Ils sont, pour ainsi dire, aussi vieux que le cinéma. Pour cause, avant de connaître les films parlants, nous nous suffisions à ces significatifs intertitres et didascalies ; d’un autre temps aujourd’hui. Les frères Lumière déposèrent le brevet du Cinématographe en mars 1895 et jusqu’aux années 1926 - 1927, l’industrie tend progressivement vers le film sonore. D’abord, il y avait ces ‘cartons’ imaginés au début des années 1900 pour rendre les films plus compréhensibles. Ils s’intercalaient entre les séquences pour renseigner sur l’évolution de l’intrigue, préciser le contexte et retranscrire les dialogues. Ensuite, il y a eu la bande-son et c’est à Warner Bros que l’on doit de la synchroniser avec l’image - technique mis au point bien plus tard.
L’arrivée du cinéma sonore est naturellement un bouleversement technique mais aussi sur le plan culturel : une délicate question d’accessibilité. Si jusqu’alors le cinéma paraissait universel - dans une certaine mesure - le film se heurte aux barrières de la langue et de la culture. Et encore davantage, il s’agit pour les grands studios hollywoodiens et allemands de l’époque de ne pas perdre leurs précieuses recettes.
<p-title>Des méthodes de traduction<p-title>
Nous sommes aux prémices des années 30, une période rythmée par l’expérimentation et la recherche de nouvelles méthodes pour pallier les contraintes du langage. Plusieurs solutions sont imaginées, parmi elles, celle de tourner un même film en plusieurs langues. Ce n’est pas du doublage, l’idée - aujourd’hui un tantinet illuminée - de rassembler des équipes de comédiens parlant leur propre langue et de les faire se succéder dans les mêmes décors, en répétant le plan initial autant de fois qu’il y avait de version.
L’ère du marketing et de l’influence n’étant pas ce qu’elle est aujourd'hui, un détail n’avait peut-être pas, jusqu’alors, été pris en compte : le public préfère retrouver sa vedette favorite même si elle ne parle pas sa langue. Greta Garbo, Marlene Dietrich, Lionel Barrymore, un peu plus tôt Chaplin ou Arbuckle, la belle époque de l’après-guerre rimait avec l’âge d’or du cinéma, lui-même avec stars et fantasmes, alimentant l'engouement du public pour les têtes d’affiche.
Surtout, la méthode engendrait des coûts énormes tandis que certains studios hollywoodiens testaient leur première expérience de doublage, bien moins contraignantes. Tandis que le sous-titrage, tel que nous le connaissons, était déjà employé par Hitchcock dans des films du muet, en France, le doublage s’impose encore plus rapidement. Les sous-titres souffraient bien souvent de problèmes de lisibilité ; les techniques étant bien plus fastidieuses qu’aujourd’hui, consistant tantôt à graver la pellicule, tantôt à une impression du texte.
<p-title>Le doublage s'impose<p-title>
En 1932, bien que les premières tentatives de doublage étaient, elles aussi, de médiocres qualités, nombreux craignaient que cette technique n’influe sur de nouvelles dynamiques néfastes et n’aggrave le chômage des intermittents du spectacle. Les protestations aboutissent à ce qu’un décret gouvernemental impose la réalisation en France du doublage des films étrangers et ce, avec un personnel entièrement français. Le décret priorise aussi largement l’exploitation des films en version doublée. C’est de cette mouvance que l’on doit, encore aujourd’hui, la prééminence des fameuses VF mais aussi sa qualité largement significative quant aux autres versions européennes, russes, coréennes et j’en passe...
<p-title>La télévision<p-title>
Le sous-titre se démocratise peut-être bien plus tard, non plus dans une démarche de traduction, mais avec une tout autre visée : l’accessibilité aux personnes sourdes et malentendantes. Aux États-Unis, c’est en 1972 qu’apparaît le premier programme sous-titré, dix ans plus tard en France. Ce sont les premiers sous-titres SME (sourds et malentendants). Les medias français exploitent un système initialement prévu pour les brèves informations comme la météo ou les programmes journaliers. C’était le système 'Antiope', d’abord dès 1979 sur Antenne 2 puis, en 1984, sur les chaînes nationales (TF1, Antenne 2, FR3). Cette même année, le sous-titrage SME est devenu une obligation pour toutes les chaînes de télévision publiques françaises et c’est en 2000 que l’obligation est étendue à l’ensemble des chaînes hertziennes.
<p-title>Une question d'accessibilité<p-title>
Un enjeu aussi de la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées tendait donc forcément à renforcer encore les dispositions de celle de 2000 et impose à toutes les chaînes dont l’audience moyenne annuelle dépasse 2,5 % de l’audience totale des services de télévision de rendre la totalité de leurs programmes accessibles aux personnes sourdes et malentendantes. Des productions se spécialisent, les méthodes sont plus précises, la reconnaissance vocale permet de sous-titrer en direct le JT de TF1 dès 2007 et en 2011 est signée la Charte relative à la qualité du sous-titrage à destination des personnes sourdes ou malentendantes. Elle cherche à standardiser l’utilisation des sous-titres : clarifier le temps de lecture, respecter le sens des phrases, ne pas cacher une trop grande partie de l’image, etc.
<p-title>L'ère du numérique<p-title>
Avec l’avènement du numérique, le champ des possibles était bouleversé. On pouvait sous-titrer pour un large spectre sans problème et avec la multiplication des chaînes de télévision, l’apparition du DVD et du streaming, la demande s’est développée et le sous-titrage se faisait l’analogie de la popularisation du doublage 50 ans plus tôt.
Aujourd’hui, ils paraissent tous deux faire front. Tandis que l’un tend à s’essouffler à l'âge d’une génération bilingue - ou presque - et de l’engouement des versions originales sous-titrées, l’est-il vraiment ? Le doublage s’ancre depuis près de huit décennies dans un fort héritage culturel, calqué et respecté dans le monde entier. Les sous-titres, eux, sont partout, encore davantage sur les réseaux sociaux qui nous aguichent en miniature ou rythmant shorts, reels, tiktoks et stories. Certains médias en ont même fait leur marque de fabrique comme Konbini ou Brut. Des communautés se succèdent pour traduire gratuitement leurs programmes favoris - <link-text>Netflix en avait fait les frais il y a de cela quelques mois avec sa plateforme Hermes.<link-text>
Du côté de l’inclusion des communautés malentendantes et encore davantage malvoyantes, le sentiment d’exclusion reste bien présent. Derrière la théorie des chartes, règlements et autres mesures délectables, beaucoup de programmes restent encore sans sous-titres ou de mauvaise qualité. Comme souvent sur les réseaux, là où débat il y a, la nécessité déroute. Si les sous-titres nous sont si familiers aujourd’hui, vous l’aurez compris, c’est peut-être davantage parce qu’ils naissent d’une question fondamentale, celle de l'inclusion.
Ils sont, pour ainsi dire, aussi vieux que le cinéma. Pour cause, avant de connaître les films parlants, nous nous suffisions à ces significatifs intertitres et didascalies ; d’un autre temps aujourd’hui. Les frères Lumière déposèrent le brevet du Cinématographe en mars 1895 et jusqu’aux années 1926 - 1927, l’industrie tend progressivement vers le film sonore. D’abord, il y avait ces ‘cartons’ imaginés au début des années 1900 pour rendre les films plus compréhensibles. Ils s’intercalaient entre les séquences pour renseigner sur l’évolution de l’intrigue, préciser le contexte et retranscrire les dialogues. Ensuite, il y a eu la bande-son et c’est à Warner Bros que l’on doit de la synchroniser avec l’image - technique mis au point bien plus tard.
L’arrivée du cinéma sonore est naturellement un bouleversement technique mais aussi sur le plan culturel : une délicate question d’accessibilité. Si jusqu’alors le cinéma paraissait universel - dans une certaine mesure - le film se heurte aux barrières de la langue et de la culture. Et encore davantage, il s’agit pour les grands studios hollywoodiens et allemands de l’époque de ne pas perdre leurs précieuses recettes.
<p-title>Des méthodes de traduction<p-title>
Nous sommes aux prémices des années 30, une période rythmée par l’expérimentation et la recherche de nouvelles méthodes pour pallier les contraintes du langage. Plusieurs solutions sont imaginées, parmi elles, celle de tourner un même film en plusieurs langues. Ce n’est pas du doublage, l’idée - aujourd’hui un tantinet illuminée - de rassembler des équipes de comédiens parlant leur propre langue et de les faire se succéder dans les mêmes décors, en répétant le plan initial autant de fois qu’il y avait de version.
L’ère du marketing et de l’influence n’étant pas ce qu’elle est aujourd'hui, un détail n’avait peut-être pas, jusqu’alors, été pris en compte : le public préfère retrouver sa vedette favorite même si elle ne parle pas sa langue. Greta Garbo, Marlene Dietrich, Lionel Barrymore, un peu plus tôt Chaplin ou Arbuckle, la belle époque de l’après-guerre rimait avec l’âge d’or du cinéma, lui-même avec stars et fantasmes, alimentant l'engouement du public pour les têtes d’affiche.
Surtout, la méthode engendrait des coûts énormes tandis que certains studios hollywoodiens testaient leur première expérience de doublage, bien moins contraignantes. Tandis que le sous-titrage, tel que nous le connaissons, était déjà employé par Hitchcock dans des films du muet, en France, le doublage s’impose encore plus rapidement. Les sous-titres souffraient bien souvent de problèmes de lisibilité ; les techniques étant bien plus fastidieuses qu’aujourd’hui, consistant tantôt à graver la pellicule, tantôt à une impression du texte.
<p-title>Le doublage s'impose<p-title>
En 1932, bien que les premières tentatives de doublage étaient, elles aussi, de médiocres qualités, nombreux craignaient que cette technique n’influe sur de nouvelles dynamiques néfastes et n’aggrave le chômage des intermittents du spectacle. Les protestations aboutissent à ce qu’un décret gouvernemental impose la réalisation en France du doublage des films étrangers et ce, avec un personnel entièrement français. Le décret priorise aussi largement l’exploitation des films en version doublée. C’est de cette mouvance que l’on doit, encore aujourd’hui, la prééminence des fameuses VF mais aussi sa qualité largement significative quant aux autres versions européennes, russes, coréennes et j’en passe...
<p-title>La télévision<p-title>
Le sous-titre se démocratise peut-être bien plus tard, non plus dans une démarche de traduction, mais avec une tout autre visée : l’accessibilité aux personnes sourdes et malentendantes. Aux États-Unis, c’est en 1972 qu’apparaît le premier programme sous-titré, dix ans plus tard en France. Ce sont les premiers sous-titres SME (sourds et malentendants). Les medias français exploitent un système initialement prévu pour les brèves informations comme la météo ou les programmes journaliers. C’était le système 'Antiope', d’abord dès 1979 sur Antenne 2 puis, en 1984, sur les chaînes nationales (TF1, Antenne 2, FR3). Cette même année, le sous-titrage SME est devenu une obligation pour toutes les chaînes de télévision publiques françaises et c’est en 2000 que l’obligation est étendue à l’ensemble des chaînes hertziennes.
<p-title>Une question d'accessibilité<p-title>
Un enjeu aussi de la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées tendait donc forcément à renforcer encore les dispositions de celle de 2000 et impose à toutes les chaînes dont l’audience moyenne annuelle dépasse 2,5 % de l’audience totale des services de télévision de rendre la totalité de leurs programmes accessibles aux personnes sourdes et malentendantes. Des productions se spécialisent, les méthodes sont plus précises, la reconnaissance vocale permet de sous-titrer en direct le JT de TF1 dès 2007 et en 2011 est signée la Charte relative à la qualité du sous-titrage à destination des personnes sourdes ou malentendantes. Elle cherche à standardiser l’utilisation des sous-titres : clarifier le temps de lecture, respecter le sens des phrases, ne pas cacher une trop grande partie de l’image, etc.
<p-title>L'ère du numérique<p-title>
Avec l’avènement du numérique, le champ des possibles était bouleversé. On pouvait sous-titrer pour un large spectre sans problème et avec la multiplication des chaînes de télévision, l’apparition du DVD et du streaming, la demande s’est développée et le sous-titrage se faisait l’analogie de la popularisation du doublage 50 ans plus tôt.
Aujourd’hui, ils paraissent tous deux faire front. Tandis que l’un tend à s’essouffler à l'âge d’une génération bilingue - ou presque - et de l’engouement des versions originales sous-titrées, l’est-il vraiment ? Le doublage s’ancre depuis près de huit décennies dans un fort héritage culturel, calqué et respecté dans le monde entier. Les sous-titres, eux, sont partout, encore davantage sur les réseaux sociaux qui nous aguichent en miniature ou rythmant shorts, reels, tiktoks et stories. Certains médias en ont même fait leur marque de fabrique comme Konbini ou Brut. Des communautés se succèdent pour traduire gratuitement leurs programmes favoris - <link-text>Netflix en avait fait les frais il y a de cela quelques mois avec sa plateforme Hermes.<link-text>
Du côté de l’inclusion des communautés malentendantes et encore davantage malvoyantes, le sentiment d’exclusion reste bien présent. Derrière la théorie des chartes, règlements et autres mesures délectables, beaucoup de programmes restent encore sans sous-titres ou de mauvaise qualité. Comme souvent sur les réseaux, là où débat il y a, la nécessité déroute. Si les sous-titres nous sont si familiers aujourd’hui, vous l’aurez compris, c’est peut-être davantage parce qu’ils naissent d’une question fondamentale, celle de l'inclusion.
Ils sont, pour ainsi dire, aussi vieux que le cinéma. Pour cause, avant de connaître les films parlants, nous nous suffisions à ces significatifs intertitres et didascalies ; d’un autre temps aujourd’hui. Les frères Lumière déposèrent le brevet du Cinématographe en mars 1895 et jusqu’aux années 1926 - 1927, l’industrie tend progressivement vers le film sonore. D’abord, il y avait ces ‘cartons’ imaginés au début des années 1900 pour rendre les films plus compréhensibles. Ils s’intercalaient entre les séquences pour renseigner sur l’évolution de l’intrigue, préciser le contexte et retranscrire les dialogues. Ensuite, il y a eu la bande-son et c’est à Warner Bros que l’on doit de la synchroniser avec l’image - technique mis au point bien plus tard.
L’arrivée du cinéma sonore est naturellement un bouleversement technique mais aussi sur le plan culturel : une délicate question d’accessibilité. Si jusqu’alors le cinéma paraissait universel - dans une certaine mesure - le film se heurte aux barrières de la langue et de la culture. Et encore davantage, il s’agit pour les grands studios hollywoodiens et allemands de l’époque de ne pas perdre leurs précieuses recettes.
<p-title>Des méthodes de traduction<p-title>
Nous sommes aux prémices des années 30, une période rythmée par l’expérimentation et la recherche de nouvelles méthodes pour pallier les contraintes du langage. Plusieurs solutions sont imaginées, parmi elles, celle de tourner un même film en plusieurs langues. Ce n’est pas du doublage, l’idée - aujourd’hui un tantinet illuminée - de rassembler des équipes de comédiens parlant leur propre langue et de les faire se succéder dans les mêmes décors, en répétant le plan initial autant de fois qu’il y avait de version.
L’ère du marketing et de l’influence n’étant pas ce qu’elle est aujourd'hui, un détail n’avait peut-être pas, jusqu’alors, été pris en compte : le public préfère retrouver sa vedette favorite même si elle ne parle pas sa langue. Greta Garbo, Marlene Dietrich, Lionel Barrymore, un peu plus tôt Chaplin ou Arbuckle, la belle époque de l’après-guerre rimait avec l’âge d’or du cinéma, lui-même avec stars et fantasmes, alimentant l'engouement du public pour les têtes d’affiche.
Surtout, la méthode engendrait des coûts énormes tandis que certains studios hollywoodiens testaient leur première expérience de doublage, bien moins contraignantes. Tandis que le sous-titrage, tel que nous le connaissons, était déjà employé par Hitchcock dans des films du muet, en France, le doublage s’impose encore plus rapidement. Les sous-titres souffraient bien souvent de problèmes de lisibilité ; les techniques étant bien plus fastidieuses qu’aujourd’hui, consistant tantôt à graver la pellicule, tantôt à une impression du texte.
<p-title>Le doublage s'impose<p-title>
En 1932, bien que les premières tentatives de doublage étaient, elles aussi, de médiocres qualités, nombreux craignaient que cette technique n’influe sur de nouvelles dynamiques néfastes et n’aggrave le chômage des intermittents du spectacle. Les protestations aboutissent à ce qu’un décret gouvernemental impose la réalisation en France du doublage des films étrangers et ce, avec un personnel entièrement français. Le décret priorise aussi largement l’exploitation des films en version doublée. C’est de cette mouvance que l’on doit, encore aujourd’hui, la prééminence des fameuses VF mais aussi sa qualité largement significative quant aux autres versions européennes, russes, coréennes et j’en passe...
Ils sont, pour ainsi dire, aussi vieux que le cinéma. Pour cause, avant de connaître les films parlants, nous nous suffisions à ces significatifs intertitres et didascalies ; d’un autre temps aujourd’hui. Les frères Lumière déposèrent le brevet du Cinématographe en mars 1895 et jusqu’aux années 1926 - 1927, l’industrie tend progressivement vers le film sonore. D’abord, il y avait ces ‘cartons’ imaginés au début des années 1900 pour rendre les films plus compréhensibles. Ils s’intercalaient entre les séquences pour renseigner sur l’évolution de l’intrigue, préciser le contexte et retranscrire les dialogues. Ensuite, il y a eu la bande-son et c’est à Warner Bros que l’on doit de la synchroniser avec l’image - technique mis au point bien plus tard.
L’arrivée du cinéma sonore est naturellement un bouleversement technique mais aussi sur le plan culturel : une délicate question d’accessibilité. Si jusqu’alors le cinéma paraissait universel - dans une certaine mesure - le film se heurte aux barrières de la langue et de la culture. Et encore davantage, il s’agit pour les grands studios hollywoodiens et allemands de l’époque de ne pas perdre leurs précieuses recettes.
<p-title>Des méthodes de traduction<p-title>
Nous sommes aux prémices des années 30, une période rythmée par l’expérimentation et la recherche de nouvelles méthodes pour pallier les contraintes du langage. Plusieurs solutions sont imaginées, parmi elles, celle de tourner un même film en plusieurs langues. Ce n’est pas du doublage, l’idée - aujourd’hui un tantinet illuminée - de rassembler des équipes de comédiens parlant leur propre langue et de les faire se succéder dans les mêmes décors, en répétant le plan initial autant de fois qu’il y avait de version.
L’ère du marketing et de l’influence n’étant pas ce qu’elle est aujourd'hui, un détail n’avait peut-être pas, jusqu’alors, été pris en compte : le public préfère retrouver sa vedette favorite même si elle ne parle pas sa langue. Greta Garbo, Marlene Dietrich, Lionel Barrymore, un peu plus tôt Chaplin ou Arbuckle, la belle époque de l’après-guerre rimait avec l’âge d’or du cinéma, lui-même avec stars et fantasmes, alimentant l'engouement du public pour les têtes d’affiche.
Surtout, la méthode engendrait des coûts énormes tandis que certains studios hollywoodiens testaient leur première expérience de doublage, bien moins contraignantes. Tandis que le sous-titrage, tel que nous le connaissons, était déjà employé par Hitchcock dans des films du muet, en France, le doublage s’impose encore plus rapidement. Les sous-titres souffraient bien souvent de problèmes de lisibilité ; les techniques étant bien plus fastidieuses qu’aujourd’hui, consistant tantôt à graver la pellicule, tantôt à une impression du texte.
<p-title>Le doublage s'impose<p-title>
En 1932, bien que les premières tentatives de doublage étaient, elles aussi, de médiocres qualités, nombreux craignaient que cette technique n’influe sur de nouvelles dynamiques néfastes et n’aggrave le chômage des intermittents du spectacle. Les protestations aboutissent à ce qu’un décret gouvernemental impose la réalisation en France du doublage des films étrangers et ce, avec un personnel entièrement français. Le décret priorise aussi largement l’exploitation des films en version doublée. C’est de cette mouvance que l’on doit, encore aujourd’hui, la prééminence des fameuses VF mais aussi sa qualité largement significative quant aux autres versions européennes, russes, coréennes et j’en passe...
<p-title>La télévision<p-title>
Le sous-titre se démocratise peut-être bien plus tard, non plus dans une démarche de traduction, mais avec une tout autre visée : l’accessibilité aux personnes sourdes et malentendantes. Aux États-Unis, c’est en 1972 qu’apparaît le premier programme sous-titré, dix ans plus tard en France. Ce sont les premiers sous-titres SME (sourds et malentendants). Les medias français exploitent un système initialement prévu pour les brèves informations comme la météo ou les programmes journaliers. C’était le système 'Antiope', d’abord dès 1979 sur Antenne 2 puis, en 1984, sur les chaînes nationales (TF1, Antenne 2, FR3). Cette même année, le sous-titrage SME est devenu une obligation pour toutes les chaînes de télévision publiques françaises et c’est en 2000 que l’obligation est étendue à l’ensemble des chaînes hertziennes.
<p-title>Une question d'accessibilité<p-title>
Un enjeu aussi de la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées tendait donc forcément à renforcer encore les dispositions de celle de 2000 et impose à toutes les chaînes dont l’audience moyenne annuelle dépasse 2,5 % de l’audience totale des services de télévision de rendre la totalité de leurs programmes accessibles aux personnes sourdes et malentendantes. Des productions se spécialisent, les méthodes sont plus précises, la reconnaissance vocale permet de sous-titrer en direct le JT de TF1 dès 2007 et en 2011 est signée la Charte relative à la qualité du sous-titrage à destination des personnes sourdes ou malentendantes. Elle cherche à standardiser l’utilisation des sous-titres : clarifier le temps de lecture, respecter le sens des phrases, ne pas cacher une trop grande partie de l’image, etc.
<p-title>L'ère du numérique<p-title>
Avec l’avènement du numérique, le champ des possibles était bouleversé. On pouvait sous-titrer pour un large spectre sans problème et avec la multiplication des chaînes de télévision, l’apparition du DVD et du streaming, la demande s’est développée et le sous-titrage se faisait l’analogie de la popularisation du doublage 50 ans plus tôt.
Aujourd’hui, ils paraissent tous deux faire front. Tandis que l’un tend à s’essouffler à l'âge d’une génération bilingue - ou presque - et de l’engouement des versions originales sous-titrées, l’est-il vraiment ? Le doublage s’ancre depuis près de huit décennies dans un fort héritage culturel, calqué et respecté dans le monde entier. Les sous-titres, eux, sont partout, encore davantage sur les réseaux sociaux qui nous aguichent en miniature ou rythmant shorts, reels, tiktoks et stories. Certains médias en ont même fait leur marque de fabrique comme Konbini ou Brut. Des communautés se succèdent pour traduire gratuitement leurs programmes favoris - <link-text>Netflix en avait fait les frais il y a de cela quelques mois avec sa plateforme Hermes.<link-text>
Du côté de l’inclusion des communautés malentendantes et encore davantage malvoyantes, le sentiment d’exclusion reste bien présent. Derrière la théorie des chartes, règlements et autres mesures délectables, beaucoup de programmes restent encore sans sous-titres ou de mauvaise qualité. Comme souvent sur les réseaux, là où débat il y a, la nécessité déroute. Si les sous-titres nous sont si familiers aujourd’hui, vous l’aurez compris, c’est peut-être davantage parce qu’ils naissent d’une question fondamentale, celle de l'inclusion.
Ils sont, pour ainsi dire, aussi vieux que le cinéma. Pour cause, avant de connaître les films parlants, nous nous suffisions à ces significatifs intertitres et didascalies ; d’un autre temps aujourd’hui. Les frères Lumière déposèrent le brevet du Cinématographe en mars 1895 et jusqu’aux années 1926 - 1927, l’industrie tend progressivement vers le film sonore. D’abord, il y avait ces ‘cartons’ imaginés au début des années 1900 pour rendre les films plus compréhensibles. Ils s’intercalaient entre les séquences pour renseigner sur l’évolution de l’intrigue, préciser le contexte et retranscrire les dialogues. Ensuite, il y a eu la bande-son et c’est à Warner Bros que l’on doit de la synchroniser avec l’image - technique mis au point bien plus tard.
L’arrivée du cinéma sonore est naturellement un bouleversement technique mais aussi sur le plan culturel : une délicate question d’accessibilité. Si jusqu’alors le cinéma paraissait universel - dans une certaine mesure - le film se heurte aux barrières de la langue et de la culture. Et encore davantage, il s’agit pour les grands studios hollywoodiens et allemands de l’époque de ne pas perdre leurs précieuses recettes.
<p-title>Des méthodes de traduction<p-title>
Nous sommes aux prémices des années 30, une période rythmée par l’expérimentation et la recherche de nouvelles méthodes pour pallier les contraintes du langage. Plusieurs solutions sont imaginées, parmi elles, celle de tourner un même film en plusieurs langues. Ce n’est pas du doublage, l’idée - aujourd’hui un tantinet illuminée - de rassembler des équipes de comédiens parlant leur propre langue et de les faire se succéder dans les mêmes décors, en répétant le plan initial autant de fois qu’il y avait de version.
L’ère du marketing et de l’influence n’étant pas ce qu’elle est aujourd'hui, un détail n’avait peut-être pas, jusqu’alors, été pris en compte : le public préfère retrouver sa vedette favorite même si elle ne parle pas sa langue. Greta Garbo, Marlene Dietrich, Lionel Barrymore, un peu plus tôt Chaplin ou Arbuckle, la belle époque de l’après-guerre rimait avec l’âge d’or du cinéma, lui-même avec stars et fantasmes, alimentant l'engouement du public pour les têtes d’affiche.
Surtout, la méthode engendrait des coûts énormes tandis que certains studios hollywoodiens testaient leur première expérience de doublage, bien moins contraignantes. Tandis que le sous-titrage, tel que nous le connaissons, était déjà employé par Hitchcock dans des films du muet, en France, le doublage s’impose encore plus rapidement. Les sous-titres souffraient bien souvent de problèmes de lisibilité ; les techniques étant bien plus fastidieuses qu’aujourd’hui, consistant tantôt à graver la pellicule, tantôt à une impression du texte.
<p-title>Le doublage s'impose<p-title>
En 1932, bien que les premières tentatives de doublage étaient, elles aussi, de médiocres qualités, nombreux craignaient que cette technique n’influe sur de nouvelles dynamiques néfastes et n’aggrave le chômage des intermittents du spectacle. Les protestations aboutissent à ce qu’un décret gouvernemental impose la réalisation en France du doublage des films étrangers et ce, avec un personnel entièrement français. Le décret priorise aussi largement l’exploitation des films en version doublée. C’est de cette mouvance que l’on doit, encore aujourd’hui, la prééminence des fameuses VF mais aussi sa qualité largement significative quant aux autres versions européennes, russes, coréennes et j’en passe...
<p-title>La télévision<p-title>
Le sous-titre se démocratise peut-être bien plus tard, non plus dans une démarche de traduction, mais avec une tout autre visée : l’accessibilité aux personnes sourdes et malentendantes. Aux États-Unis, c’est en 1972 qu’apparaît le premier programme sous-titré, dix ans plus tard en France. Ce sont les premiers sous-titres SME (sourds et malentendants). Les medias français exploitent un système initialement prévu pour les brèves informations comme la météo ou les programmes journaliers. C’était le système 'Antiope', d’abord dès 1979 sur Antenne 2 puis, en 1984, sur les chaînes nationales (TF1, Antenne 2, FR3). Cette même année, le sous-titrage SME est devenu une obligation pour toutes les chaînes de télévision publiques françaises et c’est en 2000 que l’obligation est étendue à l’ensemble des chaînes hertziennes.
<p-title>Une question d'accessibilité<p-title>
Un enjeu aussi de la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées tendait donc forcément à renforcer encore les dispositions de celle de 2000 et impose à toutes les chaînes dont l’audience moyenne annuelle dépasse 2,5 % de l’audience totale des services de télévision de rendre la totalité de leurs programmes accessibles aux personnes sourdes et malentendantes. Des productions se spécialisent, les méthodes sont plus précises, la reconnaissance vocale permet de sous-titrer en direct le JT de TF1 dès 2007 et en 2011 est signée la Charte relative à la qualité du sous-titrage à destination des personnes sourdes ou malentendantes. Elle cherche à standardiser l’utilisation des sous-titres : clarifier le temps de lecture, respecter le sens des phrases, ne pas cacher une trop grande partie de l’image, etc.
<p-title>L'ère du numérique<p-title>
Avec l’avènement du numérique, le champ des possibles était bouleversé. On pouvait sous-titrer pour un large spectre sans problème et avec la multiplication des chaînes de télévision, l’apparition du DVD et du streaming, la demande s’est développée et le sous-titrage se faisait l’analogie de la popularisation du doublage 50 ans plus tôt.
Aujourd’hui, ils paraissent tous deux faire front. Tandis que l’un tend à s’essouffler à l'âge d’une génération bilingue - ou presque - et de l’engouement des versions originales sous-titrées, l’est-il vraiment ? Le doublage s’ancre depuis près de huit décennies dans un fort héritage culturel, calqué et respecté dans le monde entier. Les sous-titres, eux, sont partout, encore davantage sur les réseaux sociaux qui nous aguichent en miniature ou rythmant shorts, reels, tiktoks et stories. Certains médias en ont même fait leur marque de fabrique comme Konbini ou Brut. Des communautés se succèdent pour traduire gratuitement leurs programmes favoris - <link-text>Netflix en avait fait les frais il y a de cela quelques mois avec sa plateforme Hermes.<link-text>
Du côté de l’inclusion des communautés malentendantes et encore davantage malvoyantes, le sentiment d’exclusion reste bien présent. Derrière la théorie des chartes, règlements et autres mesures délectables, beaucoup de programmes restent encore sans sous-titres ou de mauvaise qualité. Comme souvent sur les réseaux, là où débat il y a, la nécessité déroute. Si les sous-titres nous sont si familiers aujourd’hui, vous l’aurez compris, c’est peut-être davantage parce qu’ils naissent d’une question fondamentale, celle de l'inclusion.
Ils sont, pour ainsi dire, aussi vieux que le cinéma. Pour cause, avant de connaître les films parlants, nous nous suffisions à ces significatifs intertitres et didascalies ; d’un autre temps aujourd’hui. Les frères Lumière déposèrent le brevet du Cinématographe en mars 1895 et jusqu’aux années 1926 - 1927, l’industrie tend progressivement vers le film sonore. D’abord, il y avait ces ‘cartons’ imaginés au début des années 1900 pour rendre les films plus compréhensibles. Ils s’intercalaient entre les séquences pour renseigner sur l’évolution de l’intrigue, préciser le contexte et retranscrire les dialogues. Ensuite, il y a eu la bande-son et c’est à Warner Bros que l’on doit de la synchroniser avec l’image - technique mis au point bien plus tard.
L’arrivée du cinéma sonore est naturellement un bouleversement technique mais aussi sur le plan culturel : une délicate question d’accessibilité. Si jusqu’alors le cinéma paraissait universel - dans une certaine mesure - le film se heurte aux barrières de la langue et de la culture. Et encore davantage, il s’agit pour les grands studios hollywoodiens et allemands de l’époque de ne pas perdre leurs précieuses recettes.
<p-title>Des méthodes de traduction<p-title>
Nous sommes aux prémices des années 30, une période rythmée par l’expérimentation et la recherche de nouvelles méthodes pour pallier les contraintes du langage. Plusieurs solutions sont imaginées, parmi elles, celle de tourner un même film en plusieurs langues. Ce n’est pas du doublage, l’idée - aujourd’hui un tantinet illuminée - de rassembler des équipes de comédiens parlant leur propre langue et de les faire se succéder dans les mêmes décors, en répétant le plan initial autant de fois qu’il y avait de version.
L’ère du marketing et de l’influence n’étant pas ce qu’elle est aujourd'hui, un détail n’avait peut-être pas, jusqu’alors, été pris en compte : le public préfère retrouver sa vedette favorite même si elle ne parle pas sa langue. Greta Garbo, Marlene Dietrich, Lionel Barrymore, un peu plus tôt Chaplin ou Arbuckle, la belle époque de l’après-guerre rimait avec l’âge d’or du cinéma, lui-même avec stars et fantasmes, alimentant l'engouement du public pour les têtes d’affiche.
Surtout, la méthode engendrait des coûts énormes tandis que certains studios hollywoodiens testaient leur première expérience de doublage, bien moins contraignantes. Tandis que le sous-titrage, tel que nous le connaissons, était déjà employé par Hitchcock dans des films du muet, en France, le doublage s’impose encore plus rapidement. Les sous-titres souffraient bien souvent de problèmes de lisibilité ; les techniques étant bien plus fastidieuses qu’aujourd’hui, consistant tantôt à graver la pellicule, tantôt à une impression du texte.
<p-title>Le doublage s'impose<p-title>
En 1932, bien que les premières tentatives de doublage étaient, elles aussi, de médiocres qualités, nombreux craignaient que cette technique n’influe sur de nouvelles dynamiques néfastes et n’aggrave le chômage des intermittents du spectacle. Les protestations aboutissent à ce qu’un décret gouvernemental impose la réalisation en France du doublage des films étrangers et ce, avec un personnel entièrement français. Le décret priorise aussi largement l’exploitation des films en version doublée. C’est de cette mouvance que l’on doit, encore aujourd’hui, la prééminence des fameuses VF mais aussi sa qualité largement significative quant aux autres versions européennes, russes, coréennes et j’en passe...
<p-title>La télévision<p-title>
Le sous-titre se démocratise peut-être bien plus tard, non plus dans une démarche de traduction, mais avec une tout autre visée : l’accessibilité aux personnes sourdes et malentendantes. Aux États-Unis, c’est en 1972 qu’apparaît le premier programme sous-titré, dix ans plus tard en France. Ce sont les premiers sous-titres SME (sourds et malentendants). Les medias français exploitent un système initialement prévu pour les brèves informations comme la météo ou les programmes journaliers. C’était le système 'Antiope', d’abord dès 1979 sur Antenne 2 puis, en 1984, sur les chaînes nationales (TF1, Antenne 2, FR3). Cette même année, le sous-titrage SME est devenu une obligation pour toutes les chaînes de télévision publiques françaises et c’est en 2000 que l’obligation est étendue à l’ensemble des chaînes hertziennes.
<p-title>Une question d'accessibilité<p-title>
Un enjeu aussi de la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées tendait donc forcément à renforcer encore les dispositions de celle de 2000 et impose à toutes les chaînes dont l’audience moyenne annuelle dépasse 2,5 % de l’audience totale des services de télévision de rendre la totalité de leurs programmes accessibles aux personnes sourdes et malentendantes. Des productions se spécialisent, les méthodes sont plus précises, la reconnaissance vocale permet de sous-titrer en direct le JT de TF1 dès 2007 et en 2011 est signée la Charte relative à la qualité du sous-titrage à destination des personnes sourdes ou malentendantes. Elle cherche à standardiser l’utilisation des sous-titres : clarifier le temps de lecture, respecter le sens des phrases, ne pas cacher une trop grande partie de l’image, etc.
<p-title>L'ère du numérique<p-title>
Avec l’avènement du numérique, le champ des possibles était bouleversé. On pouvait sous-titrer pour un large spectre sans problème et avec la multiplication des chaînes de télévision, l’apparition du DVD et du streaming, la demande s’est développée et le sous-titrage se faisait l’analogie de la popularisation du doublage 50 ans plus tôt.
Aujourd’hui, ils paraissent tous deux faire front. Tandis que l’un tend à s’essouffler à l'âge d’une génération bilingue - ou presque - et de l’engouement des versions originales sous-titrées, l’est-il vraiment ? Le doublage s’ancre depuis près de huit décennies dans un fort héritage culturel, calqué et respecté dans le monde entier. Les sous-titres, eux, sont partout, encore davantage sur les réseaux sociaux qui nous aguichent en miniature ou rythmant shorts, reels, tiktoks et stories. Certains médias en ont même fait leur marque de fabrique comme Konbini ou Brut. Des communautés se succèdent pour traduire gratuitement leurs programmes favoris - <link-text>Netflix en avait fait les frais il y a de cela quelques mois avec sa plateforme Hermes.<link-text>
Du côté de l’inclusion des communautés malentendantes et encore davantage malvoyantes, le sentiment d’exclusion reste bien présent. Derrière la théorie des chartes, règlements et autres mesures délectables, beaucoup de programmes restent encore sans sous-titres ou de mauvaise qualité. Comme souvent sur les réseaux, là où débat il y a, la nécessité déroute. Si les sous-titres nous sont si familiers aujourd’hui, vous l’aurez compris, c’est peut-être davantage parce qu’ils naissent d’une question fondamentale, celle de l'inclusion.
<p-title>La télévision<p-title>
Le sous-titre se démocratise peut-être bien plus tard, non plus dans une démarche de traduction, mais avec une tout autre visée : l’accessibilité aux personnes sourdes et malentendantes. Aux États-Unis, c’est en 1972 qu’apparaît le premier programme sous-titré, dix ans plus tard en France. Ce sont les premiers sous-titres SME (sourds et malentendants). Les medias français exploitent un système initialement prévu pour les brèves informations comme la météo ou les programmes journaliers. C’était le système 'Antiope', d’abord dès 1979 sur Antenne 2 puis, en 1984, sur les chaînes nationales (TF1, Antenne 2, FR3). Cette même année, le sous-titrage SME est devenu une obligation pour toutes les chaînes de télévision publiques françaises et c’est en 2000 que l’obligation est étendue à l’ensemble des chaînes hertziennes.
<p-title>Une question d'accessibilité<p-title>
Un enjeu aussi de la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées tendait donc forcément à renforcer encore les dispositions de celle de 2000 et impose à toutes les chaînes dont l’audience moyenne annuelle dépasse 2,5 % de l’audience totale des services de télévision de rendre la totalité de leurs programmes accessibles aux personnes sourdes et malentendantes. Des productions se spécialisent, les méthodes sont plus précises, la reconnaissance vocale permet de sous-titrer en direct le JT de TF1 dès 2007 et en 2011 est signée la Charte relative à la qualité du sous-titrage à destination des personnes sourdes ou malentendantes. Elle cherche à standardiser l’utilisation des sous-titres : clarifier le temps de lecture, respecter le sens des phrases, ne pas cacher une trop grande partie de l’image, etc.
<p-title>L'ère du numérique<p-title>
Avec l’avènement du numérique, le champ des possibles était bouleversé. On pouvait sous-titrer pour un large spectre sans problème et avec la multiplication des chaînes de télévision, l’apparition du DVD et du streaming, la demande s’est développée et le sous-titrage se faisait l’analogie de la popularisation du doublage 50 ans plus tôt.
Aujourd’hui, ils paraissent tous deux faire front. Tandis que l’un tend à s’essouffler à l'âge d’une génération bilingue - ou presque - et de l’engouement des versions originales sous-titrées, l’est-il vraiment ? Le doublage s’ancre depuis près de huit décennies dans un fort héritage culturel, calqué et respecté dans le monde entier. Les sous-titres, eux, sont partout, encore davantage sur les réseaux sociaux qui nous aguichent en miniature ou rythmant shorts, reels, tiktoks et stories. Certains médias en ont même fait leur marque de fabrique comme Konbini ou Brut. Des communautés se succèdent pour traduire gratuitement leurs programmes favoris - <link-text>Netflix en avait fait les frais il y a de cela quelques mois avec sa plateforme Hermes.<link-text>
Du côté de l’inclusion des communautés malentendantes et encore davantage malvoyantes, le sentiment d’exclusion reste bien présent. Derrière la théorie des chartes, règlements et autres mesures délectables, beaucoup de programmes restent encore sans sous-titres ou de mauvaise qualité. Comme souvent sur les réseaux, là où débat il y a, la nécessité déroute. Si les sous-titres nous sont si familiers aujourd’hui, vous l’aurez compris, c’est peut-être davantage parce qu’ils naissent d’une question fondamentale, celle de l'inclusion.
Ils sont, pour ainsi dire, aussi vieux que le cinéma. Pour cause, avant de connaître les films parlants, nous nous suffisions à ces significatifs intertitres et didascalies ; d’un autre temps aujourd’hui. Les frères Lumière déposèrent le brevet du Cinématographe en mars 1895 et jusqu’aux années 1926 - 1927, l’industrie tend progressivement vers le film sonore. D’abord, il y avait ces ‘cartons’ imaginés au début des années 1900 pour rendre les films plus compréhensibles. Ils s’intercalaient entre les séquences pour renseigner sur l’évolution de l’intrigue, préciser le contexte et retranscrire les dialogues. Ensuite, il y a eu la bande-son et c’est à Warner Bros que l’on doit de la synchroniser avec l’image - technique mis au point bien plus tard.
L’arrivée du cinéma sonore est naturellement un bouleversement technique mais aussi sur le plan culturel : une délicate question d’accessibilité. Si jusqu’alors le cinéma paraissait universel - dans une certaine mesure - le film se heurte aux barrières de la langue et de la culture. Et encore davantage, il s’agit pour les grands studios hollywoodiens et allemands de l’époque de ne pas perdre leurs précieuses recettes.
<p-title>Des méthodes de traduction<p-title>
Nous sommes aux prémices des années 30, une période rythmée par l’expérimentation et la recherche de nouvelles méthodes pour pallier les contraintes du langage. Plusieurs solutions sont imaginées, parmi elles, celle de tourner un même film en plusieurs langues. Ce n’est pas du doublage, l’idée - aujourd’hui un tantinet illuminée - de rassembler des équipes de comédiens parlant leur propre langue et de les faire se succéder dans les mêmes décors, en répétant le plan initial autant de fois qu’il y avait de version.
L’ère du marketing et de l’influence n’étant pas ce qu’elle est aujourd'hui, un détail n’avait peut-être pas, jusqu’alors, été pris en compte : le public préfère retrouver sa vedette favorite même si elle ne parle pas sa langue. Greta Garbo, Marlene Dietrich, Lionel Barrymore, un peu plus tôt Chaplin ou Arbuckle, la belle époque de l’après-guerre rimait avec l’âge d’or du cinéma, lui-même avec stars et fantasmes, alimentant l'engouement du public pour les têtes d’affiche.
Surtout, la méthode engendrait des coûts énormes tandis que certains studios hollywoodiens testaient leur première expérience de doublage, bien moins contraignantes. Tandis que le sous-titrage, tel que nous le connaissons, était déjà employé par Hitchcock dans des films du muet, en France, le doublage s’impose encore plus rapidement. Les sous-titres souffraient bien souvent de problèmes de lisibilité ; les techniques étant bien plus fastidieuses qu’aujourd’hui, consistant tantôt à graver la pellicule, tantôt à une impression du texte.
<p-title>Le doublage s'impose<p-title>
En 1932, bien que les premières tentatives de doublage étaient, elles aussi, de médiocres qualités, nombreux craignaient que cette technique n’influe sur de nouvelles dynamiques néfastes et n’aggrave le chômage des intermittents du spectacle. Les protestations aboutissent à ce qu’un décret gouvernemental impose la réalisation en France du doublage des films étrangers et ce, avec un personnel entièrement français. Le décret priorise aussi largement l’exploitation des films en version doublée. C’est de cette mouvance que l’on doit, encore aujourd’hui, la prééminence des fameuses VF mais aussi sa qualité largement significative quant aux autres versions européennes, russes, coréennes et j’en passe...
<p-title>La télévision<p-title>
Le sous-titre se démocratise peut-être bien plus tard, non plus dans une démarche de traduction, mais avec une tout autre visée : l’accessibilité aux personnes sourdes et malentendantes. Aux États-Unis, c’est en 1972 qu’apparaît le premier programme sous-titré, dix ans plus tard en France. Ce sont les premiers sous-titres SME (sourds et malentendants). Les medias français exploitent un système initialement prévu pour les brèves informations comme la météo ou les programmes journaliers. C’était le système 'Antiope', d’abord dès 1979 sur Antenne 2 puis, en 1984, sur les chaînes nationales (TF1, Antenne 2, FR3). Cette même année, le sous-titrage SME est devenu une obligation pour toutes les chaînes de télévision publiques françaises et c’est en 2000 que l’obligation est étendue à l’ensemble des chaînes hertziennes.
<p-title>Une question d'accessibilité<p-title>
Un enjeu aussi de la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées tendait donc forcément à renforcer encore les dispositions de celle de 2000 et impose à toutes les chaînes dont l’audience moyenne annuelle dépasse 2,5 % de l’audience totale des services de télévision de rendre la totalité de leurs programmes accessibles aux personnes sourdes et malentendantes. Des productions se spécialisent, les méthodes sont plus précises, la reconnaissance vocale permet de sous-titrer en direct le JT de TF1 dès 2007 et en 2011 est signée la Charte relative à la qualité du sous-titrage à destination des personnes sourdes ou malentendantes. Elle cherche à standardiser l’utilisation des sous-titres : clarifier le temps de lecture, respecter le sens des phrases, ne pas cacher une trop grande partie de l’image, etc.
<p-title>L'ère du numérique<p-title>
Avec l’avènement du numérique, le champ des possibles était bouleversé. On pouvait sous-titrer pour un large spectre sans problème et avec la multiplication des chaînes de télévision, l’apparition du DVD et du streaming, la demande s’est développée et le sous-titrage se faisait l’analogie de la popularisation du doublage 50 ans plus tôt.
Aujourd’hui, ils paraissent tous deux faire front. Tandis que l’un tend à s’essouffler à l'âge d’une génération bilingue - ou presque - et de l’engouement des versions originales sous-titrées, l’est-il vraiment ? Le doublage s’ancre depuis près de huit décennies dans un fort héritage culturel, calqué et respecté dans le monde entier. Les sous-titres, eux, sont partout, encore davantage sur les réseaux sociaux qui nous aguichent en miniature ou rythmant shorts, reels, tiktoks et stories. Certains médias en ont même fait leur marque de fabrique comme Konbini ou Brut. Des communautés se succèdent pour traduire gratuitement leurs programmes favoris - <link-text>Netflix en avait fait les frais il y a de cela quelques mois avec sa plateforme Hermes.<link-text>
Du côté de l’inclusion des communautés malentendantes et encore davantage malvoyantes, le sentiment d’exclusion reste bien présent. Derrière la théorie des chartes, règlements et autres mesures délectables, beaucoup de programmes restent encore sans sous-titres ou de mauvaise qualité. Comme souvent sur les réseaux, là où débat il y a, la nécessité déroute. Si les sous-titres nous sont si familiers aujourd’hui, vous l’aurez compris, c’est peut-être davantage parce qu’ils naissent d’une question fondamentale, celle de l'inclusion.
<p-title>La télévision<p-title>
Le sous-titre se démocratise peut-être bien plus tard, non plus dans une démarche de traduction, mais avec une tout autre visée : l’accessibilité aux personnes sourdes et malentendantes. Aux États-Unis, c’est en 1972 qu’apparaît le premier programme sous-titré, dix ans plus tard en France. Ce sont les premiers sous-titres SME (sourds et malentendants). Les medias français exploitent un système initialement prévu pour les brèves informations comme la météo ou les programmes journaliers. C’était le système 'Antiope', d’abord dès 1979 sur Antenne 2 puis, en 1984, sur les chaînes nationales (TF1, Antenne 2, FR3). Cette même année, le sous-titrage SME est devenu une obligation pour toutes les chaînes de télévision publiques françaises et c’est en 2000 que l’obligation est étendue à l’ensemble des chaînes hertziennes.
<p-title>Une question d'accessibilité<p-title>
Un enjeu aussi de la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées tendait donc forcément à renforcer encore les dispositions de celle de 2000 et impose à toutes les chaînes dont l’audience moyenne annuelle dépasse 2,5 % de l’audience totale des services de télévision de rendre la totalité de leurs programmes accessibles aux personnes sourdes et malentendantes. Des productions se spécialisent, les méthodes sont plus précises, la reconnaissance vocale permet de sous-titrer en direct le JT de TF1 dès 2007 et en 2011 est signée la Charte relative à la qualité du sous-titrage à destination des personnes sourdes ou malentendantes. Elle cherche à standardiser l’utilisation des sous-titres : clarifier le temps de lecture, respecter le sens des phrases, ne pas cacher une trop grande partie de l’image, etc.
<p-title>L'ère du numérique<p-title>
Avec l’avènement du numérique, le champ des possibles était bouleversé. On pouvait sous-titrer pour un large spectre sans problème et avec la multiplication des chaînes de télévision, l’apparition du DVD et du streaming, la demande s’est développée et le sous-titrage se faisait l’analogie de la popularisation du doublage 50 ans plus tôt.
Aujourd’hui, ils paraissent tous deux faire front. Tandis que l’un tend à s’essouffler à l'âge d’une génération bilingue - ou presque - et de l’engouement des versions originales sous-titrées, l’est-il vraiment ? Le doublage s’ancre depuis près de huit décennies dans un fort héritage culturel, calqué et respecté dans le monde entier. Les sous-titres, eux, sont partout, encore davantage sur les réseaux sociaux qui nous aguichent en miniature ou rythmant shorts, reels, tiktoks et stories. Certains médias en ont même fait leur marque de fabrique comme Konbini ou Brut. Des communautés se succèdent pour traduire gratuitement leurs programmes favoris - <link-text>Netflix en avait fait les frais il y a de cela quelques mois avec sa plateforme Hermes.<link-text>
Du côté de l’inclusion des communautés malentendantes et encore davantage malvoyantes, le sentiment d’exclusion reste bien présent. Derrière la théorie des chartes, règlements et autres mesures délectables, beaucoup de programmes restent encore sans sous-titres ou de mauvaise qualité. Comme souvent sur les réseaux, là où débat il y a, la nécessité déroute. Si les sous-titres nous sont si familiers aujourd’hui, vous l’aurez compris, c’est peut-être davantage parce qu’ils naissent d’une question fondamentale, celle de l'inclusion.
Ils sont, pour ainsi dire, aussi vieux que le cinéma. Pour cause, avant de connaître les films parlants, nous nous suffisions à ces significatifs intertitres et didascalies ; d’un autre temps aujourd’hui. Les frères Lumière déposèrent le brevet du Cinématographe en mars 1895 et jusqu’aux années 1926 - 1927, l’industrie tend progressivement vers le film sonore. D’abord, il y avait ces ‘cartons’ imaginés au début des années 1900 pour rendre les films plus compréhensibles. Ils s’intercalaient entre les séquences pour renseigner sur l’évolution de l’intrigue, préciser le contexte et retranscrire les dialogues. Ensuite, il y a eu la bande-son et c’est à Warner Bros que l’on doit de la synchroniser avec l’image - technique mis au point bien plus tard.
L’arrivée du cinéma sonore est naturellement un bouleversement technique mais aussi sur le plan culturel : une délicate question d’accessibilité. Si jusqu’alors le cinéma paraissait universel - dans une certaine mesure - le film se heurte aux barrières de la langue et de la culture. Et encore davantage, il s’agit pour les grands studios hollywoodiens et allemands de l’époque de ne pas perdre leurs précieuses recettes.
<p-title>Des méthodes de traduction<p-title>
Nous sommes aux prémices des années 30, une période rythmée par l’expérimentation et la recherche de nouvelles méthodes pour pallier les contraintes du langage. Plusieurs solutions sont imaginées, parmi elles, celle de tourner un même film en plusieurs langues. Ce n’est pas du doublage, l’idée - aujourd’hui un tantinet illuminée - de rassembler des équipes de comédiens parlant leur propre langue et de les faire se succéder dans les mêmes décors, en répétant le plan initial autant de fois qu’il y avait de version.
L’ère du marketing et de l’influence n’étant pas ce qu’elle est aujourd'hui, un détail n’avait peut-être pas, jusqu’alors, été pris en compte : le public préfère retrouver sa vedette favorite même si elle ne parle pas sa langue. Greta Garbo, Marlene Dietrich, Lionel Barrymore, un peu plus tôt Chaplin ou Arbuckle, la belle époque de l’après-guerre rimait avec l’âge d’or du cinéma, lui-même avec stars et fantasmes, alimentant l'engouement du public pour les têtes d’affiche.
Surtout, la méthode engendrait des coûts énormes tandis que certains studios hollywoodiens testaient leur première expérience de doublage, bien moins contraignantes. Tandis que le sous-titrage, tel que nous le connaissons, était déjà employé par Hitchcock dans des films du muet, en France, le doublage s’impose encore plus rapidement. Les sous-titres souffraient bien souvent de problèmes de lisibilité ; les techniques étant bien plus fastidieuses qu’aujourd’hui, consistant tantôt à graver la pellicule, tantôt à une impression du texte.
<p-title>Le doublage s'impose<p-title>
En 1932, bien que les premières tentatives de doublage étaient, elles aussi, de médiocres qualités, nombreux craignaient que cette technique n’influe sur de nouvelles dynamiques néfastes et n’aggrave le chômage des intermittents du spectacle. Les protestations aboutissent à ce qu’un décret gouvernemental impose la réalisation en France du doublage des films étrangers et ce, avec un personnel entièrement français. Le décret priorise aussi largement l’exploitation des films en version doublée. C’est de cette mouvance que l’on doit, encore aujourd’hui, la prééminence des fameuses VF mais aussi sa qualité largement significative quant aux autres versions européennes, russes, coréennes et j’en passe...
Ils sont, pour ainsi dire, aussi vieux que le cinéma. Pour cause, avant de connaître les films parlants, nous nous suffisions à ces significatifs intertitres et didascalies ; d’un autre temps aujourd’hui. Les frères Lumière déposèrent le brevet du Cinématographe en mars 1895 et jusqu’aux années 1926 - 1927, l’industrie tend progressivement vers le film sonore. D’abord, il y avait ces ‘cartons’ imaginés au début des années 1900 pour rendre les films plus compréhensibles. Ils s’intercalaient entre les séquences pour renseigner sur l’évolution de l’intrigue, préciser le contexte et retranscrire les dialogues. Ensuite, il y a eu la bande-son et c’est à Warner Bros que l’on doit de la synchroniser avec l’image - technique mis au point bien plus tard.
L’arrivée du cinéma sonore est naturellement un bouleversement technique mais aussi sur le plan culturel : une délicate question d’accessibilité. Si jusqu’alors le cinéma paraissait universel - dans une certaine mesure - le film se heurte aux barrières de la langue et de la culture. Et encore davantage, il s’agit pour les grands studios hollywoodiens et allemands de l’époque de ne pas perdre leurs précieuses recettes.
<p-title>Des méthodes de traduction<p-title>
Nous sommes aux prémices des années 30, une période rythmée par l’expérimentation et la recherche de nouvelles méthodes pour pallier les contraintes du langage. Plusieurs solutions sont imaginées, parmi elles, celle de tourner un même film en plusieurs langues. Ce n’est pas du doublage, l’idée - aujourd’hui un tantinet illuminée - de rassembler des équipes de comédiens parlant leur propre langue et de les faire se succéder dans les mêmes décors, en répétant le plan initial autant de fois qu’il y avait de version.
L’ère du marketing et de l’influence n’étant pas ce qu’elle est aujourd'hui, un détail n’avait peut-être pas, jusqu’alors, été pris en compte : le public préfère retrouver sa vedette favorite même si elle ne parle pas sa langue. Greta Garbo, Marlene Dietrich, Lionel Barrymore, un peu plus tôt Chaplin ou Arbuckle, la belle époque de l’après-guerre rimait avec l’âge d’or du cinéma, lui-même avec stars et fantasmes, alimentant l'engouement du public pour les têtes d’affiche.
Surtout, la méthode engendrait des coûts énormes tandis que certains studios hollywoodiens testaient leur première expérience de doublage, bien moins contraignantes. Tandis que le sous-titrage, tel que nous le connaissons, était déjà employé par Hitchcock dans des films du muet, en France, le doublage s’impose encore plus rapidement. Les sous-titres souffraient bien souvent de problèmes de lisibilité ; les techniques étant bien plus fastidieuses qu’aujourd’hui, consistant tantôt à graver la pellicule, tantôt à une impression du texte.
<p-title>Le doublage s'impose<p-title>
En 1932, bien que les premières tentatives de doublage étaient, elles aussi, de médiocres qualités, nombreux craignaient que cette technique n’influe sur de nouvelles dynamiques néfastes et n’aggrave le chômage des intermittents du spectacle. Les protestations aboutissent à ce qu’un décret gouvernemental impose la réalisation en France du doublage des films étrangers et ce, avec un personnel entièrement français. Le décret priorise aussi largement l’exploitation des films en version doublée. C’est de cette mouvance que l’on doit, encore aujourd’hui, la prééminence des fameuses VF mais aussi sa qualité largement significative quant aux autres versions européennes, russes, coréennes et j’en passe...
Ils sont, pour ainsi dire, aussi vieux que le cinéma. Pour cause, avant de connaître les films parlants, nous nous suffisions à ces significatifs intertitres et didascalies ; d’un autre temps aujourd’hui. Les frères Lumière déposèrent le brevet du Cinématographe en mars 1895 et jusqu’aux années 1926 - 1927, l’industrie tend progressivement vers le film sonore. D’abord, il y avait ces ‘cartons’ imaginés au début des années 1900 pour rendre les films plus compréhensibles. Ils s’intercalaient entre les séquences pour renseigner sur l’évolution de l’intrigue, préciser le contexte et retranscrire les dialogues. Ensuite, il y a eu la bande-son et c’est à Warner Bros que l’on doit de la synchroniser avec l’image - technique mis au point bien plus tard.
L’arrivée du cinéma sonore est naturellement un bouleversement technique mais aussi sur le plan culturel : une délicate question d’accessibilité. Si jusqu’alors le cinéma paraissait universel - dans une certaine mesure - le film se heurte aux barrières de la langue et de la culture. Et encore davantage, il s’agit pour les grands studios hollywoodiens et allemands de l’époque de ne pas perdre leurs précieuses recettes.
<p-title>Des méthodes de traduction<p-title>
Nous sommes aux prémices des années 30, une période rythmée par l’expérimentation et la recherche de nouvelles méthodes pour pallier les contraintes du langage. Plusieurs solutions sont imaginées, parmi elles, celle de tourner un même film en plusieurs langues. Ce n’est pas du doublage, l’idée - aujourd’hui un tantinet illuminée - de rassembler des équipes de comédiens parlant leur propre langue et de les faire se succéder dans les mêmes décors, en répétant le plan initial autant de fois qu’il y avait de version.
L’ère du marketing et de l’influence n’étant pas ce qu’elle est aujourd'hui, un détail n’avait peut-être pas, jusqu’alors, été pris en compte : le public préfère retrouver sa vedette favorite même si elle ne parle pas sa langue. Greta Garbo, Marlene Dietrich, Lionel Barrymore, un peu plus tôt Chaplin ou Arbuckle, la belle époque de l’après-guerre rimait avec l’âge d’or du cinéma, lui-même avec stars et fantasmes, alimentant l'engouement du public pour les têtes d’affiche.
Surtout, la méthode engendrait des coûts énormes tandis que certains studios hollywoodiens testaient leur première expérience de doublage, bien moins contraignantes. Tandis que le sous-titrage, tel que nous le connaissons, était déjà employé par Hitchcock dans des films du muet, en France, le doublage s’impose encore plus rapidement. Les sous-titres souffraient bien souvent de problèmes de lisibilité ; les techniques étant bien plus fastidieuses qu’aujourd’hui, consistant tantôt à graver la pellicule, tantôt à une impression du texte.
<p-title>Le doublage s'impose<p-title>
En 1932, bien que les premières tentatives de doublage étaient, elles aussi, de médiocres qualités, nombreux craignaient que cette technique n’influe sur de nouvelles dynamiques néfastes et n’aggrave le chômage des intermittents du spectacle. Les protestations aboutissent à ce qu’un décret gouvernemental impose la réalisation en France du doublage des films étrangers et ce, avec un personnel entièrement français. Le décret priorise aussi largement l’exploitation des films en version doublée. C’est de cette mouvance que l’on doit, encore aujourd’hui, la prééminence des fameuses VF mais aussi sa qualité largement significative quant aux autres versions européennes, russes, coréennes et j’en passe...
<p-title>La télévision<p-title>
Le sous-titre se démocratise peut-être bien plus tard, non plus dans une démarche de traduction, mais avec une tout autre visée : l’accessibilité aux personnes sourdes et malentendantes. Aux États-Unis, c’est en 1972 qu’apparaît le premier programme sous-titré, dix ans plus tard en France. Ce sont les premiers sous-titres SME (sourds et malentendants). Les medias français exploitent un système initialement prévu pour les brèves informations comme la météo ou les programmes journaliers. C’était le système 'Antiope', d’abord dès 1979 sur Antenne 2 puis, en 1984, sur les chaînes nationales (TF1, Antenne 2, FR3). Cette même année, le sous-titrage SME est devenu une obligation pour toutes les chaînes de télévision publiques françaises et c’est en 2000 que l’obligation est étendue à l’ensemble des chaînes hertziennes.
<p-title>Une question d'accessibilité<p-title>
Un enjeu aussi de la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées tendait donc forcément à renforcer encore les dispositions de celle de 2000 et impose à toutes les chaînes dont l’audience moyenne annuelle dépasse 2,5 % de l’audience totale des services de télévision de rendre la totalité de leurs programmes accessibles aux personnes sourdes et malentendantes. Des productions se spécialisent, les méthodes sont plus précises, la reconnaissance vocale permet de sous-titrer en direct le JT de TF1 dès 2007 et en 2011 est signée la Charte relative à la qualité du sous-titrage à destination des personnes sourdes ou malentendantes. Elle cherche à standardiser l’utilisation des sous-titres : clarifier le temps de lecture, respecter le sens des phrases, ne pas cacher une trop grande partie de l’image, etc.
<p-title>L'ère du numérique<p-title>
Avec l’avènement du numérique, le champ des possibles était bouleversé. On pouvait sous-titrer pour un large spectre sans problème et avec la multiplication des chaînes de télévision, l’apparition du DVD et du streaming, la demande s’est développée et le sous-titrage se faisait l’analogie de la popularisation du doublage 50 ans plus tôt.
Aujourd’hui, ils paraissent tous deux faire front. Tandis que l’un tend à s’essouffler à l'âge d’une génération bilingue - ou presque - et de l’engouement des versions originales sous-titrées, l’est-il vraiment ? Le doublage s’ancre depuis près de huit décennies dans un fort héritage culturel, calqué et respecté dans le monde entier. Les sous-titres, eux, sont partout, encore davantage sur les réseaux sociaux qui nous aguichent en miniature ou rythmant shorts, reels, tiktoks et stories. Certains médias en ont même fait leur marque de fabrique comme Konbini ou Brut. Des communautés se succèdent pour traduire gratuitement leurs programmes favoris - <link-text>Netflix en avait fait les frais il y a de cela quelques mois avec sa plateforme Hermes.<link-text>
Du côté de l’inclusion des communautés malentendantes et encore davantage malvoyantes, le sentiment d’exclusion reste bien présent. Derrière la théorie des chartes, règlements et autres mesures délectables, beaucoup de programmes restent encore sans sous-titres ou de mauvaise qualité. Comme souvent sur les réseaux, là où débat il y a, la nécessité déroute. Si les sous-titres nous sont si familiers aujourd’hui, vous l’aurez compris, c’est peut-être davantage parce qu’ils naissent d’une question fondamentale, celle de l'inclusion.