MODE

S.S.DALEY, ARTS CRAFTS ET GENDER FLUID

23/9/2022
Par Clément Rigaud
Faire passer la souris sur les mots cachés pour les lire
23/9/2022

S.S.DALEY, ARTS CRAFTS ET GENDER FLUID

Par Clément Rigaud
Faire passer la souris sur les mots cachés pour les lire

C’était la neuvième édition du Prix LVMH pour les jeunes créateurs de Mode et un profil est sorti du lot, pour cause, il est lauréat. Steven Stokey-Daley remporte le prix LVMH 2022 avec une marque assurément anglaise puisqu’elle joue sur ses connotations. Plus largement, elle fait référence à un mouvement artistique lui-même anglais et initiateur de tant de ces choses qui nous paraissent actuelles tandis qu’elles influent sans doute depuis plus d’un siècle. On parle d'un mouvement qui n'aurait peut-être pas rimé avec mode à l'origine, une approche de design avant même que la discipline ne soit conscientisée : le Arts and Crafts ou comment la marque S.S.DALEY s'en imprègne.

‘’A star is Born", c’étaient les derniers mots des Beaux-Arts magazine de septembre pour parler du lauréat du prix LVMH de cette année. Vous l’avez peut-être déjà vu, peut-être - du moins - avez vu ses tenues puisque la quasi-totalité de sa première collection figure dans le clip "Golden" d’Harry Styles.

C’est beau, tantôt même intelligent, c’est anglais, subtilement décalé mais c’est surtout inspiré et donc inspirant.

Parce qu'au détour d’une forme d’authenticité - si ce n’est spontanéité - Steven Stokey-Daley prône l’imagerie anglaise dans l’esprit de l'Époque Victorienne et dans le large héritage d’un certain mouvement, lui-même anglais, le Arts and Crafts.

Aujourd’hui dans Audacieux, l’association entre <link-text>Mode<link-text> et <link-text>Inspiration<link-text>, c’est l’art, l’artisanat et le <link-text>genderfluide<link-text>, c’est signé S.S.Daley, prix LVMH 2022.

ARTS AND CRAFTS

Certains l’associent à l’Art Nouveau en France et en Belgique mais c’est bien plus large que cela.

Le Arts and Crafts et peut-être davantage une philosophie, une approche plus globale que simplement artistique ; sociale, sociétale, presque sociologique et initiée à la fin du XIXe en Angleterre.

Si vous suivez la série <link-text>Inspiration<link-text>, vous l’aurez compris, les prémices du design sont étroitement ancrées à certaines révolutions. Le design moderne puise, pour sûr, de la Guerre mais certaines dynamiques qui l’influaient voyaient déjà le jour un peu plus tôt.

Le mouvement prend pied sur ce même schéma type de la Belle Époque ou du <link-text>Gilded Age<link-text> abordé au Met Gala cette année. 

En clair, nous sommes à la seconde moitié du XIXe, la Révolution Industrielle bouleverse le Monde depuis la fin du XVIIIe et tandis que l’agriculture régissait l’ensemble des modèles sociaux de l’époque, un système technique moderne se met en place. Nouvelles technologies, nouvelles formes d’énergie, nouveaux secteurs d’activité ; c’est la structure économique et sociale des Hommes qui évolue, et qui nous pousse subtilement, de plus en plus, dans un amour shakespearien entre production et consommation.

L’Époque Victorienne, c’est donc cette même mouvance, les constats plus ou moins semblables des fameuses "périodes de prospérité" : l’Empire Britannique règne sur le Monde, pourtant, les conditions de travail sont médiocres, le niveau de vie n’augmente pas et les produits de consommation perdent en qualité.

C’est le fondement même de la critique sociale, du romantisme social - on n’en parlait brièvement <link-text>ici<link-text>.

Et c’est dans cet esprit que le Arts and Crafts est né.

Une figure trône au-dessus de tous, celle de William Morris, tête de course de ce mouvement réfractaire. Peut-être incarne-t-il aujourd’hui l’un des visages des prémices du design puisqu’il était certainement l’un de ces acteurs qui influait la discipline avant même qu'on la conscientise.

Designer avant l’heure donc, il était écrivain, poète, imprimeur, peintre, architecte et j’en passe. Surtout, c’était un penseur, partagé entre un milieu bourgeois et une approche socialiste.

C’est face au constat d'une société priorisant certains bénéfices capitalistes au profit de toute notion d’esthétique ou de qualité ; largement inspiré par les théories de John Ruskin, écrivain et poète qui prônait, entre autres, un retour à une alliance des arts et de la nature - nous y reviendrons - que les deux artistes décident de se révolter contre l’industrialisation, la déshumanisation de l’ouvrier et la mort du travail artisanal.


23/9/2022

S.S.DALEY, ARTS CRAFTS ET GENDER FLUID

C’était la neuvième édition du Prix LVMH pour les jeunes créateurs de Mode et un profil est sorti du lot, pour cause, il est lauréat. Steven Stokey-Daley remporte le prix LVMH 2022 avec une marque assurément anglaise puisqu’elle joue sur ses connotations. Plus largement, elle fait référence à un mouvement artistique lui-même anglais et initiateur de tant de ces choses qui nous paraissent actuelles tandis qu’elles influent sans doute depuis plus d’un siècle. On parle d'un mouvement qui n'aurait peut-être pas rimé avec mode à l'origine, une approche de design avant même que la discipline ne soit conscientisée : le Arts and Crafts ou comment la marque S.S.DALEY s'en imprègne.

‘’A star is Born", c’étaient les derniers mots des Beaux-Arts magazine de septembre pour parler du lauréat du prix LVMH de cette année. Vous l’avez peut-être déjà vu, peut-être - du moins - avez vu ses tenues puisque la quasi-totalité de sa première collection figure dans le clip "Golden" d’Harry Styles.

C’est beau, tantôt même intelligent, c’est anglais, subtilement décalé mais c’est surtout inspiré et donc inspirant.

Parce qu'au détour d’une forme d’authenticité - si ce n’est spontanéité - Steven Stokey-Daley prône l’imagerie anglaise dans l’esprit de l'Époque Victorienne et dans le large héritage d’un certain mouvement, lui-même anglais, le Arts and Crafts.

Aujourd’hui dans Audacieux, l’association entre <link-text>Mode<link-text> et <link-text>Inspiration<link-text>, c’est l’art, l’artisanat et le <link-text>genderfluide<link-text>, c’est signé S.S.Daley, prix LVMH 2022.

ARTS AND CRAFTS

Certains l’associent à l’Art Nouveau en France et en Belgique mais c’est bien plus large que cela.

Le Arts and Crafts et peut-être davantage une philosophie, une approche plus globale que simplement artistique ; sociale, sociétale, presque sociologique et initiée à la fin du XIXe en Angleterre.

Si vous suivez la série <link-text>Inspiration<link-text>, vous l’aurez compris, les prémices du design sont étroitement ancrées à certaines révolutions. Le design moderne puise, pour sûr, de la Guerre mais certaines dynamiques qui l’influaient voyaient déjà le jour un peu plus tôt.

Le mouvement prend pied sur ce même schéma type de la Belle Époque ou du <link-text>Gilded Age<link-text> abordé au Met Gala cette année. 

En clair, nous sommes à la seconde moitié du XIXe, la Révolution Industrielle bouleverse le Monde depuis la fin du XVIIIe et tandis que l’agriculture régissait l’ensemble des modèles sociaux de l’époque, un système technique moderne se met en place. Nouvelles technologies, nouvelles formes d’énergie, nouveaux secteurs d’activité ; c’est la structure économique et sociale des Hommes qui évolue, et qui nous pousse subtilement, de plus en plus, dans un amour shakespearien entre production et consommation.

L’Époque Victorienne, c’est donc cette même mouvance, les constats plus ou moins semblables des fameuses "périodes de prospérité" : l’Empire Britannique règne sur le Monde, pourtant, les conditions de travail sont médiocres, le niveau de vie n’augmente pas et les produits de consommation perdent en qualité.

C’est le fondement même de la critique sociale, du romantisme social - on n’en parlait brièvement <link-text>ici<link-text>.

Et c’est dans cet esprit que le Arts and Crafts est né.

Une figure trône au-dessus de tous, celle de William Morris, tête de course de ce mouvement réfractaire. Peut-être incarne-t-il aujourd’hui l’un des visages des prémices du design puisqu’il était certainement l’un de ces acteurs qui influait la discipline avant même qu'on la conscientise.

Designer avant l’heure donc, il était écrivain, poète, imprimeur, peintre, architecte et j’en passe. Surtout, c’était un penseur, partagé entre un milieu bourgeois et une approche socialiste.

C’est face au constat d'une société priorisant certains bénéfices capitalistes au profit de toute notion d’esthétique ou de qualité ; largement inspiré par les théories de John Ruskin, écrivain et poète qui prônait, entre autres, un retour à une alliance des arts et de la nature - nous y reviendrons - que les deux artistes décident de se révolter contre l’industrialisation, la déshumanisation de l’ouvrier et la mort du travail artisanal.


S.S.DALEY, ARTS CRAFTS ET GENDER FLUID

C’est le fondement même du mouvement : rapprocher la production de l’artisanat.

"N'aie rien chez toi que tu ne saches utile ou que tu croies beau"

C’était d’abord réhabiliter le travail fait main, réapprendre et surtout sauvegarder les techniques traditionnelles. Morris et Ruskin esquissaient les premières critiques des conditions de travail des classes ouvrières. Mais c’était plus large encore.

Pour William Morris, il n’y a que le travail fait main qui garantit la qualité du produit et - entre autres - parce que l’homme ne peut être qu’heureux dans l’exercice de ses fonctions pour garantir des rendus de qualité.

Vous saisissez la nuance, dans les faits, les conditions de travail des employés et la qualité des produits sont liées. Une approche qui résonne encore tant aujourd’hui.

Et c’est ainsi qu’il dresse les enjeux de son mouvement. Parce que pour s’épanouir, l’homme doit aussi participer à chacune des étapes de production de l’objet. C’est cet affect entre l’homme et sa création qui rendra alors ‘l’ouvrier plus heureux mais aussi l’objet plus beau, par le supplément d’âme qui s’en dégagera’. On est alors loin du positionnement sociétal de l’époque.

Mais ce qu’il y a toujours d’aussi fascinant, ce sont ces mêmes similitudes entre des dynamiques datant de plus d’un siècle et certaines aspirations contemporaines.

C’est ce rapport subtil entre un mouvement novateur de la fin du XIXe siècle et les aspirations sociales d’aujourd’hui. Ce sont les <link-text>heures silencieuses,<link-text> dans un premier temps abordées comme mesure sociale pour aider les porteurs de <link-text>TSA<link-text> mais qui s’étendent finalement à l’ensemble du grand public, sensible à cette 'pause' dans une vie trop souvent rythmée par le brouhaha - nous en parlions la semaine dernière

Largement, en fait, ce sont ces grands enjeux contemporains qui tendent à déconstruire certains modèles pour tantôt garantir notre santé mentale, améliorer les conditions de travail, déprogrammer l’obsolescence, prôner les circuits courts, la qualité ; simplement même, sauver notre planète.

En effet, le mouvement était tel à l’époque qu’il engendrait diverses formes d’exils de groupes d’artistes et d'artisans partis vivre traditionnellement à la campagne. Ils réapprenaient les techniques artisanales et en adéquation avec la nature, comme certaines initiatives citoyennes et.ou individuelles qui se multiplient aujourd’hui.

S.S.DALEY

Je ne crois pas que Morris imaginait son approche dans la mode ; bien que peut-être.
Steven Stokey Daley s’en imprègne, lui. D’abord esthétiquement, certes. C’est épuré, aux allures nordiques et avec des symboles de la nature. Mais ça colle aussi plutôt bien aux valeurs du mouvement. Les pièces sont fabriquées avec des matières issues de fins de stock d’artisans locaux et toujours sur commande.

Ce sont ces approches, comme celle de <link-text>l’upcycling<link-text> de la marque - ou créer du neuf avec du vieux - qui nous paraissent aujourd’hui simplement normales. Bien que certains n’aient toujours pas saisi les enjeux, comment, tous de fois, imaginer la création sans appréhender les enjeux environnementaux, sociaux, les conditions de travail et j’en passe.. ?

Néanmoins, ces similarités, qui font sens aujourd’hui, portent parfois à confusion. Parce que pour n’apercevoir que si peu de changements entre hier et aujourd'hui, étaient-ils drôlement en avance, ou sommes-nous désormais beaucoup trop en retard ?


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S.S.DALEY, ARTS CRAFTS ET GENDER FLUID

23/9/2022
Par Clément Rigaud
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23/9/2022
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S.S.DALEY, ARTS CRAFTS ET GENDER FLUID

23/2/2024
Par Clément Rigaud

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C’était la neuvième édition du Prix LVMH pour les jeunes créateurs de Mode et un profil est sorti du lot, pour cause, il est lauréat. Steven Stokey-Daley remporte le prix LVMH 2022 avec une marque assurément anglaise puisqu’elle joue sur ses connotations. Plus largement, elle fait référence à un mouvement artistique lui-même anglais et initiateur de tant de ces choses qui nous paraissent actuelles tandis qu’elles influent sans doute depuis plus d’un siècle. On parle d'un mouvement qui n'aurait peut-être pas rimé avec mode à l'origine, une approche de design avant même que la discipline ne soit conscientisée : le Arts and Crafts ou comment la marque S.S.DALEY s'en imprègne.

‘’A star is Born", c’étaient les derniers mots des Beaux-Arts magazine de septembre pour parler du lauréat du prix LVMH de cette année. Vous l’avez peut-être déjà vu, peut-être - du moins - avez vu ses tenues puisque la quasi-totalité de sa première collection figure dans le clip "Golden" d’Harry Styles.

C’est beau, tantôt même intelligent, c’est anglais, subtilement décalé mais c’est surtout inspiré et donc inspirant.

Parce qu'au détour d’une forme d’authenticité - si ce n’est spontanéité - Steven Stokey-Daley prône l’imagerie anglaise dans l’esprit de l'Époque Victorienne et dans le large héritage d’un certain mouvement, lui-même anglais, le Arts and Crafts.

Aujourd’hui dans Audacieux, l’association entre <link-text>Mode<link-text> et <link-text>Inspiration<link-text>, c’est l’art, l’artisanat et le <link-text>genderfluide<link-text>, c’est signé S.S.Daley, prix LVMH 2022.

ARTS AND CRAFTS

Certains l’associent à l’Art Nouveau en France et en Belgique mais c’est bien plus large que cela.

Le Arts and Crafts et peut-être davantage une philosophie, une approche plus globale que simplement artistique ; sociale, sociétale, presque sociologique et initiée à la fin du XIXe en Angleterre.

Si vous suivez la série <link-text>Inspiration<link-text>, vous l’aurez compris, les prémices du design sont étroitement ancrées à certaines révolutions. Le design moderne puise, pour sûr, de la Guerre mais certaines dynamiques qui l’influaient voyaient déjà le jour un peu plus tôt.

Le mouvement prend pied sur ce même schéma type de la Belle Époque ou du <link-text>Gilded Age<link-text> abordé au Met Gala cette année. 

En clair, nous sommes à la seconde moitié du XIXe, la Révolution Industrielle bouleverse le Monde depuis la fin du XVIIIe et tandis que l’agriculture régissait l’ensemble des modèles sociaux de l’époque, un système technique moderne se met en place. Nouvelles technologies, nouvelles formes d’énergie, nouveaux secteurs d’activité ; c’est la structure économique et sociale des Hommes qui évolue, et qui nous pousse subtilement, de plus en plus, dans un amour shakespearien entre production et consommation.

L’Époque Victorienne, c’est donc cette même mouvance, les constats plus ou moins semblables des fameuses "périodes de prospérité" : l’Empire Britannique règne sur le Monde, pourtant, les conditions de travail sont médiocres, le niveau de vie n’augmente pas et les produits de consommation perdent en qualité.

C’est le fondement même de la critique sociale, du romantisme social - on n’en parlait brièvement <link-text>ici<link-text>.

Et c’est dans cet esprit que le Arts and Crafts est né.

Une figure trône au-dessus de tous, celle de William Morris, tête de course de ce mouvement réfractaire. Peut-être incarne-t-il aujourd’hui l’un des visages des prémices du design puisqu’il était certainement l’un de ces acteurs qui influait la discipline avant même qu'on la conscientise.

Designer avant l’heure donc, il était écrivain, poète, imprimeur, peintre, architecte et j’en passe. Surtout, c’était un penseur, partagé entre un milieu bourgeois et une approche socialiste.

C’est face au constat d'une société priorisant certains bénéfices capitalistes au profit de toute notion d’esthétique ou de qualité ; largement inspiré par les théories de John Ruskin, écrivain et poète qui prônait, entre autres, un retour à une alliance des arts et de la nature - nous y reviendrons - que les deux artistes décident de se révolter contre l’industrialisation, la déshumanisation de l’ouvrier et la mort du travail artisanal.


C’était la neuvième édition du Prix LVMH pour les jeunes créateurs de Mode et un profil est sorti du lot, pour cause, il est lauréat. Steven Stokey-Daley remporte le prix LVMH 2022 avec une marque assurément anglaise puisqu’elle joue sur ses connotations. Plus largement, elle fait référence à un mouvement artistique lui-même anglais et initiateur de tant de ces choses qui nous paraissent actuelles tandis qu’elles influent sans doute depuis plus d’un siècle. On parle d'un mouvement qui n'aurait peut-être pas rimé avec mode à l'origine, une approche de design avant même que la discipline ne soit conscientisée : le Arts and Crafts ou comment la marque S.S.DALEY s'en imprègne.

‘’A star is Born", c’étaient les derniers mots des Beaux-Arts magazine de septembre pour parler du lauréat du prix LVMH de cette année. Vous l’avez peut-être déjà vu, peut-être - du moins - avez vu ses tenues puisque la quasi-totalité de sa première collection figure dans le clip "Golden" d’Harry Styles.

C’est beau, tantôt même intelligent, c’est anglais, subtilement décalé mais c’est surtout inspiré et donc inspirant.

Parce qu'au détour d’une forme d’authenticité - si ce n’est spontanéité - Steven Stokey-Daley prône l’imagerie anglaise dans l’esprit de l'Époque Victorienne et dans le large héritage d’un certain mouvement, lui-même anglais, le Arts and Crafts.

Aujourd’hui dans Audacieux, l’association entre <link-text>Mode<link-text> et <link-text>Inspiration<link-text>, c’est l’art, l’artisanat et le <link-text>genderfluide<link-text>, c’est signé S.S.Daley, prix LVMH 2022.

ARTS AND CRAFTS

Certains l’associent à l’Art Nouveau en France et en Belgique mais c’est bien plus large que cela.

Le Arts and Crafts et peut-être davantage une philosophie, une approche plus globale que simplement artistique ; sociale, sociétale, presque sociologique et initiée à la fin du XIXe en Angleterre.

Si vous suivez la série <link-text>Inspiration<link-text>, vous l’aurez compris, les prémices du design sont étroitement ancrées à certaines révolutions. Le design moderne puise, pour sûr, de la Guerre mais certaines dynamiques qui l’influaient voyaient déjà le jour un peu plus tôt.

Le mouvement prend pied sur ce même schéma type de la Belle Époque ou du <link-text>Gilded Age<link-text> abordé au Met Gala cette année. 

En clair, nous sommes à la seconde moitié du XIXe, la Révolution Industrielle bouleverse le Monde depuis la fin du XVIIIe et tandis que l’agriculture régissait l’ensemble des modèles sociaux de l’époque, un système technique moderne se met en place. Nouvelles technologies, nouvelles formes d’énergie, nouveaux secteurs d’activité ; c’est la structure économique et sociale des Hommes qui évolue, et qui nous pousse subtilement, de plus en plus, dans un amour shakespearien entre production et consommation.

L’Époque Victorienne, c’est donc cette même mouvance, les constats plus ou moins semblables des fameuses "périodes de prospérité" : l’Empire Britannique règne sur le Monde, pourtant, les conditions de travail sont médiocres, le niveau de vie n’augmente pas et les produits de consommation perdent en qualité.

C’est le fondement même de la critique sociale, du romantisme social - on n’en parlait brièvement <link-text>ici<link-text>.

Et c’est dans cet esprit que le Arts and Crafts est né.

Une figure trône au-dessus de tous, celle de William Morris, tête de course de ce mouvement réfractaire. Peut-être incarne-t-il aujourd’hui l’un des visages des prémices du design puisqu’il était certainement l’un de ces acteurs qui influait la discipline avant même qu'on la conscientise.

Designer avant l’heure donc, il était écrivain, poète, imprimeur, peintre, architecte et j’en passe. Surtout, c’était un penseur, partagé entre un milieu bourgeois et une approche socialiste.

C’est face au constat d'une société priorisant certains bénéfices capitalistes au profit de toute notion d’esthétique ou de qualité ; largement inspiré par les théories de John Ruskin, écrivain et poète qui prônait, entre autres, un retour à une alliance des arts et de la nature - nous y reviendrons - que les deux artistes décident de se révolter contre l’industrialisation, la déshumanisation de l’ouvrier et la mort du travail artisanal.


C’est le fondement même du mouvement : rapprocher la production de l’artisanat.

"N'aie rien chez toi que tu ne saches utile ou que tu croies beau"

C’était d’abord réhabiliter le travail fait main, réapprendre et surtout sauvegarder les techniques traditionnelles. Morris et Ruskin esquissaient les premières critiques des conditions de travail des classes ouvrières. Mais c’était plus large encore.

Pour William Morris, il n’y a que le travail fait main qui garantit la qualité du produit et - entre autres - parce que l’homme ne peut être qu’heureux dans l’exercice de ses fonctions pour garantir des rendus de qualité.

Vous saisissez la nuance, dans les faits, les conditions de travail des employés et la qualité des produits sont liées. Une approche qui résonne encore tant aujourd’hui.

Et c’est ainsi qu’il dresse les enjeux de son mouvement. Parce que pour s’épanouir, l’homme doit aussi participer à chacune des étapes de production de l’objet. C’est cet affect entre l’homme et sa création qui rendra alors ‘l’ouvrier plus heureux mais aussi l’objet plus beau, par le supplément d’âme qui s’en dégagera’. On est alors loin du positionnement sociétal de l’époque.

Mais ce qu’il y a toujours d’aussi fascinant, ce sont ces mêmes similitudes entre des dynamiques datant de plus d’un siècle et certaines aspirations contemporaines.

C’est ce rapport subtil entre un mouvement novateur de la fin du XIXe siècle et les aspirations sociales d’aujourd’hui. Ce sont les <link-text>heures silencieuses,<link-text> dans un premier temps abordées comme mesure sociale pour aider les porteurs de <link-text>TSA<link-text> mais qui s’étendent finalement à l’ensemble du grand public, sensible à cette 'pause' dans une vie trop souvent rythmée par le brouhaha - nous en parlions la semaine dernière

Largement, en fait, ce sont ces grands enjeux contemporains qui tendent à déconstruire certains modèles pour tantôt garantir notre santé mentale, améliorer les conditions de travail, déprogrammer l’obsolescence, prôner les circuits courts, la qualité ; simplement même, sauver notre planète.

En effet, le mouvement était tel à l’époque qu’il engendrait diverses formes d’exils de groupes d’artistes et d'artisans partis vivre traditionnellement à la campagne. Ils réapprenaient les techniques artisanales et en adéquation avec la nature, comme certaines initiatives citoyennes et.ou individuelles qui se multiplient aujourd’hui.

S.S.DALEY

Je ne crois pas que Morris imaginait son approche dans la mode ; bien que peut-être.
Steven Stokey Daley s’en imprègne, lui. D’abord esthétiquement, certes. C’est épuré, aux allures nordiques et avec des symboles de la nature. Mais ça colle aussi plutôt bien aux valeurs du mouvement. Les pièces sont fabriquées avec des matières issues de fins de stock d’artisans locaux et toujours sur commande.

Ce sont ces approches, comme celle de <link-text>l’upcycling<link-text> de la marque - ou créer du neuf avec du vieux - qui nous paraissent aujourd’hui simplement normales. Bien que certains n’aient toujours pas saisi les enjeux, comment, tous de fois, imaginer la création sans appréhender les enjeux environnementaux, sociaux, les conditions de travail et j’en passe.. ?

Néanmoins, ces similarités, qui font sens aujourd’hui, portent parfois à confusion. Parce que pour n’apercevoir que si peu de changements entre hier et aujourd'hui, étaient-ils drôlement en avance, ou sommes-nous désormais beaucoup trop en retard ?


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