et un Y mais ressemblait à une fille. Son corps était résistant aux androgènes, des hormones qui stimulent le développement et le maintien des caractères mâles chez les vertébrés comme l'Homme.

A, Asexuel, une personne n'ayant pas d'attirance physique et|ou revendiquant ne pas ressentir le besoin de s'engager dans des relations sexuelles.

Q, Questioning, une personne qui se questionne sur sa sexualité.

P, Pansexuel, une personne pour qui l'identité de genre d'une personne n'a pas d'impact sur son attirance.



LGBT+ : découvrir le monde qui nous entoureLGBT+ : découvrir le monde qui nous entoure
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Un article du magazine Audacieux



<intro-body>Il y a cet héritage qu’on ne sait presque dater. Il aurait un siècle mais paraîtrait n’avoir qu’à peine vingt ans. Tangible, parce que lorsque l’on nous parle d’Histoire comme celle qui a construit notre civilisation ; que l’on nous rappelle tous les ans les révolutions et les armistices, tout paraît loin, vieux, d’un autre monde, tandis que cet ancrage-ci, lui, nous est encore si familier. Certes, certains combats du passé font encore inconcevablement partie de notre présent, mais je vous parle ici d’une philosophie - elle-même naissant des conflits et de l’entre-deux-guerres - celle de l’aspiration, de l’inspiration et du design. Je vous parle des prémices, d’une époque où le mot « design » n'a pas vraiment de sens - du moins pas celui que l’on entend aujourd’hui. Je vous parle ainsi des débuts, non si lointains, d’expérimentation, ceux d’une école - le Bauhaus - qui soutenait que l'art se devait de répondre aux besoins de la société. Et si vous regardez les croquis d’une de ces jeunes étudiantes des années 20, presqu’au risque de les confondre d’époque, vous verrez vos meubles de cuisine, le catalogue des grands magasins de mobilier, les chaises des salles de cours...<intro-body>

Aujourd’hui dans <link-text>Inspiration<link-text>, on aborde les prémices de la fonction, une idée nouvelle pour un homme moderne - certains oseraient dire « femme moderne ». Dans ce deuxième épisode, on parle de l’histoire de la cuisine. Cette pièce de vie parfois très "design" ; aujourd'hui inhérente à n'importe quel foyer parce qu'il est bien inimaginable de ne pas en posséder une chez-soi ; la cuisine, telle que nous la concevons aujourd'hui, n'existait même pas il y a cent ans. C’est peut-être ce qu’il y a de plus fascinant avec notre époque : nous baignons dans cette substitution de bouleversements qui ont eu lieu il y a si peu de temps.

Pour vous parler des prémices de la fonction, il faut vous raconter l’un des chapitres du design, l’histoire de la cuisine en Allemagne : la Cuisine de Francfort. Il faut peut-être comprendre qu’avant même le 20e siècle, la cuisine n’existait pas. Les premières se rapprochant de l’image de nos cuisines modernes remontent au Moyen Age. Seul les châteaux et les maisons bourgeoises en avaient et elles étaient placées à l’écart - au sous-sol ou carrément à l’extérieur - pour éviter les incendies. Et après le Moyen Age ? Aucun grand changement. Jusqu’aux années 1900, la plupart des habitants n’avaient pas accès à une véritable cuisine mais souvent seulement à une table et une cheminée dans leurs maisons.

Sara Pennelle, maître de conférences en histoire à l’Université de Greenwich et Nancy Carlisle, conservatrice principale des collections à Historic New England ont cherchées à représenter l’évolution de la cuisine en modélisant la pièce sur 6 périodes différentes de 1520 à 2020.
homeadvisor.com

L’une des principales raisons de cette stagnation est technique. Il faut attendre la Révolution industrielle à la fin du 19e siècle pour avoir accès à l’eau courante, le gaz et l’électricité. La cuisine telle que nous la connaissons aujourd’hui apparaît donc pour la première fois en 1926 sous le nom de <link-text>Cuisine de Francfort<link-text>. Elle est inventée par l’architecte autrichienne Margarete Schütte-Lihotzky pour répondre à une pénurie de logements en Allemagne à la suite de la Première Guerre mondiale

Un grand nombre de projets d'habitats sociaux sont imaginés dans les années 20 pour augmenter le nombre d'appartements à louer. L’enjeu était de taille, il fallait concevoir des appartements abordables avec peu de moyens. Pour réduire les coûts, les architectes ont créé un système de plan unique adapté à l’ensemble des futurs appartements. Une inspiration certaine pour les futures unités d’habitation du Corbusier en France et autres travaux de Jean Nouvel. Et tout n’était qu’un savant casse-tête pour savoir comment organiser des espaces déjà réduits au maximum.

Margarete Schütte-Lihotzky

Un appartement typique ouvrier était imaginé en deux pièces. La cuisine avait ainsi plusieurs fonctions : en plus de faire le repas, on y dînait, on y vivait, on s'y lavait, et parfois même, on y dormait. La seconde pièce était quant à elle une « pièce de réception » pour les rares cas où l'on accueillait du monde. Quand Margarete Schütte-Lihotzky intervient sur le projet, elle redéfinit complètement la façon d’aborder ces espaces en dessinant une petite pièce séparée, connectée au séjour par une porte coulissante et ayant pour but de séparer concrètement les fonctions liées au travail (cuisine, repassage..) à celles de la vie et du repos. La cuisine moderne venait de voir le jour et avec elle, le schéma type du foyer contemporain comme nous nous y plaisons aujourd’hui.

L'idée de l’architecte était d’adapter les principes du taylorisme - en vogue à l’époque - au travail domestique. Il s’agissait d’optimiser chacune des actions de la ménagère en étudiant ses gestes et ses déplacements. Elle imagine la cuisine comme une pièce de travail, un laboratoire rationalisé.
Cependant, lorsqu’on entend rationalisation, on est souvent loin des intentions de Schütte-Lihotzky. L’espace était pensé pour minimiser le nombre de pas à faire entre les différentes taches, ainsi, les tiroirs étaient rapprochés, les placards élevés à hauteur de tête, l’architecte a même imaginé une étagère à ingrédients et des tiroirs-verseurs intégrés ; une révolution pour l’époque. La cuisine était donc installée toute équipée, les éléments conventionnels de l’époque n’étant ni fonctionnels ni conçus pour des espaces si réduits. Du positionnement des éclairages et jusqu’à la peinture bleue des tiroirs - parce que les chercheurs de l’époque avaient découvert qu’elle repoussait les mouches - en passant par les matériaux des bocaux qui éloignent les vers de la farine, tout n’était que flexibilité, praticité et gain de temps. C’est ainsi qu’on appellera aussi succinctement cette cuisine moderniste, fonctionnaliste et rationaliste

<p-title>Une figure du féminisme<p-title>

Une cuisine imaginée par une femme pour les femmes. Est-ce suffisant pour parler de féminisme tandis que, pour sûr, Margarete Schütte-Lihotzky n’était pas la cible de sa cuisine ? Elle le disait elle-même dans Das neue Frankfurt en mai 1926, « Les femmes de la classe moyenne, travaillant souvent sans aide (sans domestique) chez elles, ainsi que les femmes de la classe ouvrière, ayant souvent un travail en dehors du foyer, sont surchargées au point que leur stress peut entraîner des répercussions sérieuses sur la santé publique au sens large ».

C’est là toute l’ambivalence. Parce qu’il y avait peut-être cet élan à l’existentialisme de Beauvoir ou à la désinvolture de Chanel à la même époque. Peut-être que dans « rationalisation » il y avait « émancipation » de la femme, liberté. Et si beaucoup confondent peut-être la femme et son travail, d'autres critiqueraient plus l'époque que les indéniables révolutions de Schütte-Lihotzky. Ainsi, pour quelques-uns, il y avait aussi l’intention de réduire le temps de travail ménager - qui ne rapporte pas - pour permettre aux ménagères de partir travailler à l’usine. Je crois que Margarete Schütte-Lihotzky était une femme libérée. Féminine au sein d'un mouvement d'avant-garde majoritairement masculin, elle reste une figure importante pour le mouvement féministe sans pour autant vouloir assurément en être. Elle était de conviction, certains diront féministe, d’autres humaniste, libérale ou simplement artiste. 

Quelqu’il soit, sa carrière dessine une vie inspirante, celle d’une femme qui bouscula la société. À travers ses idéaux et ses travaux, elle participa indéniablement aux changements sociaux modernes et notamment à l’évolution du statut des femmes.

"Planifier et construire, femmes cela vous concerne. Nous formons la plus grande partie de la population et pourrions exercer une influence bien plus grande. Il suffit que nous prenions conscience de notre force"

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LES DROITS DES PERSONNES LGBT EN FRANCE :

Aujourd'hui c'est l'occasion, en abordant les droits des personnes LGBT, de faire la rétrospective d'une révolution sexuelle qui dure, évolue et s'affirme depuis des siècles. Un peu d'histoire donc, ça ne fait pas de mal, surtout lorsqu'on peut se remémorer celle, ceux et celles qui se sont battus pour que les pensées évoluent.

1791

La Révolution française décriminalise les relations homosexuelles.

1945

Distinction entre les sexualités & l’âge pour les rapports sexuels. 21 ans pour les rapports homosexuels & 13 ans pour les rapports hétérosexuels.

1965

Doublage de la peine minimum pour outrage public à la pudeur lorsqu’il s’agissait de rapports homosexuels.

1974

L’âge de majorité sexuelle pour les rapports homosexuels est abaissé à 18 ans, puisque la loi change l’âge de majorité.

1978

La loi va passer de la répression de l’homosexualité à celle de l’homophobie.

1980

Supression du doublage de peine établit en 1960.

1982

Législation discriminatoire concernant l’âge de consentement est abolie.

1983

Discrimination dans la possibilité de donner son sang pour les personnes homosexuelles, suite à l’épidémie du sida.

1985

Protection contre les discriminations en raison de l’orientation sexuelle.

1999

Les couples de même sexe sont reconnus par le concubinage, & adoption possible mais qu’en tant que célibataire.

2004

L’homophobie fait partit des motifs de discriminations, & peine établie lors de propos publics incitant à la haine, diffamatoire ou injurieux en raison de l’orientation sexuelle.

2005

Peine pour la diffamation, l’injure & la provocation à la haine non publiques

2010

La transidentité n’est plus considérée comme une maladie mentale.

2013

Le mariage des couples de même sexe, & adoption possible par les couples homosexuels mariés, ainsi que l’adoption de l’enfant du conjoint au sein d’un couple marié.

2015

Interdiction de toute discrimination pour le don du sang en raison de son orientation sexuelle.

2016

Les HSH (homme ayant des rapports sexuels avec un ou d'autres hommes) ayant été abstinents pendant 1 an peuvent alors donner leur sang, cet arrêté prend effet à partir du 10 juillet de la même année. De plus, les personnes dans une relation stable depuis 4 mois ou qui ont été abstinents pendant 4 mois, peuvent donner leur plasma sanguin pour des études.

2016

Reconnaissance de l’identité de genre comme l’un des critères de discrimination.

2016

Changement d’état civil pour les personnes trans établit (gratuitement & en mairie pour le prénom, mais la décision d’un tribunal pour le genre est toujours d’actualité), & sans l’obligation d’intervention chirurgicale.

2017

Reconnaissance de la transphobie comme une circonstance aggravante applicable à l’ensemble des crimes ou des délits punis d’une peine d’emprisonnement.

2019

Autorisation d’insémination artificielle avec donneur aux femmes cis, & non aux personnes trans.

2020

L’arrêté de 2019 est abaissé de 12 à 4 mois, pour la durée d’abstinence permettant aux HSH de donner leur sang.

2021

Depuis août 2021, les couples de femmes ont accès à la procréation médicalement assistée (PMA), au même titre que les femmes seules et les femmes en couple avec un homme.

2021

L'UE déclarée zone de liberté LGBTIQ. Une résolution qui reconnaît l’ensemble du territoire européen comme "zone de liberté LGBTIQ"(nouvelle fenêtre) et rappelle que les autorités nationales dans l’ensemble de l’Union, devraient protéger et promouvoir l’égalité et les droits fondamentaux pour tous, y compris pour les personnes LGBTIQ.

2020_2013

Le "Plan national d’actions pour l’égalité, contre la haine et les discriminations anti-LGBT+" continu. Cette action liste 42 mesures concernant tous les domaines de la vie quotidienne : la sphère familiale, l’école, l’université, le travail, le sport, la santé, etc. Entre autres :
  • L’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes célibataires    La facilitation de l’utilisation du prénom d’usage pour les personnes trans dans les documents administratifs non officiels pour les agents de la fonction publique comme pour les usagers  
  • L’élaboration d’un guide sur l’accueil des élèves et des étudiants trans à destination de l’ensemble du personnel de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur    
  • La lutte contre les thérapies dites « de conversion »    La poursuite de l’adaptation des formulaires administratifs afin d’inclure les familles homoparentales    
  • Le développement de la formation continue des référents LGBT+ au sein des commissariats de police et des brigades de gendarmerie

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