ÉDITO : Le sens du beau

9/10/2023
Par Clément Rigaud
Faire passer la souris sur les mots cachés pour les lire
9/10/2023

ÉDITO : Le sens du beau

Par Clément Rigaud
Faire passer la souris sur les mots cachés pour les lire

Il existe pour sûr cette polysémie infinie propre à la pratique, car le design est une science complexe, enveloppante et enivrante. S’il paraît parfois flou et abstrait, c’est davantage encore parce que tout designer modèle sa propre définition au regard de la fragilité des résultantes sociales et sociétales de ses intentions. Dans cet entrain contemporain à se saisir des enjeux du monde, la notion d’un beau subjectif semble terriblement réductrice. Lorsque <link-text>Pierre DEBEAUX<link-text> confronte les mots de Vitruve à ses aspirations modernistes, la forme classique est naturellement contraignante, réductrice, tant elle codifiée, «inhumaine pour ainsi dire».

Mais le beau oscille entre les deux faces d’un mur friable : la raison, l’usage, la fonction d’une part, l’affecte, le plaisir, le Sensible, d’autre part. C’est cette dualité qui rythme les arts depuis longtemps semble-t-il. Du juste équilibre - disaient-ils d’une absolue perfection - du classicisme, n’y aurait-il pas déséquilibre. Ou bien l'exubérance baroque puis romantique ne serait elle pas passion et liberté. Les fauvistes et les performatifs, tous héritent de leur propre antinomie ; du rationalisme des Lumières à l’anti-académisme. Comme un pendule schopenhauerien qui oscille de la raison à l’émotion, de la question à la réponse, réponse elle-même question.

De cette dualité-ci, se dessine un entre-deux, pour reprendre Gregory Bateson, « l’existence d’un paysage entre l’intention et sa réception ». Tantôt l’intention est d’une beauté saisissante tant elle est source de réflexion, de remise en cause, tant elle est sensible et intelligente, tantôt et parfois même paradoxalement, l’impromptu fascine, le dégoût stimule, l’incompréhension ou le dissonant bouleverse…

Le beau se sculpte chez l’autre, dans sa singularité et sa sensibilité.


Il y a parfois une même dualité dans les arts. L’expérimental, le plastique, l’art contemporain - j’ose le dire - semble bien éloigné d’une forme d’application concrète comme le design. Tous de fois, et nous l’esquissons depuis près d’un an désormais, quelques propositions artistiques d’apparence subversives paraissent parfois bien plus raisonnées qu’un objet faussement design qui factuellement n’en est pas.

Alors comment ouvrir le regard, être source de proposition, de singularité et sensibiliser ? Comment remettre en question les codes et les langages ? Ce son peut être les silhouettes de <link-text>Matthew M. Williams pour Givenchy<link-text>, entre héritage et renouveau. Peut-être aurions pu nous saisir aussi de l’abstraction de <link-text>L’Autre/ L’Artiste ?<link-text> à la manière d’une peinture avant-garde. —Certes, généraliser l’anticonformisme de ces peintres à une simple réaction face à la photographie naissante serait terriblement limitant. Il semble pour autant y avoir un parallèle somme toute amusant entre fatalité, déjà-vu, et temporalité déroutante.

Si ce n’est une forme d’esthétique, le beau se sculpte chez l’autre, dans sa singularité et sa sensibilité. Ainsi pourrions-nous voir une forme d’application et d’intérêt dans les lignes de ce magazine ? Les derniers mots de l’édito disaient : « réapprenons à nous échapper pour de vrai ». 'Monde Sensible et Identité’ esquisse, pour sûr, depuis juin, une forme de rétrospective tandis que <link-text>L'Autre/ l’Artiste?<link-text> s’ouvre au corps et à la différence. Dans l’héritage de <link-text>Désabusé<link-text> qui tend à se rapprocher des fantasmes de ses débuts ; et dans ces dynamiques artistiques et collectives qui viennent enrichir la pratique, tout s’attarde à ressembler à ces choses qui nous paraissent audacieuses. C’était l’envie de raconter les arts, d’ouvrir le regard, de s’ouvrir aux autres et de partager <link-text>l’actualité culturelle<link-text>. Le beau semble se détacher aussi dans la simplicité, dans la différence, dans la richesse du pouvoir créatif. Voilà peut-être un semblant de réponse : le beau n’est ni une dualité, ni un conflit, un rapport ou quelque opposition, il est l'union, un tout harmonisé de toutes les manières possibles. En 2015, Benjamin Loyauté écrivait à ce sujet dans l’ouvrage de la <link-text>Biennale Internationale de Saint-Étienne<link-text>, il disait ceci : « Tout le monde a un avis sur le beau. Il faut arrêter d’avoir peur de s’y confronter, car cet avis-ci se stabilise en fonction de critère de temps, d’espace, d’éducation, de contact, de société. C’est dire à quel point il est mobile. »

ÉDITO : Le sens du beau

9/10/2023
Par Clément Rigaud
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9/10/2023
Par Clément Rigaud
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ÉDITO : Le sens du beau

25/2/2024
Par Clément Rigaud
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Il existe pour sûr cette polysémie infinie propre à la pratique, car le design est une science complexe, enveloppante et enivrante. S’il paraît parfois flou et abstrait, c’est davantage encore parce que tout designer modèle sa propre définition au regard de la fragilité des résultantes sociales et sociétales de ses intentions. Dans cet entrain contemporain à se saisir des enjeux du monde, la notion d’un beau subjectif semble terriblement réductrice. Lorsque <link-text>Pierre DEBEAUX<link-text> confronte les mots de Vitruve à ses aspirations modernistes, la forme classique est naturellement contraignante, réductrice, tant elle codifiée, «inhumaine pour ainsi dire».

Mais le beau oscille entre les deux faces d’un mur friable : la raison, l’usage, la fonction d’une part, l’affecte, le plaisir, le Sensible, d’autre part. C’est cette dualité qui rythme les arts depuis longtemps semble-t-il. Du juste équilibre - disaient-ils d’une absolue perfection - du classicisme, n’y aurait-il pas déséquilibre. Ou bien l'exubérance baroque puis romantique ne serait elle pas passion et liberté. Les fauvistes et les performatifs, tous héritent de leur propre antinomie ; du rationalisme des Lumières à l’anti-académisme. Comme un pendule schopenhauerien qui oscille de la raison à l’émotion, de la question à la réponse, réponse elle-même question.

De cette dualité-ci, se dessine un entre-deux, pour reprendre Gregory Bateson, « l’existence d’un paysage entre l’intention et sa réception ». Tantôt l’intention est d’une beauté saisissante tant elle est source de réflexion, de remise en cause, tant elle est sensible et intelligente, tantôt et parfois même paradoxalement, l’impromptu fascine, le dégoût stimule, l’incompréhension ou le dissonant bouleverse…

Le beau se sculpte chez l’autre, dans sa singularité et sa sensibilité.


Il y a parfois une même dualité dans les arts. L’expérimental, le plastique, l’art contemporain - j’ose le dire - semble bien éloigné d’une forme d’application concrète comme le design. Tous de fois, et nous l’esquissons depuis près d’un an désormais, quelques propositions artistiques d’apparence subversives paraissent parfois bien plus raisonnées qu’un objet faussement design qui factuellement n’en est pas.

Il existe pour sûr cette polysémie infinie propre à la pratique, car le design est une science complexe, enveloppante et enivrante. S’il paraît parfois flou et abstrait, c’est davantage encore parce que tout designer modèle sa propre définition au regard de la fragilité des résultantes sociales et sociétales de ses intentions. Dans cet entrain contemporain à se saisir des enjeux du monde, la notion d’un beau subjectif semble terriblement réductrice. Lorsque <link-text>Pierre DEBEAUX<link-text> confronte les mots de Vitruve à ses aspirations modernistes, la forme classique est naturellement contraignante, réductrice, tant elle codifiée, «inhumaine pour ainsi dire».

Mais le beau oscille entre les deux faces d’un mur friable : la raison, l’usage, la fonction d’une part, l’affecte, le plaisir, le Sensible, d’autre part. C’est cette dualité qui rythme les arts depuis longtemps semble-t-il. Du juste équilibre - disaient-ils d’une absolue perfection - du classicisme, n’y aurait-il pas déséquilibre. Ou bien l'exubérance baroque puis romantique ne serait elle pas passion et liberté. Les fauvistes et les performatifs, tous héritent de leur propre antinomie ; du rationalisme des Lumières à l’anti-académisme. Comme un pendule schopenhauerien qui oscille de la raison à l’émotion, de la question à la réponse, réponse elle-même question.

De cette dualité-ci, se dessine un entre-deux, pour reprendre Gregory Bateson, « l’existence d’un paysage entre l’intention et sa réception ». Tantôt l’intention est d’une beauté saisissante tant elle est source de réflexion, de remise en cause, tant elle est sensible et intelligente, tantôt et parfois même paradoxalement, l’impromptu fascine, le dégoût stimule, l’incompréhension ou le dissonant bouleverse…

Le beau se sculpte chez l’autre, dans sa singularité et sa sensibilité.


Il y a parfois une même dualité dans les arts. L’expérimental, le plastique, l’art contemporain - j’ose le dire - semble bien éloigné d’une forme d’application concrète comme le design. Tous de fois, et nous l’esquissons depuis près d’un an désormais, quelques propositions artistiques d’apparence subversives paraissent parfois bien plus raisonnées qu’un objet faussement design qui factuellement n’en est pas.

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Si ce n’est une forme d’esthétique, le beau se sculpte chez l’autre, dans sa singularité et sa sensibilité. Ainsi pourrions-nous voir une forme d’application et d’intérêt dans les lignes de ce magazine ? Les derniers mots de l’édito disaient : « réapprenons à nous échapper pour de vrai ». 'Monde Sensible et Identité’ esquisse, pour sûr, depuis juin, une forme de rétrospective tandis que <link-text>L'Autre/ l’Artiste?<link-text> s’ouvre au corps et à la différence. Dans l’héritage de <link-text>Désabusé<link-text> qui tend à se rapprocher des fantasmes de ses débuts ; et dans ces dynamiques artistiques et collectives qui viennent enrichir la pratique, tout s’attarde à ressembler à ces choses qui nous paraissent audacieuses. C’était l’envie de raconter les arts, d’ouvrir le regard, de s’ouvrir aux autres et de partager <link-text>l’actualité culturelle<link-text>. Le beau semble se détacher aussi dans la simplicité, dans la différence, dans la richesse du pouvoir créatif. Voilà peut-être un semblant de réponse : le beau n’est ni une dualité, ni un conflit, un rapport ou quelque opposition, il est l'union, un tout harmonisé de toutes les manières possibles. En 2015, Benjamin Loyauté écrivait à ce sujet dans l’ouvrage de la <link-text>Biennale Internationale de Saint-Étienne<link-text>, il disait ceci : « Tout le monde a un avis sur le beau. Il faut arrêter d’avoir peur de s’y confronter, car cet avis-ci se stabilise en fonction de critère de temps, d’espace, d’éducation, de contact, de société. C’est dire à quel point il est mobile. »

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