29/1/2023
La caserne Vion de Pierre DEBEAUX, entre mémoire et idéaux
Par Clément Rigaud
Actualisé le 20 sep 2023
Depuis le jeudi 14 septembre 2023, la caserne est classé au titre des monuments historiques.
La question se pose depuis une vingtaine d’années, le redéploiement des services d’incendie et de secours de la caserne Jacques Vion, à Toulouse.
Le Sdie 31 (Service Départemental d'Incendie et de Secours) annonçait, septembre dernier, la réhabilitation de plusieurs de ses centres de secours et c’était chose faite pour la caserne Vion. Les professionnelles étaient remobilisées à l’est, au bord du périphérique, et dans la zone du Chapitre, au sud, laissant la ville en porte-à-faux quant au réaménagement de l’oeuvre majeure de l’architecte Pierre Debeaux. Le bâtiment est une commande de la ville et imaginé dès ses origines pour accueillir les pompiers à l’époque où ils étaient encore sous compétence de la municipalité. Seulement, entre les dessins singuliers de Debeaux et la labélisation « monument remarquable du XX » le champ des possibles de la mairie était largement limité. Une procédure de vente vient ainsi de débuter s’accompagnant de deux autres réhabilitations jugées trop coûteuses par la ville : l’hôtel particulier de Lestang et un ensemble immobilier situé avenue Antoine de Saint-Exupéry.
Aujourd’hui un collectif, - essentiellement composé d’artistes, designers et architectes - le « collectif pour la reconnaissance et la protection de l’œuvre de Pierre Debeaux » lance une pétition à destination de Rima Abdul Malak, ministre de la culture, pour protéger la caserne au titre de monument historique.
Figure typique du mouvement moderniste, dans l’héritage du rationalisme de <link-text>Margarete Schütte-Lihotzky<link-text> ou du Corbusier, Pierre Debeaux imagine la structure en 1967 comme un ensemble organiquement lié. Un hall destiné aux véhicules de secours, d'une superficie de 930m²; un immeuble de logements des sapeurs-pompiers de 12 étages comportant 75 appartements et des ateliers ; un immeuble de logements des officiers de 5 étages ; un immeuble pour les services administratifs, comportant les logements pour les célibataires, les bureaux, le dispatching et une salle d’honneur en étage, les vestiaires, une coopérative et un mess en rez-de-chaussée ; une salle de conférence ; une station-service ; une tour de séchage des tuyaux ; un centre d'entraînement comprenant un gymnase, une piscine de 25m de longueur et une fosse de plongée de 10m de profondeur, etc.
Sur le fronton de l’architecture sont inscrits les mots de Vitruve : 'Venustas, Firmitas, Utilitas' (beauté, solidité et utilité). Des termes aujourd’hui « passablement édulcoré » disait l’architecte en 1973 lorsqu'il présentait son travail au micro d'Yvonne GOFFINET, ancienne réalisatrice de FR3 Toulouse. Là où le traité de Vitruve exposait la beauté, au regard de règles strictes de l’architecture classique, comme la recherche perpétuelle d’une justesse absolue des proportions, il semble désormais bien loin des aspirations contemporaines d'architectes comme Debeaux qui explore les nouvelles facettes de cette dite 'forme de beauté'.
29/1/2023
La caserne Vion de Pierre DEBEAUX, entre mémoire et idéaux
Par Clément Rigaud
