15/12/2023
La mode avant l’apocalypse
Par Clément Rigaud
Crédit photo : OTTOLINGER Printemps Été 2024
<link-text>Audacieux<link-text> ne se suffit certainement pas de ce grand mot qu’est "l’Actualité". D’abord parce qu’il n’en a aucunement la prétention mais davantage encore parce qu’il aurait tendance à s’écarter de l’absolu cynisme des JT télé et autres oppressantes sources d’information. Il s’agissait peut-être et avant tout de raconter les arts et ceux qui s’imprègnent du monde avec créativité et intelligence. Mais ces tendances oppressantes qui tendent à définir notre actualité s’attardent aussi à biaiser parfois notre rapport au temps. Parce qu’à force de nous saisir avec œillères des titres putaclic et aguichantes éditions spéciales du 20h, nous aurions tendance à oublier que l’avenir est incertain par essence ; imprévisible. C’est bien en cela qu’il nous est si déroutant.
À juste titre, plus d’une chose nous pousse à comprendre demain comme un drame omnipotent, une fin en soi pour certains, parce que d’un point de vue - que vous jugerez radical ou non - nous n’aurions plus vraiment la mainmise. « S’il n’était pas déjà trop tard ?» C’est cette question qui hante bon nombre d’entre nous. Parce qu’à travers cet optimisme mis à rude épreuve - peut-être le déni, disons-le - il y a surtout l’envie d’espérer. Croire au changement parce qu’il y a peut-être en cela le fondement des arts et de la création ; autrement du design et de ses applications.
L’avenir est-il aussi imprévisible que cela ? Si Jean Jouzel définissait 30 ans plus tôt nombreuses des transformations climatologiques actuelles, ne renforçait-il pas, lui et ses confrères, le déterminisme marqué d’une période qui se voulait et se veut, encore aujourd’hui, libre et indépendante ? Sombre pessimisme ou optimisme alarmant, depuis le début du monde moderne les artistes se saisissent du large spectre de l’avenir et des questionnements qui en découlent. Il y a peu, certains m’ont parlé des centennials et de leurs préoccupations. J’ai repensé à Rick Owens, <link-text>Glenn Martens<link-text>, <link-text>Margiela<link-text> et à la dernière Fashion Week, voici mon compte-rendu.
15/12/2023
La mode avant l’apocalypse
Par Clément Rigaud
Crédit photo : OTTOLINGER Printemps Été 2024
<link-text>Audacieux<link-text> ne se suffit certainement pas de ce grand mot qu’est "l’Actualité". D’abord parce qu’il n’en a aucunement la prétention mais davantage encore parce qu’il aurait tendance à s’écarter de l’absolu cynisme des JT télé et autres oppressantes sources d’information. Il s’agissait peut-être et avant tout de raconter les arts et ceux qui s’imprègnent du monde avec créativité et intelligence. Mais ces tendances oppressantes qui tendent à définir notre actualité s’attardent aussi à biaiser parfois notre rapport au temps. Parce qu’à force de nous saisir avec œillères des titres putaclic et aguichantes éditions spéciales du 20h, nous aurions tendance à oublier que l’avenir est incertain par essence ; imprévisible. C’est bien en cela qu’il nous est si déroutant.
À juste titre, plus d’une chose nous pousse à comprendre demain comme un drame omnipotent, une fin en soi pour certains, parce que d’un point de vue - que vous jugerez radical ou non - nous n’aurions plus vraiment la mainmise. « S’il n’était pas déjà trop tard ?» C’est cette question qui hante bon nombre d’entre nous. Parce qu’à travers cet optimisme mis à rude épreuve - peut-être le déni, disons-le - il y a surtout l’envie d’espérer. Croire au changement parce qu’il y a peut-être en cela le fondement des arts et de la création ; autrement du design et de ses applications.
L’avenir est-il aussi imprévisible que cela ? Si Jean Jouzel définissait 30 ans plus tôt nombreuses des transformations climatologiques actuelles, ne renforçait-il pas, lui et ses confrères, le déterminisme marqué d’une période qui se voulait et se veut, encore aujourd’hui, libre et indépendante ? Sombre pessimisme ou optimisme alarmant, depuis le début du monde moderne les artistes se saisissent du large spectre de l’avenir et des questionnements qui en découlent. Il y a peu, certains m’ont parlé des centennials et de leurs préoccupations. J’ai repensé à Rick Owens, <link-text>Glenn Martens<link-text>, <link-text>Margiela<link-text> et à la dernière Fashion Week, voici mon compte-rendu.
L'«Avant Apocalypse»
Le terme a été amené par Mandy Lee, une ‘vulgarisatrice analyste tiktokeuse’ plutôt appréciée par la presse spécialisée. Imaginez la dernière saison de la série Dark, le film Dune ou l’esprit Mad Max. L’Avant Apocalypse, c’est un peu l’avant-garde mais à l’aube de la fin du monde, un jeu de temps - et de mots - entre un look futuriste un tantinet sombre, un mélange entre passé et 'no futur', entre l’acceptation et l’inquiétude, la délivrance et l’oppression et dans la lignée des courants subversifs de la mode. On pense ainsi à la singularité de Rick Owens, à l’anticonformisme de <link-text>Margiella<link-text> ou au mouvement antifashion des années 90.
1/3 — On transgresse les basiques
On transgresse les basiques en guise de protestation avec des entailles style survivaliste et en bouleversant les silhouettes avec démesure et asymétrie parce que tout est trop, absurde et déroutant.
2/3 — On superpose à outrance
Parfois, on revisite l’esprit Pop art, on provoque en superposant à outrance comme une bonne vieille dénonciation du monde consumériste. Lors de son défilé hiver 18, Balenciaga annonçait sa collaboration avec The World Food Programme, l’organisation alimentaire de l’ONU visant l’abolition de la faim.
3/3 — Parce que tout ne tient qu'à un fil
Dans un monde désabusé, on crée avec ce que l’on a déjà, on détourne d’anciennes tenues parce que de toute façon il n’y a pas de futur et on s’adapte aux dernières chutes de tissus de la maison pour ne rien gaspiller. On optimise même jusqu’à se contenter d’une épingle ou d’un fragile bouton pour fermer un décolleté. Jacquemus l’avait prôné pour son défilé La Montagne en juin dernier.
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